On était probablement à 6 milles en mer et puis, tout à coup,
on tournait en rond autour du Calpe,
le Calpe était le bateau du général Roberts,
le commandant de l'expédition.
Le colonel a monté à bord, on l'a vu monter à bord,
et puis quand il a descendu, il avait un mégaphone dans les mains,
et puis il nous criait en passant proche des embarcations :
« On débarque à 7 heures ! »
Il y avait un avion, un Boston, qui faisait un écran de fumée,
puis il y avait une vedette rapide qui faisait la même chose.
Et puis là on a foncé vers les plages.
On devait débarquer sur la plage Rouge.
La plage Rouge, c'est celle qui était le plus proche de l'entrée du port.
On fonçait sur la plage puis le vent a tourné,
et puis notre écran de fumée, elle s'est en venue vers nous,
plutôt que s'en aller vers la plage.
Mais aussitôt qu'on sortait de l'écran de fumée,
vous auriez dû voir le tapage qu'il y avait là !
On s'entendait plus, on était sourd.
Pour se parler, il fallait crier dans les oreilles l'un de l'autre.
Puis nous on a,
les Fusiliers Mont-Royal, il y a deux ou trois embarcations
qui sont arrivées à la plage Rouge,
mais la balance des 22 autres, on était éparpillé à partir de la Blanche là,
du casino, aller jusqu'à la moitié chemin.
On devait être à peu près à 400 mètres au moins
de notre point où on aurait dû débarquer.
On était en-dessous d'une falaise de cent mètres de haut.
Les Allemands prenaient leurs grenades là,
"potato mashers" là, puis ils lançaient ça comme ça.
J'étais le dernier à débarquer avec mon maudit bicycle.
J'ai lancé le bicycle à l'eau et puis je me suis penché la tête
dans l'eau pour voir où est-ce qu'il était.
Ça fait que quand j'ai vu les balles rentrer dans l'eau,
j'ai dit en moi-même :
« Never mind le bicycle, j'en trouverai ben un à Dieppe. »
Ça fait que j'ai sorti de l'eau de peine et de misère,
parce que j'avais de l'eau quand même pas mal creux.
Et puis quand je suis arrivé sur la plage, je me suis jeté tout de suite
pour voir où était tout le monde.
Ça fait que je suis resté là un bout de temps,
puis j'ai vu un de mes camarades, un dénommé Golden.
Ça fait que j'me suis rapproché de lui.
Et puis j'ai dit, j'y ai crié : « À la prochaine accalmie,
on s'en va à la falaise, rejoindre les autres. »
Parce que tous les autres étaient rendus à la falaise.
Lui a reçu une balle et puis moi ça pétillait d'un bord et de l'autre,
puis c'est dans le caillou.
Mais en avançant vers la plage, c'est-à-dire,
il y avait une embarcation sur notre gauche.
Il y a une bombe de mortier, pas loin avant d'arriver à la plage,
qui a tombé dedans,
puis il y a des morceaux de corps qui sont venus tomber.
Ça fait que ça vous donne la chair de poule ça.
Mais il y avait quelques survivants qui nageaient,
puis je voyais prendre des plonges comme ça,
parce que les Allemands essayaient de tous les massacrer.
Mais mon Golden, j'étais rendu à peu près 12, 15 pieds de lui là,
et puis là il y a une bombe de mortier qui a tombé à sa droite,
et puis moi j'ai été protégé par son corps.
Parce que dans les cailloux comme ça là, ya pas rien que du shrapnel,
les cailloux font autant de ravage que le fer.
Et puis vers 1 heure de l'après-midi,
il y a quelqu'un qui a dit de cesser le feu.
Éventuellement, c'est par là que j'ai vu mon premier Allemand.
Il a descendu, un sous-officier, puis à chaque corps qu'il voyait,
avec son pied, il les tournait.
Pour voir s'il était...
Moi je faisais le mort.
J'avais une égratignure ici, puis j'en avais une là, puis j'en avais une ici.
Ça fait que l'Allemand quand il est arrivé à moi,
il a tourné mon camarade et puis quand il est arrivé à moi,
j'avais le bras comme ça,
ça fait que je suis chatouilleux moi comme y'en a pas deux,
fait que j'ai eu un soubresaut quoi, et puis il m'a dit :
« Komm, komm mein Lieber. »