
Table des matières
Enrôlement
1940
Déploiements
- Seconde Guerre mondiale
- Guerre de Corée
Léo Major
Un soldat québécois a libéré à lui seul une ville néerlandaise.
Un héros dans un pays étranger
Dans la ville néerlandaise de Zwolle, un drapeau canadien flotte dans la brise au-dessus de la statue d’un tireur d’élite canadien qui a libéré la ville de ses occupants allemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le buste en bronze de Léo Major, en uniforme militaire, fusil à la main, se dresse sur un piédestal en pierre, regardant vers la ville qu’il a libérée à lui seul sous un croissant de lune une nuit de printemps il y a huit décennies.
Tout le monde dans cette ville, à un océan de chez lui, connaît son nom.

Bannière de Léo Major lors d’un match de football à Zwolle.
« Léo Major a été le premier soldat canadien que j’ai vu (à l’âge de 14 ans), le 14 avril 1945, et c’est lui qui nous a rendu la liberté après cinq années de dictature nazie », a écrit un habitant de Zwolle dans un livre de condoléances en ligne après le décès de Léo Major en octobre 2008.
« Je ne savais bien sûr rien de lui à l’époque, mais son apparition a marqué le début d’une nouvelle vie pour nous tous. »
« J’avais 12 ans, et il est immédiatement devenu mon héros », a écrit un autre Néerlandais.
Léo Major est né en 1921 à New Bedford, au Massachusetts, de parents canadiens-français. La famille est déménagée à Montréal peu de temps après. Il a d’abord suivi une formation de plombier avant de s’enrôler dans l’armée en 1940 à l’âge de 19 ans. Après un entraînement au Nouveau-Brunswick et en Angleterre, il a participé aux débarquements en France le jour J, le 6 juin 1944.
Le premier jour de la bataille, il a aidé à capturer un véhicule blindé allemand. Quelques jours plus tard, il a rencontré pour la première fois une patrouille SS en Normandie. Ses collègues et lui ont réussi à abattre tous les soldats, mais l’un d’eux est parvenu à lancer une grenade au phosphore, le blessant à l’œil gauche.
Léo Major avait 87 ans lorsqu’il est décédé à Longueuil, au Québec, dans un lit d’hôpital entouré de sa famille, dont plusieurs membres apprenaient encore des parties du passé militaire de l’humble héros.
Son histoire de bravoure est digne d’un film.
Certains l’appellent « le Rambo du Québec ».
« Le Rambo du Québec » – un surnom bien mérité
Le soir du 14 avril 1945, Léo Major se remettait encore d’une grave blessure au dos après avoir capturé 93 soldats allemands et survécu à l’explosion d’une mine terrestre pendant la bataille de l’Escaut. À cette époque, il s’était également habitué à porter un cache-œil sur son œil gauche blessé. Cette nuit-là, lui et son ami le caporal Wilfred (Welly) Arsenault se sont dirigés vers Zwolle pour une mission de reconnaissance en vue de l’attaque prévue par les Alliés le lendemain matin.
Les deux tireurs d’élite du Régiment de la Chaudière avaient pour mission d’évaluer la taille de la garnison allemande et de transmettre des informations aux résistants néerlandais.

Welly Arsenault (à gauche) et Léo Major (à droite) vers 1944.
Lorsque Welly Arsenault a été tué par des tirs de mitrailleuse à l’extérieur de la ville, Léo Major, furieux et téméraire, a passé le reste de la nuit à venger sa mort. Il a pris les armes et les munitions de son ami et s’est précipité à Zwolle, seul.
Il a couru à travers la ville en tirant avec sa mitrailleuse et en lançant des grenades. Avec l’aide de quelques résistants clandestins qu’il a rencontrés, il a fait des dizaines de prisonniers et a incendié le siège de la Gestapo.
Lorsque les Alliés sont arrivés à l’aube, les Allemands étaient partis et les 50 000 citoyens de Zwolle, retenus en otage pendant près de cinq ans d’occupation nazie, étaient libres.
Alors que « l’heureux printemps » commençait, les jonquilles et les tulipes fleurissaient le long des rives des rivières et des canaux et les soldats canadiens étaient célébrés dans les rues.
Un héros modeste
En 2005, trois ans avant sa mort, Léo Major a été nommé citoyen d’honneur de Zwolle. L’histoire de la libération de la ville est enseignée dans les écoles et des rues portent son nom aux Pays-Bas et également chez nous au Québec. En 2020, à l’occasion du 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas, le club de football local a inscrit son nom sur ses maillots de match.

Léo Major et son épouse, Pauline, photographiés lors de leur dernière visite à Zwolle en 2005, lorsque Léo Major a été nommé citoyen d’honneur de la ville.
Mention de source : Hans Smit – Zwolle in Beeld
Les enfants de Léo Major ne savaient rien de l’histoire de leur père jusqu’à ce qu’un fonctionnaire néerlandais débarque chez eux 30 ans après la fin de la guerre. Son fils avait neuf ans lorsque son père lui a finalement raconté ce qui s’était passé cette nuit-là à Zwolle.
Il a expliqué à son fils comment de hauts responsables militaires ont essayé de le renvoyer chez lui lorsqu’il a été blessé à l’œil, mais qu’il a refusé.
Le fils de Léo Major se rappelle que son père lui a dit : « J’étais un tireur d’élite. J’avais juste besoin d’un œil. »
Léo Major a reçu la Médaille de conduite distinguée (DCM) pour la libération. Il a reçu cette prestigieuse récompense une deuxième fois pour sa bravoure six ans plus tard, en 1951, lorsqu’il a dirigé la capture d’une colline clé pendant la guerre de Corée.
Il est le seul Canadien à avoir reçu cet honneur lors de deux guerres.
À son décès, le 12 octobre 2008, à Montréal, de nombreux dignitaires néerlandais ont assisté à ses funérailles, dont le maire de Zwolle. Zwolle a donné son nom à une rue, l’a fait citoyen d’honneur et organise une cérémonie annuelle pour commémorer son héroïsme.
Le parc Léo Major au Québec est nommé en son honneur. Léo Major est inhumé au Champ d’honneur national du Fonds du Souvenir à Pointe-Claire.
les interviews sont tirées du documentaire "Léo major : Le fantôme borgne" © Les Films Sighter / www.sighter.com
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