Le Canada se souvient - Le jour J et la bataille de Normandie
Les Canadiens ont pris part à de nombreuses luttes acharnées pour aider les Alliés à remporter la victoire lors de la Seconde Guerre mondiale. Le jour J et la bataille de Normandie constituent l’un des chapitres les plus connus de l’ensemble du conflit et nos militaires ont joué un rôle important dans cette campagne cruciale.
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Au printemps 1940, pendant les premiers mois de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne envahit une grande partie de l’Europe occidentale. Étroite étendue de mer, la Manche était tout ce qui séparait les forces ennemies de la Grande-Bretagne, mais la nation insulaire tint bon. Les pays conquis sur le continent souffriraient énormément d’une dure occupation dans les années qui suivirent. Un raid allié sur la côte française à Dieppe en août 1942 entraîna de lourdes pertes, surtout pour les troupes canadiennes, mais les Alliés renversèrent lentement la situation contre cette puissante machine de guerre ennemie en Afrique du Nord, en Italie, sur le front de l’Est, dans le ciel d’Europe et sur l’océan Atlantique. Pour remporter la guerre, l’Allemagne devrait cependant être vaincue sur le terrain en Europe occidentale; c’est en 1944 que les Alliés reviendraient enfin contre-attaquer avec force.
Les forces de débarquement alliées ciblèrent les plages de Normandie en France. La planification et la préparation de cette immense entreprise, baptisée opération Overlord, commencèrent plus d’un an auparavant. Les forces terrestres, navales et aériennes s’entraînèrent intensivement tandis que les troupes, les navires, les chars, les fournitures et autres équipements nécessaires furent amassés graduellement. De fausses informations furent délibérément divulguées aux Allemands pour les confondre quant aux emplacements des débarquements et d’immenses installations d’amarrage portables, appelées « ports Mulberry », furent construites afin que les navires de transport alliés puissent décharger leurs cargaisons en France. De longues conduites flexibles, surnommées PLUTO (« Pipe lines under the ocean ») furent conçues pour transporter du carburant sous la Manche. Les Alliés étaient prêts, mais ils durent attendre que le temps, les marées et la phase de la lune soient favorables pour pouvoir attaquer.
La « Forteresse Europe »
Réussir à établir une tête de plage en France occupée représentait un énorme défi pour les forces alliées. Les Allemands avaient transformé les côtes de l’Europe, de la frontière espagnole à la Scandinavie, en une impressionnante série de positions défensives. Surnommée « Forteresse Europe » par Adolf Hitler, ses rives étaient jonchées de mines terrestres, de barbelés, de bunkers en béton, de batteries d’artillerie, de nids de mitrailleuses, de murs antichars et de milliers de soldats ennemis vigilants.
Une défaite alliée sur les plages de Normandie aurait pu être désastreuse, car il n’existait aucun moyen d’évacuer les troupes en grand nombre, de sorte que des pertes énormes auraient été inévitables. Mais si les débarquements devaient réussir, nos forces pénétreraient enfin en Europe de l’Ouest pour ainsi lancer la campagne de libération, après des années de dure occupation allemande.
Sur terre, en mer et dans les airs
Les avions de guerre alliés ouvrirent la voie pour les débarquements en Normandie. Ils entreprirent d’innombrables missions, attaquant les défenses côtières et les lignes de transport en Europe occupée dans les mois qui précédèrent l’opération Overlord. Malgré des conditions météorologiques douteuses, le haut commandement allié prit la décision d’attaquer le 6 juin 1944, date connue dans l’histoire sous le nom de « jour J ». Une force alliée massive allait traverser la Manche en direction d’une étendue de 80 kilomètres sur la côte normande. Cinq zones de débarquement furent assignées aux forces de différentes nations : la plage Juno au Canada; la plage Gold au Royaume-Uni; la plage Sword au Royaume‑Uni et à la France; et les plages Utah et Omaha aux États-Unis.
Quelque 7 000 navires de guerre de toutes catégories, dont 284 gros navires de combat, prirent part à l’opération Neptune (nom de code de la phase d’assaut en mer de l’offensive du jour J). Des destroyers et des embarcations de soutien de la Marine royale du Canada bombardèrent les positions allemandes terrestres et déminèrent les fonds marins à l’approche des plages françaises. De nombreux avions de l’Aviation royale du Canada firent partie des quelque 4 000 bombardiers alliés et 3 700 chasseurs‑bombardiers/avions de chasse qui, ce jour-là, frappèrent sans relâche les défenses côtières, les cibles intérieures et les escadrons ennemis.
Plus de 450 membres du 1er Bataillon canadien furent parachutés à l’intérieur des terres avant l’aube du 6 juin; ceux-ci furent les premiers de nos soldats à combattre l’ennemi le jour J. Quelques heures plus tard, environ 14 000 soldats canadiens de la 3e Division d’infanterie canadienne et de la 2e Brigade blindée canadienne, composées d’unités militaires d’un océan à l’autre, commencèrent à débarquer sur la plage Juno. Leur mission : braver le feu ennemi pour prendre position sur un littoral de huit kilomètres longeant les villages de Saint-Aubin-sur-Mer, Bernières-sur-Mer, Courseulles-sur-Mer et Graye-sur-Mer. Nos soldats se dirigèrent alors vers l’intérieur des terres en direction de la ville de Caen, un important centre de communication et de transport.
Une victoire durement gagnée
Beaucoup de soldats canadiens étaient jeunes et sans expérience au combat, mais notre infanterie et nos troupes blindées allaient affronter certaines des meilleures forces allemandes en Normandie. Les Canadiens réussirent à capturer leurs positions riveraines à la plage Juno; ils furent ceux qui, parmi les quelque 155 000 soldats alliés débarqués le 6 juin 1944, pénétrèrent le plus loin dans les terres. Cependant, le jour J ne fut que le début de la lutte pour la libération de la France, et les affrontements qui suivirent furent sanglants pour nos soldats. Ils se retrouvèrent de nombreuses fois aux prises avec l’élite de la 12e Division Panzer SS, dirigée par des troupes fanatiques sous le commandement d’officiers allemands impitoyables et expérimentés. Le premier mois fut un exercice d’endurance pour les Canadiens alors que les combats s’intensifièrent et que Caen demeurait insaisissable.
Les Canadiens allaient courber l’échine sans toutefois se laisser vaincre. Néanmoins, le souvenir des âpres combats qu’ils connurent dans des villages comme Authie, Buron et Carpiquet viendrait hanter nos vétérans pendant des années à venir. Notre marine et nos forces aériennes continuèrent d’appuyer la campagne en gardant les navires ennemis à l’écart des voies maritimes et en se débarrassant des avions de guerre allemands volant au-dessus de la Normandie et ce, tout en continuant de frapper d’innombrables cibles terrestres. Caen tomba finalement aux mains des troupes britanniques et canadiennes les 9 et 10 juillet, mais les combats se poursuivirent sous la poussière étouffante et la chaleur intense de l’été dans la campagne au sud de la ville. Les troupes canadiennes firent des avancées malgré les luttes désespérées à des endroits comme la crête de Verrières, laquelle nos soldats n’aidèrent à capturer qu’après de multiples tentatives sanglantes qui coûtèrent la vie à plusieurs centaines d’entre eux et qui en blessa encore plus.
Avec la percée américaine contre les troupes allemandes faiblissantes dans l’Ouest de la Normandie au début du mois d’août, les rigides défenses ennemies en France commencèrent finalement à s’effondrer. Au fur et à mesure que les forces allemandes commencèrent à retraiter vers l’est des lignes des Alliés à la mi‑août, les troupes canadiennes furent appelées afin d’aider à fermer ce que l’on appelait la « brèche de Falaise » pour piéger les unités ennemies qui battaient en retraite. Il fallut des efforts répétés sur un champ de bataille chaotique, mais la brèche fut finalement fermée en entier le 21 août, ce qui entraîna la capture de dizaines de milliers de soldats allemands. Le 25 août 1944, Paris fut libérée par les Alliés, mettant officiellement fin à la campagne de Normandie.
Sacrifices
La victoire dans la bataille de Normandie fut coûteuse. Les Canadiens subirent le plus grand nombre de pertes de toutes les divisions du Groupe d’armées britannique au cours de la campagne. Quelque 359 soldats canadiens furent tués pendant les combats du jour J seulement et plus de 5 000 de nos hommes moururent au cours des deux mois et demi de combats en Normandie. La plupart de ces héros tombés au champ d’honneur reposent en France dans les magnifiques cimetières de guerre canadiens de Beny-sur-Mer et de Bretteville-sur-Laize. Plus de 13 000 autres de nos hommes furent blessés en Normandie, la plupart atteints de blessures physiques et psychologiques avec lesquelles ils devraient vivre pour le restant de leur vie.
Héritage
La Normandie fut le début de onze mois de luttes acharnées dans le Nord-Ouest de l’Europe. Les Canadiens jouèrent également un rôle important dans les durs combats qui se déroulèrent dans des endroits comme l’Escaut, la Rhénanie et les Pays-Bas au cours d’offensives alliées qui allaient finalement aider à vaincre les Allemands et qui allaient conduire à la déclaration du jour de la Victoire en Europe (V-E) le 8 mai 1945.
Les impressionnants efforts déployés par le Canada au cours de la Seconde Guerre mondiale demeurent une source de grande fierté nationale, même plusieurs décennies plus tard. Les braves Canadiens qui ont débarqué le jour J et qui ont participé à la bataille de Normandie faisaient partie du million d’hommes et de femmes de notre pays qui ont servi la cause de la paix et de la liberté pendant le conflit. Malheureusement, plus de 45 000 d’entre eux y ont perdu la vie.
Le Canada se souvient
Le programme Le Canada se souvient d’Anciens Combattants Canada incite tous les Canadiens et les Canadiennes à se renseigner sur les sacrifices et les réalisations de tous ceux et celles qui ont servi et qui continuent de servir leur pays en temps de guerre et en temps de paix. Il invite aussi les citoyens à prendre part aux activités commémoratives qui aident à préserver l’héritage qu’ils nous ont légué et à le transmettre aux générations à venir.
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