Teddy dans les tranchées
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Même les soldats endurcis peuvent se sentir seuls en temps de guerre. Aileen, une fillette québécoise de 10 ans, semblait comprendre cela lorsque son père, Lawrence Rogers, est parti servir loin de chez lui à la bataille de Passchendaele pendant la Première Guerre mondiale. Elle lui a donné «Teddy», son ours en peluche préféré, dans l’espoir que son cadeau tiendrait compagnie à son papa et lui porterait chance. Le lieutenant Rogers a gardé Teddy avec lui pendant plus de deux ans, car c’était le lien le plus cher qu’il avait avec sa famille là-bas au Québec. En 1916, M. Rogers écrivait dans une lettre à sa femme ce qui suit :
« Dis à Aileen que j'ai toujours son ours en peluche et que je vais essayer de le conserver pour elle. Il est sale et ses pattes arrière sont quelque peu détachées, mais il est toujours avec moi. »
Le fils de Lawrence Rogers, Howard, s’ennuyait également de son père. Il lui a écrit une lettre le 8 septembre 1917, mais son père ne l’a jamais reçue. M. Rogers est mort avant de lire la dernière lettre de son jeune fils :
« Cher Papa, nous sommes en vacances depuis le 3 et j’ai joué tout le temps et je pars demain matin. Je suis allé au cinéma deux fois. Un petit garçon vendait des billets de porte en porte à 5 ¢ le billet, mais nous n’en avons pas acheté. Je fais de mon mieux à l’école pour arriver en tête de classe. Je suis devenu membre du YMCA et je suis allé au gymnase deux fois. Je ne suis pas encore allé dans la piscine. Je dois arrêter d’écrire parce que je suis en train de brûler l’ampoule électrique. »
Malheureusement, le père d’Aileen et de Howard est décédé au cours de la bataille de Passchendaele, sur un terrain transformé en bourbier, en Belgique, avec son petit ours en peluche affectueusement mis à l’abri au fond de sa poche. Teddy et la lettre non lue ont été retournés au Canada. Cette année, nous soulignons le 100e anniversaire de cette bataille menée dans la boue. Tous les Canadiens qui ont pris part à la bataille sont maintenant morts, mais l’ourson d’Aileen et la lettre de Howard existent toujours. L’ourson est exposé au Musée canadien de la guerre, et la lettre se trouve juste à côté. Les deux sont de puissants liens à la Première Guerre mondiale. Ils symbolisent les nombreuses familles comme celle d’Aileen et de Howard qui ont été séparées de leurs êtres chers en temps de guerre. Il est bon de savoir que des souvenirs chéris comme l’ourson Teddy ont pu apporter réconfort aux braves Canadiens qui servaient leur pays si loin de chez eux ainsi qu’un souvenir de leur famille.
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