Marc Caron
Lors de l’été 1974, des touristes passent leurs vacances sur l’île méditerranéenne de Chypre, tandis qu’une mission de maintien de la paix de l’ONU en assure la stabilité. L’île n’avait pas connu la paix pendant un certain temps, mais le calme relatif offrait une lueur d’espoir.
S'est enrôlé
1971
Affectations
- Chef des opérations, Commandement de la Force terrestre : 1990-1993
- Commandant adjoint et commandant par intérim, Armée canadienne : 2003-2004
- Commandant, Armée canadienne : 2005-2006
Expérience opérationnelle
- Chypre – 1974
- Crise d’Oka (Canada) – 1990
- Kosovo - 1998
Pour le Régiment aéroporté canadien qui effectuait une mission de maintien de la paix pour la première fois, les horizons étaient encourageants. « Le théâtre opérationnel était tranquille », se rappelle le commandant de peloton de l’époque, Marc Caron. Mais tout a changé le 15 juillet.
Le lieutenant-général (à la retraite) Marc Caron a grandi avec une connaissance profonde des Forces armées canadiennes et du service de leurs membres – son père a servi pendant la Seconde Guerre mondiale, en Corée et à Chypre, et il était un membre fier du Royal 22e Régiment. Lorsqu'il s'est engagé, il était donc bien conscient des défis et des responsabilités qui l'attendaient. Cette voie l'a mené à une carrière de 35 ans, marquée par des missions importantes et des postes de haute responsabilité. En 1974, Caron fut déployé à un déploiement à Chypre.
L’île de Chypre est depuis longtemps un carrefour stratégique de la Méditerranée. L’histoire de l’île a conduit à une division démographique entre les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs, un conflit a suivi. En 1964, les Nations Unies sont intervenues avec une mission de maintien de la paix, créant une zone tampon qui séparerait les deux factions. Connue sous le nom de « ligne verte, » cette division continue de s’étendre à travers l’île de Chypre, offrant un sentiment d’ordre.
« Si on n’avait pas eu de succès là, on aurait perdu peut-être 400 touristes. »
Avant l'arrivée de Caron, la Force des Nations Unies à Chypre avait réduit sa présence sur l’île, reflétant un sentiment d’optimisme à l’égard de la stabilité relative dans la région. « Lorsque nous sommes arrivés à Chypre », raconte M. Caron, le contingent canadien a, sur une période de temps, réduit ses effectifs de 1 100 à 700, puis à 450 là où nous étions. » Tout cela indiquait que les observateurs croyaient que la région était calme et que nous étions sur la voie de la réussite.
Les gardiens de la paix canadiens profitent d'un moment de détente en jouant au softball.
Pour M. Caron et son peloton, le calme initial était l’occasion d’établir leurs bases. Mais les conditions ont changé brusquement le 15 juillet, lorsqu’une tentative de coup d’État par des nationalistes grecs a précipité l’invasion turque cinq jours plus tard. Soudainement, M. Caron et son unité, dans leur rôle d’observateurs, se sont retrouvés au milieu d’un conflit. Durant cette période, les Canadiens devaient protéger les civils et s'efforcer de maintenir l'ordre le long de la Ligne verte.
Pendant l’invasion, le contingent a dû composer avec une situation critique au Ledra Palace, un hôtel populaire situé sur la ligne verte. À ce moment-là, 386 touristes séjournaient à l’hôtel, y compris des Canadiens et partenaires de certains militaires. Lorsque la Garde nationale chypriote grecque y a établi des positions de tir, menaçant la sécurité des civils et du complexe, le commandant de l’unité a pris la décision audacieuse d’évacuer les touristes et d’occuper l’hôtel, le transformant ainsi en zone protégée des Nations unies. « Si on n’avait pas eu de succès-là, » explique M. Caron, on aurait perdu peut-être 400 touristes. » L’intervention rapide et déterminée a évité une catastrophe potentielle et a sauvé de nombreuses vies.
L’aéroport international de Nicosie était également un point stratégique crucial pendant cette période de conflit.
Sa perte aurait pu compliquer une situation déjà précaire. Conscients de son importance pour les mouvements de troupes, les Canadiens ont pris l’initiative de sécuriser et d’occuper l’aéroport. Bien que la majorité de leurs forces soient engagées dans la ville, ils ont réussi à défendre la position. En employant des tactiques ingénieuses, ils ont créé l’illusion qu’une force plus nombreuse protégeait l’aéroport.
« Ce n’était pas nécessairement spectaculaire parce que ça a été des succès. »
La mission de 1974 à Chypre a laissé une empreinte indélébile pour M. Caron et ses camarades. Leur entraînement rigoureux ainsi que leur discipline ont démontré que même dans le cadre d’opérations de maintien de la paix, une préparation militaire intensive est indispensable. Les actions des Canadiens ont non seulement contribué à stabiliser la région, mais aussi à sauver des vies. Dans les modestes mots de M. Caron, « ce n’était pas nécessairement spectaculaire parce que ça a été des succès ». Mais en poursuivant sa réflexion, il ajoute que « le fait que nous avons réussi, ça a changé le cours de la guerre […] à mon avis, le cours de l’histoire de Chypre ».
Le commandant du peloton Marc Caron (à gauche, portant un béret) à Chypre avec le Régiment aéroporté du Canada à l'hôtel Ledra Palace en 1974.
Son expérience à Chypre est un témoignage poignant du courage, du dévouement et de la capacité des Forces armées canadiennes à réagir à des situations exceptionnelles avec humanité et professionnalisme. « Ces histoires ne sont plus connues », dit-il. Mais 60 ans plus tard, la contribution du Canada à Chypre est durable. En 2024, alors que nous marquons le 60e anniversaire des interventions du Canada au sein de la Force des Nations Unies à Chypre, nous nous souvenons de l’impact durable et significatif, préservant la paix et sauvant des vies dans les temps les plus précaires.
Vidéo : Marc Caron
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