Premier maître de 2e classe (à la retraite) Marty Boudreau
Les Jeux Invictus ont allumé un feu en moi. Je les considère comme mes adieux. Mon départ de l’armée ne s’est pas très bien passé, mais j’aurai la chance de me reprendre.
Enrôlement
1980
Affectations
- BFC Halifax,
- NCSM Huron,
- NCSM Gatineau,
- SNFC Yellowknife,
- BFC Esquimalt,
- BFC Petawawa,
- 1 RCR Petawawa,
- 2 Bon Svc,
- SAFT Halifax,
- BFC Halifax,
- NCSM Athabaskan,
- Centre de guerre interarmées Stavanger (Norvège),
- QG FMAR(A) Halifax
Déploiements
- OTAN 1986,
- NORTHERN WEDDING 1987,
- Inondations de Winnipeg 1997,
- Bosnie 1998,
- 1er groupe maritime permanent OTAN
Pendant des années après sa libération de l’armée canadienne, la santé mentale de Marty Boudreau l’a maintenu – au sens propre comme au figuré – coincé au sous-sol.
« Cela a été mon piège. J’allais vraiment mal », souligne le vétéran ayant passé 34 ans dans la Marine.
Il buvait, souffrait d’anxiété et de dépression et se sentait incapable de faire face aux choses du quotidien comme la foule dans les épiceries. Mais ces jours-ci, grâce à beaucoup de séances de thérapie, à la sobriété, à de l’exercice, à une conjointe qui le soutient et à des promenades sur la plage au lever du soleil avec son chien, il est de retour au rez-de-chaussée, où il peut voir la lumière du soleil.
« J’en suis sorti [du sous-sol] pour une raison. Et maintenant j’y retourne pour l’or. Tout ce que je gère maintenant passe par la forme physique, dit-il en souriant. Les Jeux Invictus ont allumé un feu en moi. »
Il retourne maintenant dans son sous-sol pour s’entraîner dans son gymnase à domicile et sur son rameur alors qu’il se prépare à faire partie d’Équipe Canada aux Jeux Invictus à Vancouver-Whistler en février 2025. Il commence maintenant chaque jour en promenant son vieux chien de berger anglais, Eddie, sur les plaines du détroit de Northumberland, à 300 mètres de la pittoresque maison de l’Île-du-Prince-Édouard qu’il a rénovée avec son épouse Kathy. Puis il descend au sous-sol.
« Je me libère l’esprit. Ensuite, je fais des poids et du rameur. Si j’ai de la frustration, si quelque chose me chicote, je réussis à m’en débarrasser. »
Aux Jeux Invictus, il représentera Équipe Canada en natation, en aviron en salle, en rugby en fauteuil roulant et en skeleton.
L’athlétisme n’est pas nouveau pour lui.
Lorsqu’il a commencé son parcours militaire au début des années 1980, il était un joueur de hockey junior de 20 ans qui emballait des provisions dans un centre commercial de Moncton, au Nouveau-Brunswick. Lorsqu’il s’est rendu compte que son rêve de jouer dans la LNH n’était pas envisageable, il a senti qu’il avait besoin d’un nouvel objectif.
Il a effectué une visite qui a changé sa vie dans un centre de recrutement militaire voisin. Quelques semaines plus tard, le 14 mai 1982, il a signé son serment d’allégeance à la reine Elizabeth II et s’est rendu à la BFC Cornwallis pour suivre son instruction de base.
« J’avais les yeux grands ouverts; il y avait tellement de choses à apprendre. »
Sa première affectation a eu lieu à la BFC Halifax où il a eu l’occasion de découvrir trois navires différents : les NCSM Margaree, Saguenay et Ottawa. Il a ensuite été affecté au NCSM Huron et au NCSM Gatineau. Il avait découvert la joie d’être en mer. Il se rappelle avoir quitté le port d’Halifax lors d’une grosse tempête de neige hivernale. « Nous partions vers les Caraïbes pour un transit de deux jours. Nous étions dans le Gulf Stream et, soudainement, nous pouvions enlever nos manteaux et oh, oui, il faisait bon. »
Au cours de ses trois décennies de carrière militaire, il a fait un peu de tout à bord des navires, des patrouilles de pêche au large des Grands Bancs de Terre-Neuve aux visites de ports au sud, jusqu’à Trinité-et-Tobago sur la côte est des Amériques. Il a participé aux déploiements de l’OTAN dans le nord de la Norvège et jusqu’au Cap-Vert, au large des côtes africaines. Il a navigué en Méditerranée et s’est arrêté dans de nombreux ports en cours de route.
En tant que responsable des finances (commis à la paie), il était souvent l’un des favoris parmi les marins : « le gars qui tient les cordons de la bourse ». Avant Internet et les virements électroniques, il effectuait des transactions en espèces, exclusivement. Il était particulièrement populaire lorsqu’ils accostaient dans des ports étrangers pour effectuer des échanges d’argent dans la monnaie de ce pays. C’était un travail exigeant : il devait maintenir la masse salariale de l’ensemble d’un équipage de navire sur de longues périodes en mer. « C’était beaucoup de travail sur papier à l’époque. »
« Il y a tellement de formation dans tout ça, tu n’es jamais à la maison. La nuit, mon esprit ne connaissait pas de repos. Je n’ai jamais vraiment eu la chance de m’arrêter et de respirer. » Après des déploiements éprouvants et de longues séparations d’avec Kathy et leurs deux enfants, son stress et son anxiété augmentaient. « Kathy a élevé nos deux enfants. Je n’étais jamais là. »
Il a ensuite été affecté à Halifax au commandement du Secteur de l’Atlantique de la Force terrestre. « C’était à un tout autre niveau, car ce n’était que des budgets, de longues heures, très intenses. Je rentrais à la maison très fatigué mentalement », explique-t-il. En 2004, il a été affecté à la BFC Shearwater. Il s’agissait de son premier poste en ressources humaines après avoir travaillé toute sa carrière dans les finances. L’objectif était de se préparer à de futurs déploiements à bord d’un navire en tant que commis en chef.
Cela s’est avéré être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.« Je travaillais tout le temps et je me concentrais énormément sur mon travail, a-t-il déclaré. Je me suis brûlé. » Un matin, alors qu’il se rendait au travail, le cœur battant dans la poitrine, il a décidé de ne pas se rendre à son bureau et de plutôt aller à la clinique médicale de la base.
« J’ai dit : Je ne vais pas travailler aujourd’hui. Je ne peux pas. Je ne suis pas là mentalement. Ma poitrine est toute serrée, mon esprit s’emballe. »
On lui a proposé une semaine de congé. Cela s’est transformé en quelques semaines supplémentaires lorsqu’il a finalement obtenu le soutien en matière de santé mentale dont il avait besoin. « Je pense que j’ai eu une dizaine de visites chez une travailleuse sociale. Cela n’a fait qu’effleurer la surface de ce qui se passait. En fin de compte, je savais que je devais endurer si je voulais continuer à servir, c’est donc ce que j’ai fait. »
« En rétrospective, j’étais juste stressé au maximum. Je ne savais pas comment m’en sortir, dit-il. Je ne savais pas comment me détendre. Et la seule façon que j’avais trouvée était de boire. » En 2005, il a été affecté au NCSM Athabaskan à titre de commis en chef. Ce fut un apprentissage difficile puisqu’il n’avait pas été dans la Marine depuis plus d’une décennie. De plus, il n’avait pas été sur cette classe de navire depuis près de 20 ans.
Entre le stress du travail et la consommation d’alcool pour y faire face, il ne restait plus grand-chose pour sa famille. Cela a créé un sentiment de culpabilité. Tout cela a conduit à sa libération en 2015, ce qui, dit-il, a été difficile. « J’ai eu l’impression qu’on me poussait à partir. Je ne suis pas parti selon mes conditions. Cela ne s’est pas très bien passé. »
En octobre 2021, il a reçu un appel du ministère des Anciens Combattants qui, selon lui, lui a sauvé la vie. « J’ai eu une crise de santé mentale au téléphone. J’avais bu la majeure partie de la journée et j’étais au sous-sol. » En deux semaines, on lui a trouvé un gestionnaire de cas, puis un travailleur social. Les choses se sont progressivement améliorées à partir de là.
En janvier 2022, il a pris une autre décision qui allait changer sa vie pour le mieux : arrêter de boire. « J’ai décidé de vivre. J’ai fait un choix à ce moment-là, dit-il. J’ai eu d’excellentes personnes qui m’ont soutenu tout au long de mon parcours. J’ai encore des hauts et des bas. C’est comme des montagnes russes. Mais… la houle n’est plus aussi forte maintenant. »
Le soutien et la camaraderie qu’il a trouvés grâce aux Jeux Invictus l’ont remis aux commandes de sa propre vie. « C’est un excellent groupe de personnes avec qui être, car nous avons tous nos histoires, mais nous souffrons tous à peu près de la même manière », explique-t-il. « On peut parler de tout. Si on a une petite larme, on pleure un peu, ce n’est pas grave parce que cela nous est tous déjà arrivé. Nous sommes tous passés par là. On peut être honnête. »
Il aura 63 ans au moment des Jeux. Il les voit comme son dernier tour de piste.
Avec courage, intégrité et loyauté, Marty Boudreau laisse sa marque. Il est l’un de nos vétérans des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.
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