Feu Freda M.P. Fisher
Mme Nancy Willison, du bureau de district de North Bay, nous a fait parvenir l'histoire de sa mère qui, peu avant sa mort, a rédigé ses souvenirs de son séjour outre-mer pendant la Seconde Guerre mondiale. Mme Willison nous fait partager l'histoire de sa mère.
« Pendant la Seconde Guerre mondiale, je m'étais engagée dans le CWAC, le Service féminin de l'Armée canadienne, et j'avais été affectée à Farnborough, en Angleterre. Nous étions logées par billet dans une vieille garnison de l'armée qui s'appelait Grant Square. Une vingtaine d'entre nous devions travailler au bureau de poste de campagne. Comme j'étais la seule à connaître le système de la monnaie anglaise, j'ai été affectée à la salle d'inscription. Nous vendions des timbres et des mandats postaux et nous offrions aussi un service de courrier recommandé. Notre principal objectif était d'acheminer le courrier jusqu'aux unités. Après quelques semaines passées à cet endroit, nous avons commencé à voir et à entendre circuler des tanks et des véhicules militaires 24 heures par jour, alors nous avons compris que le débarquement était pour bientôt. Un des tanks s'est embourbé aux alentours de notre caserne, ce qui a creusé un grand trou. On a demandé à certaines d'entre nous de se porter volontaires pour se rendre à Londres. Comme nous savions que les fuséesV2 pleuvaient sur la ville, la moitié d'entre nous a décliné l'offre. Plus tard, les autres ont été envoyées en France, à la Délivrande. Nous avons traversé La Manche à bord d'un engin de débarquement et nous vivions dans des tentes, au milieu d'un verger. La nuit tombée, il nous arrivait souvent de glisser dans des tranchées simples car nous travaillions de 23 h à 7 h. Nous ne sommes restées à cet endroit que pendant une courte période, puis nous nous sommes rendues à Anvers, en Belgique. On nous avait dit que nous vivrions à l'hôtel Queen's. Nous étions ravies jusqu'à ce que nous découvrions qu'il n'y avait aucun matelas sur les lits et que nous devions dormir par terre. Nous étions situées à proximité du fleuve Escaut et, la nuit, nous pouvions apercevoir les lueurs des coups de feu et des bombardements. Nous faisions partie du 2e échelon de la Section de recherche postale. Notre tâche était de diriger le courrier de façon à ce qu'il parvienne aux troupes. Les adresses provenaient le plus souvent d'ordres quotidiens. Nous étions loin de nous douter que, seulement quelques semaines plus tard, les Allemands allaient nous bombarder avec des fusées V2. L'édifice dans lequel nous travaillions n'était pas chauffé et nous devions enrouler des sacs postaux autour de nos jambes pour nous garder au chaud. Lorsque les bombardements se sont intensifiés, on nous a déplacées vers Loth, un petit village à l'extérieur de Bruxelles.
Nous vivions dans un bâtiment Quonset en bois et le bureau de poste se trouvait dans une scierie. La finition de nos locaux d'habitation n'était pas terminée, mais nous étions tout de même heureuses d'avoir été déplacées car nous avons appris que notre ancien édifice avait été bombardé le lendemain de notre départ. Nous devons nous considérer chanceux de vivre au CANADA et nous devons espérer ne jamais être témoins de scènes semblables à nouveau. Il faut oublier les moments difficiles et ne garder en mémoire que les souvenirs agréables et les bons amis que nous avons connus. Certains nous ont quittés pour un monde meilleur. Que Dieu ait leurs âmes. Nous ne les oublierons jamais... »
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