L'héritage
Transcription
Présentatrice : Lorsque la guerre de Corée éclate en 1950, peu de gens comprennent pourquoi. Seule une poignée de Canadiens connaissent réellement les raisons pour lesquelles le Canada y participe et, contrairement à d'autres guerres qui ont été abondamment étudiées dans les cours d'histoire et qui ont fait l'objet de films populaires, on a très peu parlé de cette guerre au fil des décennies.
Il reste qu'un grand nombre d'hommes ont perdu la vie pour assurer la liberté en Corée du Sud, et ceux qui ont pu rentrer au pays ont été changés à jamais.
Maintenant que nous connaissons leur histoire…
Ne les oublions pas.
André Dequoy : La guerre de Corée est appelée la guerre oubliée parce que ça a pris des années à reconnaître ceux qui ont été en Corée comme vétérans. C'était pas une guerre, c'était une ‘action policière’. Alors les 528, par exemple, Canadiens qui sont enterrés en Corée... pfffft. Ça a pris 50 ans. C'est voilà trois ans, finalement, que le gouvernement nous a reconnu comme vétérans pis a fait un petit monument à Ottawa. On est allé à la cérémonie officielle, mais avant ça, on n'était pas vétéran.
Kenneth Garbutt : Un pays qui oublie ses sacrifiés, ne vaudra bientôt plus la peine qu'on meurt pour lui. Si nous les oublions, les générations futures n'essaieront même pas de se souvenir. Ça n'en vaudra pas la peine.
Bryant Weber : Quand j'ai rentré dans la légion, là j'ai su que c'est probablement parce qu'on parle pas assez que le monde comprend pas, pis se souvient pas.
Jean-Émile Paillé : C'est en parlant que ça vient à la mémoire, mais y'a ben des affaires que je ne dois pas dire, ça va rester avec moi jusqu'à la fin de mes jours. Je le dirai jamais. Et puis je les oublie. J'y pense pas. Si j'ai de la misère à dormir le soir, j'veux pas penser à toutes ces affaires-là parce que ça s'enchaîne et puis c'est un engrenage... Je préfère avoir la paix.
Bryant Weber : Quand j'ai sorti de la marine là, j'ai garroché mes médailles, j'ai tout oublié ça. Pis à peu près 18 ans passés, c'est un gars à la légion de Gatineau qui m'a dit que je devrais parler de ça. Moi j'ai élevé 9 enfants, 8 enfants... ils savaient même pas que j'étais dans la guerre. T'sais... tu veux pas parler.
Gerald Edward Gowing : Même les plus aventuriers ne savent pas dans quoi ils s'embarquent. La guerre, c'est l'enfer.
Guy Édouard Gauthier : Y'a des gars qui disent « Ah ben c'était pas si pire que ça la Corée. » mais moi j'ai pas... J'ai trouvé ça pas mal... Ça m'a changé. T'sais veux dire ? De ben des manières. J'ai... les nerfs, dormir. J'ai eu beaucoup de misère à dormir après pis ma femme aussi avait trouvé que j'avais changé. Tu... tu viens plus mauvais, on dirait. Impatient.
Albert Hugh MacBride : Plus tard, on se met à réfléchir à tout ça et on ne peut plus dormir. Un jour ma femme a passé son bras autour de mon cou et j'ai pensé que c'était un rat et je lui ai saisi le bras... des choses comme ça. Les femmes qu'on a épousées en ont vu de toutes les couleurs. Je buvais vraiment beaucoup… J'essayais de noyer tout ça. Sans succès.
Yvan Paquin : Ça fait 54 ans et demi de ça là... ça va faire 55 ans cet automne et puis c'est comme si c'était hier, comme si vous étiez en avant de moi. Ça part pas.
Roland Boutot : On dit « Si loin pour venir mourir là ! » Pis des jeunes gars à part de ça, 20 ans, 19 ans, 18 ans, t'sais ? Ça fait quelque chose, ça nous prend aux larmes ça, veut, veut pas.
Yvan Paquin : 101 piastres par mois pour aller se faire tuer. C'était pas cher, hein ?
Noel Knockwood : On se rappelle d'eux pendant les célébrations du jour de l'Armistice... Je dis une petite prière pour mes copains qui ont tout donné, qui ont fait le sacrifice ultime, c'est-à-dire le sacrifice de leur vie. Ils ne sont plus avec nous aujourd'hui et c'est à eux que je pense durant les cérémonies.
Kenneth Garbutt : Et regardons les choses en face, ceux qui ont sacrifié leur vie ont légué quelque chose à nos enfants, un monument, et ce sont nos enfants qui constituent ce monument, en réalité.
Saviez-vous ...
Durant la guerre de Corée, des hélicoptères servent pour la première fois à grande échelle et leur utilisation devient vite essentielle dans les opérations de récupération et d’évacuation des soldats de l’ONU blessés.
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