On a été, on est devenus prisonniers le 25 décembre 1941.
Le jour de Noël, ouais. Et puis..., la guerre était d'une courte
durée là-bas pour nous. C't'une affaire d'à peu près trois
s'maines, mais l'activité était intense. Et puis..., finalement,
ils étaient plus nombreux, mieux équipés, meilleure expérience,
...meilleur entraînement surtout. Et puis..., on n'a pas eu
de chance. On a remarqué plus tard que ceux, lorsqu'ils, là ceux
qui ont, qui ont, qui ont restés à Hong Kong, y'en avait
peut-être… beaucoup moins. Et puis, ils ont perdu très peu
d'hommes après ça. Si vous voulez, après '43, après l'automne
de ‘'3. On a perdu beaucoup d'hommes au début, mais après ça,
là, à Hong Kong, ils ont été traités un peu, pas mal, mieux.
Puis, tandis qu'au Japon, ça dépendait un peu dans quel camp
qu'on était localisé. Y'avait des camps où les conditions étaient
beaucoup plus difficiles que d'autres.
Interviewer: Et le vôtre?
Oui, y'était… c'est supposé, d'après les écritures, que c'était
un des mauvais, le pire. Mais, c'est pas à dire que dans d'autres
camps, c'tait pas facile non plus, vous comprenez. Non, c'était
difficile, parce que là-bas, bien les Japonais, vous comprenez,
c'est une culture différente d'la nôtre, et puis..., sur le point
de, disons, d'la discipline. Nous autres..., la discipline, on,
on la connaissait très peu comparé à eux autres. Et puis..., la,
la nourriture, ah ben là, ça c'est toute la différence au monde,
t'sais. Alors, même si on avait été traités comme un des leurs,
pour nous ça aurait été très difficile. Mais, puisque, on n'était
pas les bienvenus là-bas..., ils nous ont rendu la vie très
difficile. Le manger, y'en avait très peu. Et puis..., si on
disait que, dans l'armée, la nourriture était mauvaise, au moins
la nourriture était bonne avant que les cuisiniers la touchent,
vous comprenez. Mais là bas, c'était le restant du riz, c'était
pas du riz comme on connaît ici, du riz blanc, c'tait du riz…
qu'était peut-être… peut-être un peu mieux pour la santé.
Mais..., c'était... malpropre, comme si on avait souvent balayé,
balayé le hangar, pis des affaires de même. Pis y'avait pas
d'viande, ou ben, d'temps en temps, une goutte, pis c'était
d'la soupe. Pis... l'intestin fonctionnait mal. Pis…c'était,
on perdait, on perdait du poids. On remarquait qu'une fois,
une fois, un prisonnier y'était disons ravagé par la maladie
comme la diphtérie, ou de quoi de sérieux, y perdait, disons si
vous voulez, ses forces, ses muscles, tout ça, ça rev'nait pas.
Y'avait pas de protéines, y'avait rien d'même. Alors une fois
qu'tu perdais, tu restais à c'te point là, t'sé. Et puis...
les conditions de travail étaient bien difficiles. Alors...,
être malade, c'est une chose, mais être malade et travailler
constamment, c'est une autre affaire. Les prisonniers
s'entraidaient, y fallait bien. D'autres étaient toujours en
meilleure condition que d'autres.
Et puis..., vous prenez, comme si vous voulez, Hong Kong, y'avait
une section du camp qui était convertie en ce qu'ils appelaient
un hôpital. C'tait une ségrégation surtout, là, pour la diphtérie
pis tout ça. Alors, ce sont les prisonniers qui agissaient comme
infirmiers. Pis c'était naturellement du, du bénévolat. Et puis,
ils étaient pas forts, eux non plus. Mais..., il fallait que
quelqu'un l'fasse, et puis, ceux qui étaient assez bien
l'ont fait et puis, on leur doit beaucoup. Vous prenez même,
même il fallait de temps en temps s'faire couper les cheveux
par quelqu'un, même si c'était peut-être six mois, un an.
Alors, un type qui, qui était supposément barbier le faisait.
Alors c'était du bénévolat pour lui. Faut le faire t'sé!
Dans c'sens là on était supporté.
Ah oui, c'tait très important à ce point-là.