Un pays exemplaire
La force francophone
Transcription
UN PAYS EXEMPLAIRE
Dernier coup qu'j'ai été, quand j'ai été en vacances, c'tait moi, pis mon garçon, pis
sa femme, pis on a drivé à travers la France, la Belgique, la Hollande, l'Allemagne,
un p'tit coin d'l'Italie, on a rentré en Autriche, on a traversé en Suède,
pis on a rentré en France. On a mis 4 800 kilomètres su'l'char, là,
dans l'voyage, là. Et ben, le monde, les Hollandais surtout,
c'est d'quoi qui... Moi j'voulais voir comme les cimetières, j'avais une
coupl' de chums qui avaient restés là, j'voulais voir
qu'est-ce que ça r'ssemblait, ça. C'est d'quoi qui est beau à voir,
en Hollande surtout, les cimetières, c'est d'quoi que... J'parlais avec un
monsieur, là, qui r'gardait après les cimetières, j'y ai dit : « OK, là. Moi, j'veux savoir
qui est-ce qui entretient ce site-là, qu'est-ce que c'est... » Y avait pas rien...
T'aurais pas pu un p'tit papier ou une p'tite arbre sec, rien... C'tait beau,
net... Y dit : « C'est les enfants d'école qui fait ça... »
Pis y dit : « Chaque sam'di, y a un autobus
d'école qui vient... Une école, chacun leur tour, pis y viennent voir à ça
qu'ça soit ben entretien... Pour qu'nos jeunes savent qu'est-ce qui se
passe. Y faut qu'nos jeunes savent pourquoi que ces jeunes hommes-là sont là... »
Le cim'tière qu'on était c'te journée-là, y en avait trente-six-cents.
C'tait à Groesbeek, en Hollande. Les jeunes avaient beau apprendre,
y avait des écoliers, à c't'heure, qui étaient aussi vieux comme des gars
qui étaient enterrés là. Tu peux r'garder des fosses, pis voir marqué
dix-huit ans d'ssus. C'était... J'croyais qu'c'était une torieu d'bonne idée
qui aviont, là. Mais c'était tellement beau, les sam'dis, là... C'était...
J'trouvais que les pays faisaient beaucoup pour pas qu'leurs
jeunes oublient qu'est-ce qui s'est passé, pis y devrait être fait
partout... Les jeunes devraient savoir qu'est-ce qui s'est passé...
Les Hollandais – r'garde sur n'importe quel papier – les Hollandais...
les Canadiens ont eu leur crédit d'avoir libérer la Hollande, OK ?
Mais, les Hollandais ont jamais oublié ça.
MES PREMIERS VOYAGES EN HOLLANDE
On a resté, par exemple, à Nijmegen. On a resté là deux mois, l'automne '44.
J'ai passé Noël là, pis j'ai passé l'jour de l'An '45 là, à Nijmegen,
là, en Hollande. On restait avec le monde, dans leurs maisons.
Vers quatre heures, pis on allait à la rivière, vers quatre heures.
La rivière, c'était gros comme la Miramichi, pis ça divisait
l'Allemagne, pis la Hollande. On allait là pour pas qu'les Allemands s'en
r'viennent. On attendait qu'les Canadiens qui étaient en Italie soient
v'nus pour pouvoir traverser en Hollande, on avait pas tout à fait assez de [inaudible].
Les Hollandais, c'était du monde extraordinaire, c'était du monde...
On restait dans maison, pis on restait... notr' manger, pis notr'
cigarette, pis eux autres n'aviont pas. Si t'avais laissé un paquet
d'cigarettes avec deux cigarettes, quand qu't'allais arriver,
y aurait eu deux cigarettes. T'aurais été parti vingt-quatre heures,
y auriont pas touchées. Y'n aviont pas, mais c'tait à toi, c'tait pas
à eux. C'te monde-là était... pour avoir rien en tout'...
Les derniers deux mois d'la guerre, j'travaillais avec,
on truckait, pis, nous autres, notr' job, c'était aller dans un bout' d'la
Hollande qui avait été pris l'automne d'avant. Pis, comme les fermiers
avaient ramassé leur récolte, pis y avait des patates, pis y nous
donnaient des patates, chargeait l'truck, pis on allait porter ça dans les
villes comme Amsterdam, Rotterdam... Pis y avait une lignée d'monde
qui passait vingt-quatre heures par jour pour avoir d'la soupe, qu'y faisaient avec
des patates. C'te monde-là était assez maigre qu'y pouvaient pas
s'tiendr' debout', y étaient starvé, pis y étaient coucher à terre su' la rue.
Ça mettait ta job plus intéressante, un p'tit peu. Moi, j'ai rien qu'appris
le vrai sens d'être dans l'service, pis d'prendre la... d'faire qu'on était
obligé d'prendre, pour quelle raison... J'ai rien qu'appris la
raison de qu'est-ce... qu'on était en Hollande, pis qu't'as vu qu'est-ce
qui s'passait. OK ? Ce qu'on faisait valait... Si c'était tough,
c'était tough, mais ça valait ça pour c'te monde-là.
Moi, j'aurais pas voulu m'voir, pis j'aurais pas voulu voir mon monde
dans leur situation. Quand tu voyais ça, tu pouvais
t'app'ler fier parc'que j'croyais qu'tu devais faire qu'est-ce
qui était vraiment ton devoir...
Description
M. Gaudet parle de son expérience en Hollande et de son retour plusieurs années plus tard.
Emmanuel Gaudet
Né le 16 juin 1918, à Rogersville, au Nouveau-Brunswick, M. Gaudet a grandi dans une famille de douze enfants. Il s’enrôle dans l’armée en janvier 1942. Son instruction militaire a lieu au Nouveau-Brunswick et en Ontario. Son frère ainé s’enrôle aussi et est affecté au même régiment. M. Gaudet devient canonnier. Il est envoyé en Angleterre, puis en Belgique, aux Pays?Bas et en France où il reste jusqu’à la fin de la guerre.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 4:12
- Personne interviewée :
- Emmanuel Gaudet
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Emplacement géographique :
- Hollande/Pays-Bas
- Branche :
- Armée
- Unité ou navire :
- 4e Régiment d'artillerie moyenne
- Grade militaire :
- Soldat
- Occupation :
- Artilleur
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