Un retour difficile
La force francophone
Transcription
J'ai débarqué du train à Bathurst...J'vnais
d'débarquer du train à Bathurst, tout' les autres
a pris des autobus pour descendre, jusqu'à Tracadie,Shippagan...Moi, j'ai resté là. Y avont dit :
« Comment ça s'fait qu'tu t'en viens pas ? » – « Ah ! – j'dis – j'veux pas m'en aller chez nousà c't heure. J'm'en irai demain ou après-d'main...
J'vais prendre une chambre à l'hôtel. » Ça fait qu'j'ai été dans un hôtel, à Bathurst, j'aipris une chambre. Quand y avont su que j'tais arrivé
à Bathurst, chez nous, mes deux beaux-frères, qui travaillaient pour une compagine d'poisson,icit' à Caraquet, avaient un gros camion de trois tonnes
qui halait l'poisson de Grande-Anse jusqu'à Caraquet. J'tais couché dans ma chambre, quelqu'un cogne dansma chambre à la porte, à l'hôtel... Mes deux beaux-frères
qui arrivent là. J'ai dit : « Quoi est-ce que c'est qu'vous avez v'nus faire icit' ? » Y disent : « On a v'nus t'chercher ! » J'ai dit : « J'voulais pas m'en aller à Grande-Anseà c't heure ! » Y ont dit : « Pourquoi ? » Ben, j'ai dit :
« J'connais des filles alentours d'icit', moi, là ! »J'voulais voir une fille, pis j'avais une mozeusse de
belle bague que j'avais trouvée en Allemagne. Ça fait qu'la fille que j'connaissais là – ça v'nait d'la région d'Grande-Anse,village voisin, St-Léolin j'y donne la bague : « Tiens, une bague ! J'te donne tout ça pour un souv'nir... » J'l'ai jamais r'vue aprés [rires]. DE RETOUR CHEZ MON PÈRERendu chez nous, j'tais vraiment dangereux.
J'ai v'nu malin, ça fait que j'm'ai débarrassé d'ça.J'avais jusqu'à des grenades que j'avais emportées
chez nous. Des grenades, live, là... Puis, j'en avais deux. J'en ai tiré une en arrière de chez nous pour montrer à Papa qu'est-ce que ça faisait, puis, après ça,l'autre, j'l'ai démontée, j'ai ôté l'explosif qui était d'dans,
pis la fuse, pis tout' ça. J'ai tout' ôté ça de d'dans, pis je l'ai encore chez nous en souvenir. J'ai dit à Papa, j'ai dit : « Tiens... Mon revolver, pis ma munition...allemands... Ma baïonnette... Cachez-moi ça... » parc'que j'dis :« J'sais pas qu'est-ce que j'peux faire... »
Une bonne soirée, c’est pas de quoi qui est beauà conter, j'ai rentré dans chambre à Papa, pis y
m'avait jamais dit où qu'y avait caché ça, j'les ai trouvés, sans l'réveiller. On était assez habitués de pas faire de bruit... J'ai trouvé le revolver, pis la baïonnette,pis j'ai sorti. Pis, y avait une école en face de chez
nous, une école... une ancienne école que c'est que j 'allais, moi. J'ai commencé à être... j'avais pris d'la boisson, j'ai tout' cassé les vitres qui étaient dans l'école...cassé les fenêtres. J'ai été m'rapporter au syndic d'école dans c'temps-là. J'ai dit : « Faites pas v'nir la police, rien en toute... » J'ai dit : « J'm'en vais payer... Faites-la réparer, j'vais tout' payer quoi est-ceque c'est que j'ai brisé... » J'ai été payer les dépenses
parc'que mon argent s'en v'nait tout' à Grande-Anse d'l'armée, pis mon père déposait ça dans un compte de caisse populaire, pour moi. Ça fait qu'l'argent qu'j'avaisété payé dans l'armée, pendant quatre ans, ça l'avait
presque tout' là...Ça faisait un montant d'argent, dans c'temps-là, c'tait beaucoup, p't-être ben un sept, huit-cents piasses.Ça fait que j'ai été les payer, pis là, j'm'ai t'nu... j'me suis séparé de d'ça, ces affaires-là...Description
Après la guerre, Rudolphe Blanchard retourne au Nouveau-Brunswick. Il nous raconte son retour et les difficultés associées à sa réintégration dans la vie civile.
Rudolphe Blanchard
Rudolphe Blanchard naît le 27 juin 1923 à Grande-Anse (Nouveau-Brunswick). C’est lorsqu’il voit son frère Léandre quitter le domicile familial pour s’enrôler qu’il décide de faire de même. Il fait son entraînement de base à Edmundston avec le régiment North Shore. Il suit ensuite un cours spécialisé comme chauffeur mécanique. Il joindra par la suite les New Brunswick Rangers, un régiment de blindés posté en Europe. Il revient au pays, à Goose Bay, au Labrador, pour effectuer un entraînement dans le froid dans le but de se préparer à d’éventuelles missions dans les Alpes françaises. M. Blanchard participe par la suite à de nombreuses missions, notamment en Normandie. Après la guerre, il revient au Nouveau-Brunswick et occupe divers emplois, dont cordonnier et chauffeur pour la société Irving. Il termine sa vie professionnelle comme employé d’un salon funéraire. Encore aujourd’hui, M. Blanchard participe toujours très activement aux activités de sa filiale locale de la Légion royale canadienne.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 4:28
- Personne interviewée :
- Rudolphe Blanchard
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Emplacement géographique :
- Canada
- Branche :
- Armée
- Unité ou navire :
- New Brunswick Rangers
- Grade militaire :
- Soldat
- Occupation :
- Conducteur
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- Date de modification :