La peur au ventre
La force francophone
Transcription
La peur au ventre
La peur, peut-être qu'on peut regarder ça de différentes manières.
D'abord, la peur de mourir existait, j'avais une femme, j'avais un enfant.
La peur de revenir handicapé existait. Heureusement je n'ai pas été
blessé, j'ai contracté la maladie, mais ça on... dans les conditions,
coucher dehors. Quand tu arrivais, le soir tu arrivais puis
tu avais pris une position le soir, tu faisais un petit
trou pour te cacher. On appelait ça un shell, shell scrape,
ce n'était pas une tranchée, on se faisait un trou pour que si une bombe tombait
près de nous autres, que les éclats passaient par dessus le trou, pour te protéger.
On se couchait, on n'avait pas de lumière, on avait notre fusil. Moi j'ai été
sur un mortier numéro 2, de deux pouces, une secousse, j'ai été courrier,
ils appelaient ça un runner. Ça ce n'était pas beau. Je partais la nuit
pour aller à une autre compagnie, tu ne savais pas où tu allais.
On partait à la course.
VIVRE SUR L'ADRÉNALINE
Il s'appelait le Colonel Bibeau.
Nous autres, la compagnie, on était la compagnie D. Moi je faisais partie du peloton 18.
Ils nous appelaient les tocsons. Puis quand Bibeau disait : On va attaquer…
Il n'était pas en arrière, lui, il était en avant.
J'ai vu ce gars-là attaquer en avant de nous autres : Venez-vous en les tocsons!
Lui, était en avant avec un revolver. Il n'était pas peureux, il avançait.
Mais c'était des hommes de même qui nous incitaient...
c'était lui, il était en avant, tu suivais.
COMMENT CONTRÔLER SA PEUR?
Tu suis les autres. Tu suis les autres. Tu sais qu'il y en a d'autres qui s'en
viennent en arrière de toi, ça fait que tu marches. Il faut que tu
finisses le travail. C'est un travail que tu as à faire puis tu le fais,
tu le fais machinalement, tu le fais automatiquement. Un moment donné,
il y en a un qui craque à côté de toi. Les nerfs, les nerfs n'y sont plus.
Ça prend des bons nerfs. Moi j'ai vu un de nos commandants de compagnie,
un nommé François de Salle Robert, un vrai bœuf, un moment donné
il a craqué, il n'était plus capable. Tu sais... tu vois...
c'est des gars de même, pas blessés ni rien, juste les nerfs
sont finis, plus capables. C'est arrivé à plusieurs.
Il y en avait qui étaient comme moi, là, un petit peu peureux, mais pas nerveux.
Il y en avait d'autres qui n'étaient pas peureux. Puis ils avaient
hâte de finir pour s'en venir. On était tous, on avait tous
hâte de finir le travail puis de s'en venir.
Description
Nicholas Dimitroff nous parle de la peur ressentie par les soldats.
Nicholas Dimitroff
M. Dimitroff était bûcheron en Abitibi avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale. Puis, il s’en alla à Montréal pour s’enrôler dans l’armée. Il quitta le Canada pour l’Angleterre. Là-bas, il rejoint le Régiment de Maisonneuve, avec lequel il combattra au front. Après la guerre, il revient au Canada et devient chauffeur de locomotive.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 4:05
- Personne interviewée :
- Nicholas Dimitroff
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Emplacement géographique :
- Hollande/Pays-Bas
- Branche :
- Armée
- Unité ou navire :
- Régiment de Maisonneuve
- Grade militaire :
- Simple Soldat
- Occupation :
- Messager
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- Date de modification :