Le Canada se souvient - Édition 2018 - Page 2
Une tragédie canadienne-française à Chérisy
Au début des cent derniers jours de la Première Guerre mondiale, le 22e Bataillon (seule unité francophone de première ligne du Canada) se trouvait dans un état affaibli. Comme c’était le cas avec d’autres bataillons après quatre longues années de guerre, beaucoup de ses membres avaient été blessés ou tués et leurs remplaçants avaient peu d’expérience de combat. Cela ne les empêcha pas de participer à de lourdes attaques au village français de Chérisy les 27 et 28 août 1918.
Plus de 700 hommes du bataillon reçurent l’ordre d’avancer en plein jour, au cœur d’une ligne allemande fortifiée. Pris au milieu de tirs nourris de mitrailleuses et exposé à une pluie d’obus, le 22e Bataillon subit de lourdes pertes, avec plus de 100 morts et 200 blessés, dont plusieurs portés disparus ou faits prisonniers. Tous les officiers de l’unité furent tués ou blessés, y compris le major Georges Vanier, qui perdit une jambe. Il devint plus tard le premier gouverneur général francophone du Canada. Le bataillon n’eut d’ailleurs que peu de temps pour récupérer avant de retourner au combat dès septembre, afin d’aider les Alliés à mettre fin à la guerre dans les semaines suivantes.
Sur le vif : la guerre de Corée
Il existe une longue tradition voulant que l’on capture les expériences de la guerre par le biais d’œuvres d’art. Bien que des artistes de guerre officiels aient été sollicités par le Canada lors des Première et Seconde Guerres mondiales, ce ne fut pas le cas pour la guerre de Corée. Cela n’empêcha pas le soldat Ted Zuber d’utiliser son carnet de croquis pour consigner ce qu’il vit lors de son service au sein du Royal Canadian Regiment en Corée.
Il tira plus tard de ses croquis son inspiration pour peindre et donner vie aux expériences de guerre vécues par les Canadiens. Monsieur Zuber communiqua avec d’autres vétérans et étudia des photographies aériennes, des cartes et des journaux de guerre pour l’aider à peindre la guerre de Corée. Plusieurs de ses œuvres sont maintenant au Musée canadien de la guerre.
Chaque peinture raconte une histoire différente. Que ce soit pour saisir les émotions sur les visages de nos soldats lors d’une bataille, le paysage coréen accidenté, ou un moment tranquille sur les lignes de front, les œuvres de Ted Zuber nous transportent au cœur de la
vie pendant ce conflit.
La peinture ci-contre illustre un moment de tension où les soldats canadiens en patrouille se retrouvent à découvert lorsqu’une fusée ennemie éclaire le ciel. Cette peinture fut utilisée sur des bannières créées spécialement pour commémorer le 65e anniversaire de l’armistice de la guerre de Corée dans notre capitale nationale.
Des fleurs pour la liberté
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les soldats canadiens participèrent à une sinistre bataille à Ortona, en Italie. Celle-ci débuta le 20 décembre 1943 et dura huit jours. Les rues de la ville, occupée par les Allemands, étaient un vrai champ de bataille. Après une semaine de combats acharnés, les Canadiens remportèrent la victoire et Ortona fut libérée. Malheureusement, 213 de nos soldats y perdirent la vie.
Aujourd’hui, la ville a été reconstruite et il reste peu de traces de la guerre, mais les Italiens, notamment les sœurs Francesca et Maria LaSorda, n’oublièrent jamais l’aide apportée par les Canadiens. En 1943, les jeunes filles et leur famille se cachaient, entassés dans une petite grange à Ortona, lorsqu’elles rencontrèrent des Canadiens. Les filles offrirent à nos soldats de laver leurs vêtements et ceux-ci leur donnèrent volontiers des vivres en retour.
Des années plus tard, les sœurs trouvèrent une belle façon de témoigner de leur gratitude. Au mois d’octobre 1999, le monument Le Prix de la paix fut dévoilé à Ortona pour honorer les libérateurs, illustrant un soldat canadien blessé, réconforté par un camarade agenouillé à ses côtés. Les sœurs LaSorda assistèrent à la cérémonie du dévoilement et au dépôt des fleurs sur le monument. Lorsque les fleurs se fanaient, elles les remplaçaient par des fleurs fraîches. Ensemble, elles portèrent ce geste bienveillant pendant environ 15 ans, jusqu’à la mort de l’une des sœurs. Quel beau geste commémoratif!
Un obusier revient à la maison
Le roi et la reine des Belges ont posé plusieurs gestes commémoratifs lors de leur visite d’État au Canada en mars 2018. Ils ont, entre autres, prêté un obusier de 4,5 pouces, qui fut l’une des dernières pièces d’artillerie canadienne à tirer durant la Grande Guerre, le 11 novembre 1918. L’obusier fut donné à la ville de Mons, en Belgique, en août 1919, par le lieutenant-général Sir Arthur Currie, commandant du Corps canadien. Ce témoin silencieux de la fin du conflit sera exposé pour les prochaines années au Musée canadien de la guerre, dans le cadre d’une exposition spéciale marquant le 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale.
La vie et la mort en haute mer
La bataille de l’Atlantique commença dès la première journée de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, pour se terminer à la toute fin des combats en Europe en mai 1945. Elle opposait les Alliés, qui désiraient transporter du ravitaillement et des troupes en Europe, aux Allemands, qui voulaient anéantir cette opération essentielle aux forces alliées.
Ce fut une bataille âprement disputée au cours de laquelle les sous-marins allemands se rapprochèrent de la victoire en mer, en torpillant des centaines de navires de transport alliés durant les premières années de la guerre. Toutefois, l’adoption de nouvelles technologies et tactiques en 1943 marqua un changement de cap, alors que les Alliés prirent finalement le dessus.
Des membres de la Marine royale canadienne (MRC), de la Marine marchande canadienne et de l’Aviation royale du Canada (ARC) jouèrent un rôle de premier plan pendant cette lutte des Alliés en mer. En effet, plus de 25 000 navires marchands alliés traversèrent l’océan Atlantique en sécurité pendant la guerre sous escorte canadienne, livrant environ 165 millions de tonnes de précieux matériaux en Europe. Néanmoins, le prix payé pour aider les convois alliés à traverser fut très élevé : environ 2 000 marins de la MRC, 750 aviateurs de l’ARC et plus de 1 600 marins marchands canadiens et terre-neuviens perdirent la vie pendant le conflit. La victoire des Alliés dans la bataille de l’Atlantique a grandement contribué à mettre fin à la Seconde Guerre mondiale.
Les Forces armées canadiennes au Rwanda
L’un des plus grands défis internationaux en matière de maintien de la paix du Canada se déroula au Rwanda, pays d’Afrique centrale, de 1993 à 1996. Le peuple du Rwanda provient principalement de deux tribus : les Hutus et les Tutsis. Pendant des siècles, leurs relations demeurèrent tendues, mais au début des années 1990, les tensions éclatèrent et une guerre civile fut déclenchée. En réponse à ces tensions, les Nations Unies entreprirent des missions de paix dans ce pays, dont la plus importante fut la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR), au cours de laquelle les membres des Forces armées canadiennes jouèrent un rôle de premier plan.
Même avec ces Casques bleus déployés, la situation du pays se transforma en cauchemar au mois d’avril 1994. Les Hutus commencèrent à massacrer des centaines de milliers de Tutsis et de Hutus modérés. Les soldats de l’ONU y firent ce qu’ils pouvaient, mais ils étaient trop peu nombreux et paralysés par leur mandat limité. Ils réussirent à sauver certaines personnes, mais ne purent malheureusement pas empêcher les pires atrocités. Les membres des Forces armées canadiennes restèrent au Rwanda après le génocide pour contribuer aux efforts d’aide humanitaire, au déminage et à la réinstallation des réfugiés avant de quitter le pays en 1996.
Mais les blessures des Casques bleus ne sont pas toujours aussi évidentes que les blessures physiques. La brutalité humaine la plus horrible marque profondément ceux qui en sont témoin; et ce fut l’une des plus graves séquelles de la mission de maintien de la paix du Canada au Rwanda. Bon nombre de nos vétérans qui y ont servi présentèrent au retour un trouble de stress post-traumatique (TSPT), trouble psychologique pouvant avoir des répercussions graves et durables.
Le saviez-vous?
Le soldat George Price, de la Saskatchewan, fut le dernier Canadien à tomber au combat pendant la Première Guerre mondiale. Malheureusement, il fut abattu par un tireur d’élite près de Mons, en Belgique, deux minutes avant l’entrée en vigueur de l’Armistice à 11 h, le 11 novembre 1918.
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