Le Canada se souvient - Édition 2019 - Page 1
Combattre dans la campagne d’Italie
La campagne d’Italie a été l’un des plus importants efforts militaires déployés par le Canada au cours de la Seconde Guerre mondiale. La première action de nos troupes a eu lieu lors de l’invasion de la Sicile par les Alliés le 10 juillet 1943, où les Canadiens ont joué un rôle clé en repoussant les forces ennemies de cette île chaude et poussiéreuse. Leur tâche suivante a été d’attaquer l’Italie continentale et nos soldats y ont débarqué le 3 septembre 1943.
L’Italie était un endroit où il était difficile de combattre. Une grande partie du pays est montagneuse avec de nombreuses vallées profondes coupées par des rivières. Le climat peut être rude, avec des étés torrides et des hivers étonnamment froids. Les défenseurs allemands étaient habiles et utilisaient le terrain à leur avantage, nos soldats faisant souvent face à des tirs nourris depuis les collines, alors qu’ils tentaient de se frayer un chemin vers le nord du pays.
Les combats ont été âpres et les vétérans canadiens de la campagne d’Italie se souviennent encore aujourd’hui des batailles à Ortona, dans la vallée du Liri et sur la rivière Savio. Nos troupes n’ont toutefois pas participé à la victoire finale des Alliés en Italie, car on avait commencé à les transférer dans le nordouest de l’Europe en février 1945 pour se joindre à la 1re Armée canadienne qui allait libérer les Pays-Bas.
Plus de 93 000 Canadiens ont servi bravement en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, près de 6 000 Canadiens sont morts et quelque 20 000 autres ont été blessés. Pour marquer le 75e anniversaire de cette campagne, des activités commémoratives auront lieu au Canada et à l’étranger. Comment vous souviendrez-vous?
Toujours debout
Le sergent Daniel J. MacDonald de l’Île-du-Prince-Édouard a servi dans le régiment Cape Breton Highlanders en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été grièvement blessé au cours des combats sur la rivière Senio le 21 décembre 1944, perdant son bras et sa jambe gauches lors de l’explosion d’un obus allemand à proximité. Daniel MacDonald n’a toutefois pas laissé ces blessures entraver le reste de sa vie. Il est retourné à l’Î.-P.-É. où il a pratiqué l’agriculture, s’est marié et a élevé sept enfants. Élu à l’Assemblée législative provinciale en 1962, il est ensuite entré en politique fédérale, devenant ministre des Anciens Combattants dans les années 1970 avant de décéder en 1980.
Prise d’assaut de la plage Juno
L’un des chapitres les plus célèbres de la Seconde Guerre mondiale s’est déroulé en Normandie, en France, le 6 juin 1944. Cette date, maintenant connue dans l’histoire sous le nom de « jour J », a vu les troupes canadiennes, britanniques et américaines débarquer en France pour entamer la libération de l’Europe occidentale après plus de quatre années d’une dure occupation allemande.
Quelque 14 000 soldats canadiens ont débarqué sur la plage Juno le jour J, bravant le feu nourri en esquivant les mines, les obstacles, les barbelés et autres défenses ennemies. Quatre cent cinquante parachutistes canadiens ont également sauté au-dessus de la France occupée ce matin-là, et des milliers de marins et d’aviateurs canadiens ont aidé à soutenir l’assaut allié. À la fin du 6 juin 1944, de toutes les forces alliées, les Canadiens avaient poussé le plus loin à l’intérieur des terres, mais ils ont payé un lourd tribut; 359 de nos soldats ont perdu la vie ce jour-là. Ce n’était que le début de la sanglante bataille de Normandie, mais les Alliés avaient enfin réussi à percer une brèche dans la « forteresse Europe ».
Roger Charbonneau, de Hull, décrit l’angoisse avant son saut en parachute lors du jour J :
« Je suis dans l’avion, j’ai la tête entre les deux jambes et je me dis : Est-ce que je vais revenir, moi, pour voir mes parents? Puis là, j’ai fait une prière et j’ai dit : Je vous fais mes adieux, mon père puis ma mère, mes deux soeurs, mon frère, et je ne sais pas si je vais revenir. »
Restaurer la paix à l’autre bout du monde
Les membres des Forces armées canadiennes ont servi à beaucoup d’endroits dans le monde au fil des ans, mais l’un des plus éloignés était le Timor-Oriental. Plus de 600 Canadiens ont servi dans ce petit pays tropical situé à plusieurs centaines de kilomètres au nord de l’Australie dans le cadre de missions de soutien de la paix qui ont débuté il y a vingt ans cette année.
Le Timor-Oriental a été une colonie du Portugal jusqu’aux années 1970, lorsque son avenir politique a déclenché une guerre civile. Dans la controverse, le pays est devenu une province d’Indonésie en 1976 et des années de règne brutal ont suivi. Lorsque la violence généralisée a repris à la fin des années 1990, de nombreuses personnes ont été tuées et jusqu’à 700 000 résidents ont été déplacés. Les Canadiens ont participé à d’importantes missions multinationales au Timor-Oriental entre 1999 et 2001 pour aider à rétablir la paix et la sécurité.
Les Forces armées canadiennes ont envoyé le NCSM Protecteur, des soldats du Royal 22e Régiment et des avions de transport au Timor-Oriental. Ils se sont acquitté de tâches telles que la sécurité, la construction d’un camp, la réparation d’écoles et d’hôpitaux, l’approvisionnement des navires de guerre et le transport de marchandises depuis l’Australie, jusqu’à leur départ en 2001, lorsque la situation politique a commencé à s’améliorer.
Sergent Frank Jérome—héros de guerre autochtone
Frank Narcisse Jérome, du Québec, a été l’un des soldats canadiens les plus héroïques de la Première Guerre mondiale. Mi’kmaq de la Gaspésie, membre de la Première Nation Gesgapegiag, il s’est enrôlé dans le Corps expéditionnaire canadien en juin 1916 et a traversé l’océan la même année. Jérome a vu de violents combats en France et en Belgique avec le 14e Bataillon (Royal Montréal Regiment), prenant part à des batailles majeures à des endroits comme la crête de Vimy, la cote 70, Passchendaele et aux combats des « cent jours du Canada » lors des trois derniers mois du conflit.
Il a fait preuve d’un courage exceptionnel sur les champs de bataille du front occidental et est devenu l’un des 39 Canadiens qui ont reçu la Médaille militaire à trois reprises pendant la Première Guerre mondiale. Jérome a gravi les échelons pour devenir sergent et, bien qu’il ait été blessé au combat, il a survécu au conflit pour rentrer chez lui en 1919, un brillant exemple du service de milliers d’Autochtones dans l’armée canadienne au fil des ans.
Fabuleux exploits aériens en Corée
L’un des meilleurs pilotes de chasseurs à réaction américains pendant la guerre de Corée était en fait un Canadien. Ernest Glover, de l’Ontario, a obtenu ses ailes à l’adolescence après s’être enrôlé dans l’Aviation royale du Canada (ARC) pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’est rapidement avéré être un aviateur compétent, effectuant des missions de combat aérien au-dessus de l’Europe occupée. En 1943, son avion a été abattu par les tirs ennemis et il a passé le reste de la guerre dans un camp de prisonniers de guerre allemand.
Les dures conditions auxquelles il a été exposé pendant qu’il était en captivité n’ont pas empêché Ernest Glover de voler à nouveau pendant la guerre de Corée. Il faisait partie de la vingtaine de pilotes de chasse canadiens qui ont servi dans l’armée de l’air américaine dans le cadre d’un échange avec des militaires de notre pays. Ernest Glover a piloté le puissant chasseur à réaction F-86 Sabre pendant son service en Corée. Il a participé à 58 missions et à de féroces combats contre des MiG-15 de fabrication soviétique, abattant trois chasseurs ennemis, soit le plus grand nombre parmi les pilotes canadiens pendant la guerre de Corée. Ses exploits en vol ont valu au Capitaine d’aviation Glover la Croix du service distingué dans l’Aviation américaine et la Croix du service distingué dans l’Aviation du Commonwealth (DFC). Il est revenu de Corée et a continué à servir son pays pendant près de 20 ans. Il prit sa retraite au début des années 1970.
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