Les Forces armées canadiennes dans les Balkans
Introduction
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Quand les Canadiens pensent au personnel des Forces armées canadiennes qui participe à des opérations de maintien de la paix à l'étranger, l'un des premiers endroits auxquels ils songent probablement est la péninsule des Balkans, située dans le sud-est de l'Europe.
Des Canadiens et des Canadiennes ont servi lors de missions de la Communauté européenne, des Nations Unies (l'ONU) et de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (l'OTAN) en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et Monténégro et en Macédoine, de nouveaux pays surgis des cendres de l'ex-Yougoslavie. À compter de 1991, des dizaines de milliers de membres des Forces armées canadiennes se sont efforcés au fil des ans de contribuer à sécuriser la région et à y entretenir la paix fragile qui y régnait afin que son rétablissement puisse s'y poursuivre après des années de combats acharnés.
Balkans
Les pays des Balkans qui ont été témoins d'une telle agitation sont situés dans le sud-est de l'Europe, au nord de la Grèce et du côté de la mer Adriatique en face de l'Italie. C'est une région de montagnes splendides et de plaines fertiles, où le littoral, parsemé d'îles, s'étire le long de l'Adriatique.
Pendant une bonne partie du 20e siècle, cette région a été constituée d'un seul pays communiste qu'on appelait la Yougoslavie. Les différences ethniques, religieuses et politiques entre les populations catholiques romaines, orthodoxes de rite oriental et musulmanes y vivant depuis des siècles ont cependant créé un climat de méfiance qui y a engendré l'instabilité.
Lorsque le régime autoritaire du pays a commencé à s'écrouler, les différentes factions ethniques et religieuses ont eu recours à la violence. Au début des années 1990, les diverses régions ont tenté de se séparer et de former leur propre pays, suivant les divisions ethniques et religieuses qui y existaient. On y a observé beaucoup de cas de « nettoyage ethnique » où les habitants de villages ou de secteurs entiers peuplés de minorités ont été persécutés, chassés ou massacrés par des factions armées.
Communauté internationale réagit
La communauté internationale a réagi à la situation, à mesure que le monde entier était témoin de la violence qui s'abattait sur la région. La première intervention directe du Canada dans l'ex-Yougoslavie s'est produite en 1991-1992 lorsque quelques officiers des Forces armées canadiennes y ont participé à la Mission de surveillance de la Communauté européenne.
Le Canada et d'autres pays ont alors déployé une importante force de maintien de la paix de l'ONU (baptisée la Force de protection des Nations Unies, ou la FORPRONU) pour tenter d'endiguer la violence, en Croatie et en Bosnie-Herzégovine en particulier. Cette mission allait simplement être la première d'une série d'opérations de soutien de la paix de l'ONU (et plus tard de l'OTAN) dans l'ex-Yougoslavie, plus particulièrement en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine et au Kosovo.
Les membres des Forces armées canadiennes ont été confrontés durant leurs opérations dans les Balkans à des situations uniques. Les compétences que nécessite une mission de maintien de la paix sont souvent assez différentes de celles qu'exigent les combats qui se déroulent durant un conflit classique. Les gardiens de la paix doivent être entraînés pour faire la guerre et pour maintenir la paix. Les Canadiens qui ont servi dans les Balkans au fil des ans y ont joué bien des rôles. Ils ont surveillé des lignes de cessez-le-feu toujours fragiles qui changeaient constamment et ont établi par la force des lignes d'approvisionnement jusqu'à des secteurs assiégés afin d'apporter des vivres et des secours humanitaires aux civils pris au milieu des combats. Dans les eaux de la mer Adriatique, notre pays a déployé des ressources navales et aériennes pour aider l'ONU à empêcher les envois d'armes de parvenir par la voie maritime à la région. Les Canadiens ont également tenté de protéger les secteurs peuplés de minorités ethniques (les soi-disant « secteurs de sécurité » qui allaient tragiquement s'avérer ne pas être d'une si grande sécurité que celle annoncée) qu'assiégeaient les milices des majorités.
Le Canada et les autres pays qui ont participé aux opérations de maintien de la paix dans les Balkans ont été confrontés à d'énormes obstacles et n'ont pas pu faire autant qu'ils l'auraient souhaité pour endiguer les pires violences provoquées par la haine et la brutalité des combattants qui s'y affrontaient. Il s'y est perpétré bien des horreurs que les gardiens de la paix ne pouvaient simplement pas empêcher.
Les combats de grande ampleur y sont aujourd'hui terminés. Le dernier contingent assez important des Forces armées canadiennes a quitté la région en 2004, mais une force de soutien de la paix de l'Union européenne y est encore affectée pour maintenir le calme et aider les gens à bâtir un avenir plus paisible.
Faits et chiffres
- Le plus grand nombre de Canadiens à servir en même temps dans une mission de l'ONU dans la région a été de
2 000. C'est également dans cette région que le plus important contingent de l'ONU (plus de 40 000 soldats originaires d'un grand nombre de pays) a été déployé durant les missions de soutien de la paix de l'Organisation des Nations Unies. - Des contingents de l'OTAN continuent à y jouer le rôle de gardiens de la paix. Les troupes de l'OTAN y ont parfois atteint 60 000 membres, y compris jusqu'à 1 500 Canadiens.
- Des pilotes canadiens ont effectué au printemps 1999, pour la première fois depuis la guerre de Corée, des missions de combat.
- C'est en Macédoine, en 1999-2000, que le Canada a déployé à l'étranger son plus important contingent de militaires depuis la guerre de Corée. Il y a aussi déployé pour la première fois depuis cette guerre des chars lourds en situation de conflit armé.
Héros et braves
Nous pensons souvent que les dangers de la guerre et que les actes de bravoure appartiennent aux générations passées. Des membres des Forces armées canadiennes se sont, cependant, retrouvés dans les années 1990 dans une véritable zone de guerre où les troupes « de maintien de la paix » ont dû s'engager dans des échanges de feu pour tenter de s'acquitter de leurs missions.
- Le major Joseph Servais et le capitaine Joseph Brosseau se sont vu tous les deux décerner la Médaille du service méritoire pour le travail d'observateurs qu'ils ont effectué dans la région dans le cadre de la Mission de surveillance de l'Union européenne au début des années 1990. Le major Servais était responsable de huit équipes de surveillance et a souvent lui-même effectué les missions les plus périlleuses. Le capitaine Brosseau, qui était à l'époque responsable de la mission à Sarajevo, a planifié et dirigé le dangereux convoi dont le trajet a duré six heures, organisé pour évacuer en toute sécurité son groupe lorsqu'il a reçu l'ordre de quitter la ville.
- En septembre 1993, les soldats canadiens ont eu leur plus intense échange de feu depuis la guerre de Corée lorsque des membres du Princess Patricia's Canadian Light Infantry ont été la cible d'un tir nourri de mitrailleuses, de grenades, de canons et d'armes légères dans la « poche de Medak », en Croatie.
- Le capitaine Joseph Bélisle et le sergent Mario Forest ont reçu l'un et l'autre la Médaille de la bravoure pendant qu'ils servaient à Sarajevo pour avoir sauvé deux femmes grièvement blessées. Pendant qu'il était sous le feu d'un tireur isolé, le capitaine Bélisle a riposté pour protéger le sergent Forest, qui a rampé afin d'atteindre les deux victimes et de les écarter du danger. Les deux Canadiens, toujours sous le feu du tireur isolé, ont ensuite aidé les deux femmes à monter dans un véhicule de l'armée.
- Les actes du caporal-chef Jean Kenneth Jensen au quartier général des Nations Unies à Sarajevo lui valurent la Médaille de la bravoure au mois d’août 1992. Sous le feu de l’artillerie lourde, il se précipita sur les lieux lorsqu’il entendit des appels au secours et ramena un soldat blessé en lieu sûr. Il y retourna même à deux reprises à la recherche d’autres victimes et s’occupa de diriger l’équipe de premiers soins vers la zone touchée.
- Des militaires canadiens se sont retrouvés à deux reprises dans des hôpitaux bondés de patients qui avaient été abandonnés par les employés en raison de l'augmentation des combats dans les environs. Une situation a impliqué des membres du groupement tactique du Royal 22e Régiment en patrouille, menés par le lieutenant Andrew Webb et le sergent André Latreille. Ces membres ont découvert, protégé et aidé un grand nombre de patients qui avaient besoin de soins très poussés.
Sacrifices
Les Canadiennes et les Canadiens peuvent être à juste titre fiers de la réputation de force de maintien de la paix dont notre armée jouit partout dans le monde, ce qui, cependant, a un prix. Environ 130 Canadiens sont décédés au cours d'opérations de soutien de la paix auxquelles le Canada a participé dans le monde entier. Vingt-trois (23) Canadiens ont perdu la vie dans les Balkans lors de diverses missions, et un bien plus grand nombre ont alors été blessés.
Les blessures des gardiens de la paix ne sont pas toujours causées par des tirs hostiles, des mines terrestres ou des accidents, et elles ne laissent pas toujours de cicatrices physiques. La mission en ex-Yougoslavie a été particulièrement difficile pour les militaires qui y ont été déployés. Les atrocités commises contre les populations civiles ont été horribles, et le fait d'être témoin de brutalité de cette ampleur contre des êtres humains a de profondes répercussions.
Il est important de s'informer des exploits et des sacrifices que les anciens combattants ayant participé à ces opérations des Forces armées canadiennes dans les États des Balkans ont accomplis dans le cadre de leurs missions. En comprenant leur rôle, nous rendons hommage à leurs réalisations. Connaître les valeurs et l'histoire du Canada nous aide à comprendre le pays dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Programme Le Canada se souvient
Le programme Le Canada se souvient, d'Anciens Combattants Canada, vise à encourager les Canadiens à se renseigner sur les sacrifices et les réalisations de ceux qui sont servi et qui continuent de servir leur pays en temps de guerre et en temps de paix. Il invite aussi les citoyens à prendre part aux activités commémoratives qui contribueront à préserver l'héritage des anciens combattants pour les futures générations de notre pays.
Pour en savior davantage
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