Les visages de la paix – Les Gardiens de la paix canadiens

Introduction

La mission des Forces armées canadiennes consiste à défendre notre pays, ses intérêts et ses valeurs, tout en concourant à la paix et à la sécurité dans le monde. Nos forces armées ont servi dans de nombreuses fonctions au pays et dans le monde, tout en perpétuant la fière tradition du Canada de défendre ce que nous pensons être juste. Au fil des ans, bon nombre de nos militaires ont été déployés à l’étranger pour participer à diverses opérations des Nations Unies (ONU), de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et d’autres opérations multinationales de soutien de la paix.

Origines du maintien de la paix

Au total, plus de 1,7 million de Canadiens ont combattu pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée au cours de la première moitié du 20^e siècle. Le bilan mondial de ces énormes conflits a été horrible, des dizaines de millions de personnes ont perdu la vie, dont plus de 118 000 militaires canadiens. Au lendemain de telles souffrances, notre pays et de nombreux autres membres de la communauté internationale ont estimé qu’il valait bien mieux d’essayer de prévenir les guerres, lorsque cela est possible, que d’y participer. Cette perspective a contribué à donner naissance au concept moderne de maintien de la paix.

Le Canada a joué un rôle de chef de file dans le maintien de la paix dès le départ. En fait, Lester B. Pearson (secrétaire d’État canadien aux Affaires extérieures et futur premier ministre) a remporté le prix Nobel de la paix pour sa vision pionnière en aidant à établir la Force d’urgence des Nations Unies en Égypte en 1956. Le but était d’empêcher la crise de Suez de dégénérer en un affrontement mondial. Les troupes canadiennes faisaient également partie des Gardiens de la paix de l’ONU qui ont pris part à cette mission pionnière.

Les défis du maintien de la paix

Le maintien de la paix est fondé sur l’idée selon laquelle la présence d’une force militaire impartiale dans un conflit régional peut réduire les tensions et améliorer les chances d’une issue pacifique. Mais assumer ces fonctions est un travail exigeant. Mettez-vous dans la peau d’un membre des Forces armées canadiennes partant en mission de paix internationale. Vous pourriez être appelé à surveiller les cessez-le-feu, à patrouiller dans les zones tampons, à servir d’intermédiaire entre des groupes en conflit, à enquêter sur des violations, à éliminer des mines antipersonnel, à enquêter sur des crimes de guerre, à saisir des armes, à protéger des réfugiés et à fournir une aide humanitaire.

Les rôles que nos militaires jouent dans ces types de missions peuvent inclure tous les volets du soutien à la paix, y compris le rétablissement et la consolidation de la paix. Les capacités et la formation requises comprennent des compétences de combat ainsi que des compétences interpersonnelles. Leur vie et celle des autres dépendent souvent de leurs points forts dans ces deux domaines et de leur capacité à savoir quand les utiliser au bon moment. Il a été dit à propos de cet exercice d’équilibre difficile que « le maintien de la paix n’est pas un travail pour un soldat, mais seul un soldat peut le faire ».

Chaque mission de maintien de la paix est unique. En effet, certains vétérans de ces efforts ont fait remarquer qu’il y avait souvent peu de « paix » à « maintenir » dans les lieux où ils servaient — une référence au fait que les membres des Forces armées canadiennes sont souvent appelés à intervenir dans des situations où la violence est encore courante et l’environnement est loin d’être paisible.

Une tradition qui se poursuit

Les premiers efforts de maintien de la paix du Canada au Moyen-Orient n’étaient que le début d’une fière tradition de service qui se poursuit depuis. Les régions où les Gardiens de la paix canadiens ont servi couvrent véritablement le monde, notamment des lieux aussi divers que Chypre, le Congo, les hauteurs du Golan, l’Inde et le Pakistan, les Balkans, le Cambodge, Haïti, le Rwanda, le Timor oriental, le Soudan et le Mali.

Bien que le danger soit toujours présent dans ce genre de missions, les efforts de paix du Canada dans les Balkans dans les années 1990 ont été une situation révélatrice. Nos troupes se sont déployées dans un endroit où les affrontements armés et la violence ethnique étaient encore répandus. En effet, des soldats canadiens prendront part à l’échange de tirs le plus intense que nos troupes aient connu depuis la guerre de Corée lors d’une bataille à la poche de Medak en Croatie en septembre 1993.

La nature du maintien de la paix a également évolué d’autres manières depuis les années 1990. Les opérations de paix sont maintenant souvent davantage multidimensionnelles. En plus d’aider à maintenir la paix et la sécurité, les soldats de la paix sont également fréquemment appelés à aider à protéger les droits de la personne, à rétablir la primauté du droit et à organiser des élections. Bien que le niveau de participation du Canada à ces opérations ait fluctué au fil des ans, la réputation d’expertise de nos militaires dans ce domaine spécialisé est bien connue. En effet, la longue tradition du Canada en matière de maintien de la paix demeure un élément important de notre identité internationale et un élément permanent de fierté nationale.

Faits et chiffres

• Plus de 125 000 membres des Forces armées canadiennes ont participé à des missions internationales de maintien de la paix dans des dizaines de pays au cours des sept dernières décennies. Les troupes qui servent dans les opérations de l’ONU portent généralement des casques ou des bérets bleus, des couvre-chefs emblématiques qui en sont venus à symboliser le maintien de la paix pour de nombreuses personnes.
• En tant que principal contributeur aux missions de maintien de la paix des années 1960 aux années 1990, le Canada comptait en moyenne quelque 1 500 militaires déployés à tout moment dans le cadre de ces efforts. Cependant, au plus fort de la participation de notre pays au maintien de la paix au début des années 1990, près de 4 000 Canadiens servaient sous le drapeau de l’ONU.
• Des membres de la Gendarmerie royale du Canada, ainsi que d’autres policiers provinciaux et municipaux, ont également participé à de nombreuses missions de maintien de la paix. Depuis 1989, plus de 4 000 d’entre eux ont voyagé loin de chez eux pour aider à établir des services de police efficaces dans des régions troublées.

Héros et bravoure

• En 1988, le prestigieux prix Nobel de la paix a été attribué collectivement aux Gardiens de la paix du monde entier, dont des milliers de Canadiens, qui avaient servi dans des missions de l’ONU au fil des ans. Cet honneur a inspiré notre pays à créer la Médaille canadienne du maintien de la paix. Des dizaines de milliers de vétérans et de membres encore en service des Forces armées canadiennes portent fièrement cette décoration.
• Les efforts des soldats de la paix sur le terrain se caractérisent souvent par la persévérance et la compassion. Par exemple, pendant les efforts de paix en Somalie au début des années 1990, la capitaine de corvette (marine) Heather MacKinnon a dirigé une clinique médicale, travaillé dans des hôpitaux et des orphelinats et fourni de l’aide humanitaire aux victimes de la guerre et de la famine dans la capitale, Mogadiscio. Les risques étaient bien réels, mais elle a aidé de nombreuses personnes pendant cette période de grands bouleversements et a jeté les bases de futurs efforts de secours.

Sacrifices

Les missions de maintien de la paix ont souvent des effets positifs, mais les difficultés qu’elles présentent ne sont pas faciles à gérer. Être séparé de ses amis et de sa famille pendant des mois, être témoin d’une violence extrême, faire face à la possibilité de devoir recourir à la force et vivre avec la conscience que l’on puisse être tué ou gravement blessé sont quelques-uns des défis que les vétérans du maintien de la paix connaissent bien. Environ 130 membres des Forces armées canadiennes sont morts au cours d’opérations de maintien de la paix et beaucoup d’autres ont subi des blessures physiques et psychologiques qui peuvent durer toute une vie.

De nombreux Canadiens ont participé à plusieurs missions internationales au cours de leur carrière militaire, accomplissant à maintes reprises leurs fonctions spéciales dans un contexte de danger. Un exemple de ce dévouement était l’adjudant-maître Mark Isfeld de la Colombie-Britannique. Il était sapeur de combat et a participé à trois missions de maintien de la paix avant de perdre la vie dans l’explosion d’une mine terrestre dans les Balkans en 1994. Ce soldat était connu pour donner aux enfants des régions déchirées par la guerre des poupées faites à la main que sa mère avait fabriquées pour essayer de leur apporter un peu de bonheur. Après sa mort, l’adjudant-maître Isfeld a commencé à être connu pour la façon dont il avait touché la vie des enfants. Des milliers de poupées ont commencé à affluer de la part de personnes du Canada entier qui avaient décidé d’en fabriquer pour d’autres Gardiens de la paix canadiens afin de les distribuer à l’étranger et de perpétuer cette généreuse tradition. Ces cadeaux d’amour sont devenus connus sous le nom de « poupées Izzy » en son honneur.

Les Gardiens de la paix canadiens ont fait de grandes contributions, mais leurs sacrifices ont été lourds. Ces personnes courageuses occupent une place d’honneur dans la fière histoire militaire de notre pays aux côtés des militaires des générations passées qui ont pris part aux guerres mondiales. Le Canada rend hommage à ces héros de bien des façons. Réconciliation – le Monument du maintien de la paix est un puissant monument commémoratif au centre-ville d’Ottawa. Il a été inauguré en 1992. Les noms des Canadiens qui ont sacrifié leur vie dans ces efforts sont inscrits dans le septième Livre du Souvenir, intitulé Au service du Canada. La Journée nationale des Gardiens de la paix est également célébrée chaque année le 9 août, un moment spécial pour se souvenir de tous ceux qui ont tant fait pour la paix, la sécurité et les droits de la personne.