La libération de la Belgique
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Des dizaines de milliers de militaires canadiens ont joué un rôle de premier plan dans la libération de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale. Nos soldats, marins et aviateurs courageux ont aidé les Alliés à vaincre l’armée allemande et à restaurer la paix et la liberté dans ce pays, après plus de quatre années d’occupation brutale.
La forteresse de l’Europe
En septembre 1939 éclate la Seconde Guerre mondiale, qui fut acharnée. Au printemps 1940, l’Allemagne envahit ses pays voisins à l’ouest et la Belgique devait être l’une des nations bientôt conquises. En effet, une grande partie de l’Europe allait passer sous contrôle allemand dans les premières années du conflit.
La Belgique devait beaucoup souffrir sous l’occupation ennemie. Les droits fondamentaux furent suspendus et de nombreux civils furent contraints de travailler sur des projets allemands. Tragiquement, des dizaines de milliers de membres de la population juive du pays allaient également perdre la vie dans l’Holocauste.
Les Allemands savaient que les Alliés finiraient par essayer de débarquer en Europe occidentale pour libérer son peuple. Dans le cadre de la stratégie militaire ennemie, une série de positions défensives solides furent érigées le long de la côte du continent pour créer ce qui allait être connu sous le nom de la « Forteresse de l’Europe ». Les Allemands observaient derrière leurs formidables lignes d’obstacles sur les plages, de canons, de champs de mines, de dispositifs en béton et de barbelés, dans l’attente que les Alliés passent à l’action.
Après plusieurs raids de petite envergure pour tester les défenses ennemies et recueillir des renseignements, notamment l’attaque canadienne à Dieppe, en France, en 1942, les Alliés débarquent sur les plages de Normandie le jour J, le 6 juin 1944. C’était le coup d’envoi pour libérer l’Europe depuis l’ouest, et la Belgique allait bientôt en voir les fruits.
La percée des Canadiens
Après d’âpres combats en Normandie dans les mois qui suivirent le jour J, les Allemands assiégés commencèrent finalement à céder du terrain. Nos troupes effectuèrent une percée au nord et à l’est contre les forces ennemies qui battaient à présent rapidement en retraite. La Première Armée canadienne reçut l’ordre de sécuriser les ports le long de la Manche au fur et à mesure de leur avance le long de la côte française, en Belgique et aux Pays-Bas en route vers l’Allemagne.
L’avance des Canadiens revêtait une importance particulière pour les Alliés qui avaient un besoin crucial d’un port pouvant servir à de grands navires de transport. Les Alliés se servaient toujours principalement d’installations vulnérables et temporaires qu’ils avaient construites le long des plages de la Normandie afin de ravitailler leurs forces. Il était vital pour les Alliés de continuer d’envoyer des soldats, des munitions et du ravitaillement vers les lignes de combat.
L’arrivée en Belgique
Au début de septembre 1944, la Première Armée canadienne, avec des Britanniques, des Polonais et d’autres troupes sous son commandement, avait libéré une grande partie de la côte française au nord-est de la Normandie. Au fur et à mesure que les Canadiens avançaient, ils isolèrent un certain nombre de villes côtières fortifiées, laissant ces forteresses, coupées de tout, aux mains de l’ennemi tandis que la plupart des forces allemandes continuaient de reculer. Dégager ces positions fortement défendues allait demander de grands efforts dans les semaines qui suivirent. Nos troupes trouvèrent également des sites de lancement abandonnés de bombes volantes V-1 ou « Buzz bomb » qui visaient le sud-est de l’Angleterre. Le démantèlement de ces terrifiantes armes aériennes fut un grand soulagement pour le peuple britannique et une grande satisfaction pour les Canadiens.
La résistance allemande semblait vaciller à certains endroits et les Alliés étaient persuadés que la guerre se terminerait rapidement. Bruxelles, la capitale de la Belgique, est libérée par les forces britanniques dans les premiers jours de septembre. La 4e Division blindée canadienne entra en Belgique le 6 septembre et se fraya un chemin à travers la région d’Ypres et de Passchendaele, où les troupes canadiennes avaient également connu des combats intenses une génération plus tôt pendant la Première Guerre mondiale. La 2e Division d’infanterie canadienne, se déplaçant le long de la côte, franchit également la frontière belge pour s’emparer de la ville portuaire d’Ostende le 9 septembre.
Lorsque les soldats canadiens arrivèrent dans les villages belges, certains avaient été désertés par l’ennemi, mais d’autres ne furent libérés qu’au prix de batailles brèves, mais coûteuses. De grandes parties de l’ouest de la Belgique furent rapidement libérées alors que les Allemands rassemblaient leurs défenses dans des endroits stratégiques. La libération ne fut pas toujours rapide, cependant. La bataille pour traverser le canal de Gand, par exemple, s’avéra très ardue.
La bataille de l’Escaut
Les premiers ports libérés dans le nord-ouest de l’Europe au cours de l’été 1944 étaient soit trop petits, soit trop endommagés pour résoudre les problèmes d’approvisionnement des Alliés. Anvers, un des ports importants en Belgique, fut capturé relativement intact au début du mois de septembre. Le problème était que pour atteindre Anvers depuis le large, les navires de transport alliés devaient parcourir environ 80 kilomètres le long de l’estuaire de l’Escaut occidental. Cette longue voie navigable étroite traversait des régions de la Belgique et des Pays-Bas encore contrôlées par les Allemands, rendant impossible l’accès au port en toute sécurité.
Avec l’échec de l’ambitieuse opération Market-Garden aux Pays-Bas dans la seconde moitié de septembre 1944, les Alliés comprirent que la guerre en Europe ne se terminerait pas cette année-là. Cette dure réalité signifiait qu’ils devaient tenir sur le long terme et qu’il était crucial de disposer d’un port utilisable. C’est en grande partie à la Première Armée canadienne que revint la tâche vitale de déloger l’ennemi de l’Escaut, permettant aux Alliés de se servir du port tentaculaire d’Anvers.
La Première Armée canadienne fit une première tentative pour repousser l’ennemi à travers le canal Léopold et le canal de dérivation de la Lys puis entrer dans la poche de Breskens, mais ce fut un échec. Cependant, la campagne visant à dégager des parties du territoire belge et néerlandais le long des rives sud de l’Escaut à l’ouest d’Anvers se révéla plus fructueuse. Toutefois, la résistance féroce qui fut opposée montra clairement que la capture de l’Escaut allait demander un effort sanglant.
La bataille de l’Escaut débuta réellement le 2 octobre 1944. La majeure partie de ce combat se déroula sur un terrain plat et souvent inondé qui offrait aux Canadiens peu d’endroits pour se mettre à couvert durant leur avancée. La libération de ce territoire s’obtint à un coût énorme : la boue collait aux hommes et à l’équipement; il fallait franchir de nombreuses digues et bien des canaux; et, surtout, affronter un ennemi aguerri, bien retranché. En effet, l’une des batailles les plus rudes de la guerre fut la traversée du canal Léopold, dans le nord-ouest de la Belgique, dont les abords formés de tranchées étaient détrempés, un objectif âpre qui fut finalement atteint au cours de la deuxième semaine d’octobre.
Malgré les nombreuses difficultés, les Alliés firent preuve de persévérance dans un combat acharné qui fera rage pendant des semaines à l’automne 1944. Les dernières portions du territoire belge tenues par les troupes ennemies lors de la bataille de l’Escaut furent libérées le 3 novembre. Le 8 novembre, les dernières troupes allemandes en terres néerlandaises le long de l’Escaut furent également contraintes de se rendre. L’estuaire de l’Escaut fut débarrassé des mines marines allemandes et, vers la fin novembre, Anvers fut finalement ouvert à la navigation alliée. Comme il se doit, le premier navire allié à y arriver fut le navire de charge SS Cataraqui, construit au Canada.
Les sacrifices
La victoire en Belgique fut acquise à un prix élevé. Plus de 6 000 soldats canadiens subirent des blessures au cours de la bataille de l’Escaut et plus de 800 sont inhumés en Belgique dans des cimetières de la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth. Ils consentirent au sacrifice ultime pour aider à libérer le peuple belge.
Nos troupes courageuses qui participèrent à la libération de la Belgique faisaient partie du million et plus de Canadiens qui portèrent l’uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, plus de 45 000 d’entre eux y perdirent la vie. Beaucoup d’autres revinrent chez eux l’âme et le corps meurtris pour la vie.
Héritage
Les efforts impressionnants déployés par le Canada au cours de la Seconde Guerre mondiale demeurent une source de grande fierté nationale, même plusieurs décennies plus tard. Bien des vétérans allaient raconter que les Belges, sortant de leurs villes, accueillirent les libérateurs canadiens dans une explosion de joie et les couvrirent de milliers de fleurs, pendant que l’ennemi était poursuivi sans relâche.
Les soldats qui contribuèrent à libérer la Belgique étaient de véritables héros, mais ces héros étaient aussi des gens comme les autres. C’était des personnes qui décidèrent de mettre leur vie en jeu pour défendre les droits de la personne des autres et vaincre les forces de la tyrannie. Le Canada et le monde se doivent d’être reconnaissants envers ces Canadiens courageux pour leurs réalisations et leurs énormes sacrifices.
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