Sortons les craies pour le Souvenir

Il y a plus de cent ans, au cours de la Première Guerre mondiale, le Corps canadien a reçu l’ordre de capturer la crête de Vimy, dans le nord de la France, en avril 1917. Pour y parvenir, les membres du Corps savaient qu’ils devaient planifier minutieusement l’attaque, s’y exercer et la mettre à exécution, afin que les troupes se rendent efficacement aux lignes ennemies.

Les soldats ont passé des semaines à s’entraîner intensivement. Ils ont utilisé des modèles réduits qui représentaient le champ de bataille, ainsi que des cartes et des photographies pour s’orienter. Ils ont aussi creusé des tranchées pour se cacher avant de passer à l’assaut au début de l’attaque.

Pour assurer la sécurité des hommes et cacher les fournitures avant l’attaque, les ingénieurs ont creusé des tunnels de 10 mètres de profondeur pour les soldats. On y a descendu les hommes qui ont attendu pendant des heures. Ces tunnels étaient sombres, froids et humides et avaient des murs de craie, une roche sédimentaire calcaire blanche, à grain fin et tendre.

Pour passer le temps avant l’attaque à la crête de Vimy, et pour laisser des traces de leur passage sur la Terre (plusieurs pensaient qu’ils ne survivraient pas à la bataille), les soldats ont commencé à recouvrir les murs de craie de leur « cachette » avec leurs pensées, souvenirs, espoirs et peurs sous forme de graffitis. Les graffitis variaient, allant de gravures de base du nom des soldats à des poèmes et à des dessins évoquant des souvenirs de la vie au Canada avant la guerre.

En plus des graffitis, les hommes ont fait des gravures bien détaillées sur les murs souterrains en craie. Nombre de soldats avaient un grand sens artistique. Ils ont créé des gravures incroyables d’insignes régimentaires, ou de symboles de l’identité canadienne, ou encore des gravures d’objets personnels qui représentaient des souvenirs heureux rappelant leur coin de pays. Un poisson, un canot, un champ de blé, une feuille d’érable... Les soldats Thomas Mason et William Percy Beckett ont même gravé une boîte aux lettres, dans laquelle ils pouvaient déposer des lettres destinées à des êtres chers au pays!

Dans certains cas, ces gravures seraient la dernière expression écrite des soldats, puisque plusieurs sont décédés lors de l’assaut et la bataille intense dans les jours qui ont suivi.

Plus d’un siècle plus tard, sous ces champs de bataille meurtris par les tranchées de la Première Guerre mondiale en France, on trouve encore plusieurs de ces gravures, comme celle d’un cochon gravé par Earl Lacey qui était agriculteur en Ontario avant la guerre. Il n’a pas survécu à la guerre. Cependant, même si plus de cent ans ont passé, la queue du cochon en forme d’un tire-bouchon est toujours visible sur le mur de craie.

Des reproductions en 3D ont été faites et des photographies ont été prises de ces gravures. Elles font dorénavant partie d’expositions au Canada et en France qui racontent l’histoire que les soldats ont vécue en termes d’amitiés, d’ennui, de décès et de nostalgie dans ces tunnels souterrains.

Dans l’histoire de l’humanité, le graffiti a été un moyen d’expression publique populaire et fondamental. On a qu’à penser aux grottes de Lascaux ou encore aux graffitis modernes. Il s’agit d’un moyen de communiquer des idées visuelles de manière simple et efficace. Vous avez peut-être vu des tableaux dans votre collectivité sur lesquels les gens peuvent noter leurs pensées. Pourquoi ne pas créer un tableau dans la classe ou un tableau blanc électronique axé sur le Souvenir? Vous pourriez tous faire un dessin ou écrire une pensée au sujet du Souvenir ou de la bataille de la crête de Vimy, prendre une photo de votre tableau, et la partager sur les médias sociaux en ajoutant #LeCanadaSeSouvient. Soyez respectueux de l’endroit où vous apposerez votre art du Souvenir, car dessiner ou écrire sur une propriété sans le consentement est considéré comme du vandalisme. Cette activité est une manière de se souvenir des Canadiens qui ont servi lors de la bataille de la crête de Vimy et de les remercier. Leur service et leurs sacrifices nous aident maintenant à vivre dans un pays libre. Il ne faudrait cependant pas abuser de cette liberté! Veuillez faire vos graffitis à un endroit approprié.