Soldat (à la retraite) Maurice Gauthier
Maurice Gauthier est né en 1924 à Hull, au Québec, et s’est engagé en août 1944 alors qu’il n’était âgé que de 20 ans. Il suivait ainsi les traces de son frère aîné, qui s’était déjà engagé pour servir à l’étranger. M. Gauthier a servi au sein des Fusiliers Mont-Royal en Belgique, en Allemagne et en Hollande.
Il s’est rendu en Angleterre à bord du SS Le Pasteur. Il se rappelle que le bateau était tellement plein que lui et ses amis étaient serrés comme des sardines et devaient parfois dormir dans les escaliers. C’était une entrée en matière plutôt raide pour quelqu’un qui ne connaissait pas grand-chose à la vie militaire.
« Il n’y avait pas beaucoup de soldats dans notre famille. Je crois qu’un de mes oncles est allé à la guerre de 1914, mais sinon, je n’ai pas été élevé dans une famille militaire; je ne connaissais pas vraiment cette réalité. »
Au début de 1945, après sa formation en Angleterre, M. Gauthier a été envoyé en Belgique. Son arrivée là-bas a été angoissante, car l’avion a dû faire deux ou trois tours avant de pouvoir atterrir : le terrain d’aviation avait été bombardé, et il a fallu que le pilote se pose sur des feuilles de métal disposées en guise de piste.
« C’était mon frère! »
De la Belgique, M. Gauthier s’est rendu à Nimègue, aux Pays-Bas. C’est là qu’il est tombé par hasard sur son grand frère.
« À Nimègue, ils ont voulu savoir si tout le monde était là et ils ont pris les présences. Et là, j’ai remarqué quelqu’un parmi les rangs : c’était mon frère! »
Son frère lui a alors donné son casque et ses bottes, dans l’espoir qu’ils lui portent chance. Le casque, en tout cas, lui a vraiment porté chance pendant sa première bataille : dans une explosion, il fut frappé à la tête, mais grâce au casque, il s’en est tiré indemne. Le cadeau de son frère lui avait sauvé la vie.
Pendant la traversée des forêts de Reichwald et de Hochwald, M. Gauthier et son unité ont été attaqués par les forces allemandes. « Tout ce que je voyais, c’était les balles traçantes qui filaient tout autour de moi. On devait aussi faire attention aux pièges, car les Allemands avaient stocké des munitions dans le sol. » Il fallait avancer avec beaucoup de vigilance. Les ingénieurs de l’unité ont réussi à trouver la plupart des pièges et à les désactiver. Deux des amis de M. Gauthier ont été blessés pendant ces batailles, et il ne les a jamais revus.
Aux Pays-Bas, le terrain était difficile, car il y avait beaucoup de canaux à franchir. Il fallait traverser les cours d’eau dans des petits bateaux à voile. À un moment donné, M. Gauthier s’est retrouvé dans l’eau tandis que les balles sifflaient autour de lui.
Tout au long de la campagne de libération des Pays-Bas, M. Gauthier a constaté à quel point les Néerlandais étaient affamés. Il se souvient tout particulièrement de jeunes filles qui fouillaient dans les ordures pour trouver de quoi manger. Il a donc décidé de demander au cuisiner de garder la nourriture qui allait aller aux poubelles, comme du bœuf en conserve – un mets qui ne faisait pas l’unanimité chez les soldats – pour la donner aux jeunes Néerlandaises. Il a fait de même avec des vêtements excédentaires dont les soldats avaient fait don.
« Oh, ils étaient aussi contents que nous. »
M. Gauthier se trouvait à Oldenbourg, en Allemagne, quand il a appris que la guerre était terminée en Europe. Tout le monde était tellement heureux que la guerre soit finie, que même les Allemands faisaient la fête. M. Gauthier se souvient d’avoir vu un soldat canadien et un soldat allemand traverser la ville ensemble à moto pour célébrer la fin des hostilités.
« Oh, ils étaient aussi contents que nous. »
En l’honneur du 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas et du jour de la Victoire en Europe, Maurice Gauthier est le Visage de la liberté de cette semaine.
Malheureusement, M. Gauthier est décédé en 2018, mais nous préservons son héritage.
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