
S'est enrôlé
1993
Affectations
- Petawawa, ON,
- Greenwood, NS,
- Halifax, NS
- Kingston, ON
Déploiements
- Afghanistan
- Égypte
- Sri Lanka
Introduction
Après avoir joué 63 cérémonies d’adieu en Afghanistan, le caporal-chef James Gendron était prêt à accrocher sa cornemuse pour de bon.
Il ne pouvait plus supporter le poids émotif des mélodies solennelles d’« Amazing Grace » ou de « Flowers of the Forest », la complainte écossaise pour les proches perdus.
« À la fin de ma mission, je me disais que c’en était fini de la cornemuse », raconte-t-il.
Je l’ai rangée pendant quelques années. Chaque fois que je la voyais, ça me ramenait là-bas, à une autre cérémonie d’adieu. Je fermais les yeux, je ne voulais pas revivre ces moments-là. »
C’est alors qu’il a décidé de mettre son instrument en vente sur Kijiji.
« Heureusement, ce n'est pas un instrument très à la mode et personne ne l'a acheté », plaisante-t-il.
Son annonce est restée ainsi sans réponse, ce qui lui a permis de vivre un moment qu'il n'oubliera jamais.Dix ans plus tard, il a joué « Joyeux anniversaire » pour le prince Harry à titre de cornemuseur non officiel d'Équipe Canada aux Jeux Invictus de Dusseldorf, en Allemagne, en 2023.

James Gendron en Afghanistan en 2008.
Le prince Harry ému
Après avoir entendu son récit chargé d’émotions, le prince Harry a évoqué l’histoire de James Gendron lors de son discours de clôture des Jeux Invictus.

Gendron et le prince Harry s'enlacent après le discours de clôture des Jeux Invictus de Dusseldorf, en Allemagne.
« Je n’avais aucune idée de ce que l’instrument signifiait pour lui, je ne savais pas quels souvenirs ça déclenchait en lui », a déclaré le prince Harry.
« Pour 63 cercueils, pour 63 âmes, pour 63 familles. Après cette dernière cérémonie d’adieu, il ne pouvait plus toucher à l’instrument. Cette semaine, il ne savait même pas s’il arriverait à en jouer. Mais il l’a fait. Ce qui le hantait autrefois, oserais-je dire, peut maintenant devenir ce qui l’aide à guérir. Merci, James, pour ton service, pour ton courage et pour avoir partagé ton don. »
James Gendron et le prince se sont enlacés après le discours et un photographe a capté l’instant.
« C’était très émouvant », confie-t-il.
Déploiements éprouvants
James Gendron, un conducteur de matériel mobile de soutien, s’est enrôlé dans les forces en 1994 à Windsor, en Ontario. Il a participé à quatre déploiements (deux fois en Afghanistan, en 2003 et 2008, en Égypte en 2012 et au Sri Lanka en 2015).
Il a travaillé comme chauffeur lors de son premier déploiement à Kaboul, en Afghanistan, en 2003. Il se souvient avoir été « nerveux » à l’arrivée sur les lieux, quelques heures à peine après que le caporal Jamie Murphy ait été tué par un kamikaze.
« Jamie n’avait plus que huit jours à faire avant de retourner à la maison. C’était bouleversant », raconte-t-il.
« On ne sait jamais vraiment comment on va réagir avant d’être plongé dans une telle situation. »
Retour en Afghanistan
En 2008, il a de nouveau été envoyé en Afghanistan, cette fois-ci à Kandahar.
« J’étais chargé du ravitaillement en carburant. On devait m’envoyer dans un poste d’observation pour six mois », explique-t-il.
Je n’y étais que depuis à peu près une semaine quand j’ai reçu un courriel du commandant de la force opérationnelle qui disait qu’on avait besoin de moi à l’aérodrome pour mon "talent spécial". »
« Je ne comprenais pas, je me disais : "Je ne suis qu’un camionneur, je ne suis pas un spécialiste." J’ai donc lu le reste courriel et il était écrit "vous êtes le seul cornemuseur de la force opérationnelle.
Nous avons donc besoin que vous reveniez et que vous assuriez la cérémonie d’adieu".
Il a donc été chargé de jouer de la cornemuse pour marquer le rapatriement de chaque soldat mort, peu importe leur pays d’origine. « Je recevais un appel et on me donnait les détails de l’endroit où je devais me rendre. Je m’occupais des cérémonies d’adieu à l’aérodrome à Kandahar et on me réveillait à trois heures du matin, huit heures du soir, six heures du matin. Et c’était en plus de mon travail habituel. »
Il a fini par jouer pour 63 cérémonies d’adieu, une tâche qui s’est avérée de plus en plus éprouvante.
Second souffle

James Gendron en uniforme d'orchestre militaire traditionnel.
Le caporal-chef Gendron n’a pas repris la cornemuse que cinq ans plus tard, alors qu’il était stationné à Halifax et qu’il a décidé de se joindre à l’orchestre militaire pour les dîners régimentaires.
Il ne pouvait toutefois toujours pas jouer les deux pièces des cérémonies d’adieu.
« Je n’étais pas dans le bon état d’esprit, ça m’a pris du temps », dit-il.
Au cours de ses deux décennies et demie de service militaire, il explique qu’il s’était entraîné à simplement encaisser les coups, passer à autre chose et continuer à se battre.
« Il ne faut aller de l'avant, ne surtout pas montrer de faiblesse, ne pas pleurer... Tu ne peux pas avoir une mauvaise journée. Mon commandant d’instruction m’a dit "Tu es un caporal-chef. Tu ne peux pas avoir une mauvaise journée parce que tes troupes ne peuvent pas voir ça".
James Gendron a depuis reçu un diagnostic d’ESPT.
« Toutes les blessures ne sont pas visibles », résume-t-il. En 2021, il a reçu un diagnostic de leucémie que les médecins croient liée à son exposition aux fosses de brûlage en Afghanistan.
Lorsqu’il a été sélectionné pour faire partie de l’équipe des Jeux Invictus en 2024, il a apporté sa cornemuse au camp d’entraînement et est devenu « le joueur de cornemuse non officiel d’Équipe Canada ».
C’est ainsi qu’il a rencontré le prince Harry, qui lui a fait promettre de continuer de jouer.
« Il faut garder la foi. Il m'a dit : "Promets-moi que tu continueras à jouer de la cornemuse", raconte-t-il. Je lui ai dit que je le ferais. Il faut garder la foi comme ça. »
Avec courage, intégrité et loyauté, James Gendron laisse sa marque. Il est l’un de nos vétérans des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.
James Gendron
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