Jocelyne Eastman
« Nous nous sommes sacrifiés de la même manière. Et certains d’entre nous ont perdu leur vie de la même manière. »
S'est enrôlé
2001
Affectations
- Edmonton (Alb.)
- Wainwright (Alb.)
- Esquimalt (C.-B.)
Accepter ses deux identités
Autochtone. Femme. Vétérane. Ce sont des réalités que Jocelyne Eastman, Cpl (retraitée) a toujours été fière d’accepter comme son identité et dans le cadre du service de son pays.
Elle savait que les vétérans et vétéranes autochtones avaient été, par le passé, dépouillés de leur identité pendant leur service et elle ne voulait pas que cela lui arrive. « Tous ces éléments importants qui façonnent une personne peuvent parfois se perdre pendant le service », a-t-elle dit.
Mme Eastman se souvient de l’histoire de son oncle qui, lors de son service dans la Marine, a été forcé, comme bien d’autres, de choisir entre être Autochtone et être militaire. Elle s’est promis de ne jamais faire ce choix. Elle a accepté ses deux identités et continue d’aider les autres à faire pareil.
Début de sa carrière
Mme Eastman, qui est d’origine ojibwée crie, a grandi à Fort McMurray, en Alberta, où elle a servi au sein des cadets. Elle a tellement aimé son expérience qu’elle s’est enrôlée dans les Forces armées canadiennes à l’âge de 29 ans, après avoir obtenu un diplôme d’études collégiales.
« C’est une communauté bien différente d’une communauté en dehors des forces armées », a-t-elle expliqué. Sa carrière a commencé dans la Réserve de l’armée, où elle a travaillé à titre de commis de soutien à la gestion des ressources.
Mme Eastman a travaillé dans la Réserve de 2001 à 2012, puis elle a été mutée dans les forces aériennes où elle a servi jusqu’à sa libération. Lors de sa première affectation à Esquimalt, elle a travaillé à bord d’un navire de la Marine, ce qui veut dire qu’elle a servi dans tous les secteurs de l’armée.
Culture autochtone
Peu importe où sa carrière l’a menée, Mme Eastman a toujours été fière de son identité autochtone. Toutefois, les militaires autochtones ne se sentaient pas tous comme elle.
Jocelyne Eastman dit qu’elle se sent chanceuse, car elle a toujours été très fière de son origine autochtone.
En raison de l’hypothèse erronée selon laquelle les Autochtones « recevaient déjà de l’aide », ces derniers n’ont jamais reçu les mêmes avantages que les autres militaires canadiens.
« Ils n’ont jamais enquêté là-dessus parce qu’à l’époque, c’était un sujet très sensible. »
Aujourd’hui, le gouvernement a réalisé d’importants progrès en matière de reconnaissance du rôle des Autochtones dans les Forces armées canadiennes. Mme Eastman affirme, cependant, que de nombreux vétérans et vétéranes autochtones ignorent encore l’existence des programmes et des avantages auxquels ils ont droit. Des décennies de traumatismes historiques ont empêché un bon nombre d’entre eux de demander de l’aide.
Défense des intérêts des membres des FAC et des vétérans autochtones
En 2010, l’Alberta a décerné à Mme Eastman le prestigieux prix Esquao, en reconnaissance du travail qu’elle a accompli pour favoriser l’avancement des femmes autochtones dans l’armée. À ce moment-là, elle a su qu’elle avait le pouvoir d’inspirer un changement pour les militaires autochtones. « Je pense que ce fut, pour moi, l’élément moteur qui m’a réellement poussée à continuer d’aller de l’avant avec le rôle de défenseur des droits », a-t-elle avoué.
Jocelyne Eastman se dit fière de son travail de défense des droits et qu’elle continuera de travailler pour sa communauté.
À sa base à Edmonton, elle s’est impliquée dans le Groupe consultatif des Autochtones de la Défense et a aidé à mettre en place la première hutte de sudation de la base, ainsi que la célébration de la Journée nationale des Autochtones et de la Semaine nationale des Autochtones. L’Aboriginal Veterans Society of Alberta a participé et apporté son appui à plusieurs de ces projets.
« [L’organisation] a réellement mis de l’avant la sensibilisation qui fait partie du processus de changement et d’évolution », a-t-elle affirmé. Pendant le reste de sa carrière militaire, Mme Eastman a défendu les droits des militaires autochtones.
Regarder vers l’avenir
En 2017, elle a été libérée des Forces en raison d’un état de stress post-traumatique. Elle a trouvé difficile de trouver la bonne personne lui permettant d’avoir accès à des options de traitement et n’a appris qu’après sa libération qu’elle aurait pu continuer à travailler avec les soins adéquats.
Bien que Mme Eastman pense qu’il reste du travail à faire dans la prestation des services aux militaires et vétérans autochtones, elle dit que de nombreuses améliorations ont été apportées. Elle estime qu’il y a une meilleure communication avec les vétérans et une sensibilisation accrue à l’aide disponible.
« J’ai l’impression que c’est même un peu plus facile pour les vétérans d’aujourd’hui que ce l’était quand j’ai été libérée. »
Aujourd’hui, elle continue de défendre les droits des militaires et vétérans autochtones. Elle dit que son travail ne s’arrête pas là, même si elle a rangé son uniforme.
Jocelyne Eastman a perlé cette pièce de vêtement pour ses insignes de pow-wow en commémoration de son service et pour mettre en lumière les vétérans autochtones. Elle espère la porter un jour à Ottawa, la Journée des vétérans autochtones, le 8 novembre.
« Notre travail paraît simplement différent, mais nous continuons tout de même de servir. »
Elle encourage les recrues autochtones à conserver leur identité et conseille aux vétérans et vétéranes d’explorer les programmes et les avantages qui leur sont offerts par Anciens Combattants Canada. Elle dit qu’il n’y a rien de mal à être à la fois canadien et autochtone et qu’il est gagnant d’accepter les deux identités.
« Vous pouvez être les deux et vous devriez en être fier, car, en tant qu’Autochtone, vous contribuez à la société de la façon la plus positive qui soit. »
Elle ajoute qu’il est important de reconnaître que les militaires et les vétérans autochtones ont autant contribué au Canada que les Canadiens non autochtones.
Avec courage, intégrité et loyauté, Jocelyne Eastman laisse sa marque. Elle est une vétérane des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.
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