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Soldate Martine Roy

Après son renvoi des FAC à l’âge de 19 ans, Martine Roy, survivante de la Purge et responsable du recours collectif mené par les survivants et survivantes de la Purge, a consacré sa carrière à défendre la communauté 2ELGBTQI+ du Canada. En 2023, elle a été nommée membre de l’Ordre du Canada pour son plaidoyer en faveur de la diversité, de l’inclusion et de l’équité.

Montréal (Québec)

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Martine Roy à Montréal pour le Forum des vétéranes en mars 2024

Enrôlement

1983

Martine Roy affirme qu’elle était « un peu punk » lorsqu’elle s’est enrôlée dans l’armée à l’été 1983.

« J’avais les cheveux vraiment hérissés, honnêtement, je ne savais pas ce que je faisais », se rappelle la native de Montréal.

Elle téléphonait tous les jours à sa mère pour lui dire qu’elle voulait rentrer à la maison, que les règles et règlements de la vie militaire n’étaient pas faits pour elle.

« J’avais peur. Je disais : "Sortez-moi d’ici, où suis-je? Ils sont fous" », dit-elle.

Elle a néanmoins persisté à terminer son instruction de base et sa formation en anglais.

Et, comme le temps et la familiarité apportent le réconfort, Mme Roy est devenue une « soldate très fière ».

Quatre décennies plus tard, cette soldate « un peu punk » a survécu à une expérience traumatisante après avoir été expulsée de l’armée pour homosexualité, et elle est devenue une véritable légende dans les milieux de la défense des droits au Canada.

En 1983, Mme Roy travaillait dans la cuisine de la pharmacie militaire de Borden, en Ontario, où elle vivait dans des casernes et appréciait la camaraderie avec les autres adjointes médicales.

« J’ai vraiment aimé la fraternité qui y régnait, l’attention que nous portions les unes aux autres », dit-elle.

Martine Roy, au centre, à Farnham, au Québec, en 1983

À l’époque, elle fréquentait des hommes et des femmes, mais on lui avait conseillé de mettre bien en valeur son petit ami pour éviter que ses supérieurs militaires commencent à fouiner dans sa vie privée.

« Ils vont le découvrir », l’avait-on prévenue.

Sa petite amie et elle ont donc conservé leurs petits amis respectifs et se fréquentaient en cachette.

Puis, elle a été arrêtée.

« J’avais vraiment peur, je ne comprenais pas. »

« Suis-je en état d’arrestation? ai-je demandé. Qu’est-ce que j’ai fait? », a-t-elle dit en pensant soudainement aux quelques fois où elle avait fumé du cannabis.

Son professeur d’anglais était présent dans la salle d’interrogatoire, pour s’assurer qu’elle comprenait ce qui se passait, lui a-t-on dit.

Son interrogatoire « dur et humiliant » s’est terminé après avoir avoué qu’elle avait eu des relations lesbiennes.

« Je n’ai jamais pensé que mon orientation sexuelle était un crime », dit‑elle.

Elle a été envoyée en traitement psychiatrique, a poursuivi son instruction et, après quelques mois, on lui a proposé un nouveau contrat de trois ans dans le domaine de la recherche en communication, un poste de niveau très secret.

Elle a appelé son père pour lui annoncer fièrement qu’elle s’était acheté une Hyundai Pony flambant neuve, couleur champagne.

Quelques mois plus tard, elle a été convoquée au quartier général du Centre médical de la défense nationale pour recevoir une nouvelle qui allait changer le cours de sa vie et de sa carrière.

« Ils m’ont dit qu’ils avaient fait une erreur, que j’étais exclue pour cause d’indignité parce que j’étais homosexuelle. Ils m’ont donné neuf jours [pour faire mes valises et partir] ».

Mme Roy a fait appel de cette décision, sans succès.

Par la suite, elle est passée d’un emploi à l’autre. Elle a travaillé dans une pharmacie civile, dans un hôpital, pour une entreprise de feux d’artifice et comme postière à Postes Canada – n’importe où cela ne lui rappelait pas l’armée et la terrible expérience qu’elle y avait vécue.

Lorsqu’IBM lui a proposé un poste en 1999, elle dit qu’elle craignait d’être victime de discrimination dans une grande entreprise d’électronique où la mentalité était probablement trop similaire à celle de l’armée.

Mais on lui a assuré qu’il s’agissait d’un employeur inclusif.

Et elle n’a pas été déçue.

Mme Roy y a passé deux décennies où elle a joué un rôle clé pour rédiger leurs politiques d’inclusion, aider à mettre en place des groupes de ressources pour soutenir les employés 2ELGBTQI+ et sensibiliser les autres membres du personnel, y compris la direction, à leurs réalités. « Nous passons 75 % de notre temps au travail, nous devons pouvoir être nous-mêmes », a-t-elle déclaré.

Ce travail de plaidoyer a permis à Mme Roy d’apporter des changements considérables qui ont amélioré la vie de nombreuses personnes.

« J’ai mon travail de jour et mon travail d’homosexuelle », explique-t-elle.

En 2016, Mme Roy a dirigé le recours collectif qui a mené le gouvernement canadien à présenter des excuses en 2017 et à créer le Fonds Purge LGBT. Un règlement a été conclu en juin 2018, qui comprenait un montant de 145 millions de dollars, dont 15 et 25 millions de dollars pour des « mesures de réconciliation et de commémoration ». Le Fonds Purge LGBT supervise la création d’un monument national à Ottawa et d’une exposition au Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg.

Mme Roy est aujourd’hui directrice régionale du développement des affaires 2ELGBTQI+ pour le Québec et l’Est du Canada à la Banque TD. Pendant dix ans, elle a été membre du conseil d’administration de Fierté au travail Canada, un organisme torontois qu’elle a cofondé.

L’année dernière, elle a été nommée membre de l’Ordre du Canada pour son dévouement à défendre la diversité, l’inclusion et l’équité dans les communautés 2ELGBTQI+ du Canada.

« Il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver ma place, là où je n’étais pas victime de discrimination. C’était mon objectif, trouver un endroit dans la vie où je pouvais être authentique et aider d’autres Canadiens et Canadiennes à s’épanouir », dit-elle.
« Tout est interconnecté. Ce sont les expériences de la vie qui nous façonnent. Ensuite, nous sommes en mesure d’aider d’autres personnes – il s’agit de transformer quelque chose de mauvais en quelque chose de bon. »

Entre les années 1950 et le milieu des années 1990, les membres LGBT des Forces armées canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale ont été systématiquement victimes de discrimination, harcelés et souvent licenciés pour des questions de politiques et de pratiques. Au cours de ce que l’on a appelé la purge LGBT, quelque 9 000 personnes ont été suivies, interrogées, maltraitées et traumatisées. Les victimes n’ont pas eu accès à des avantages sociaux, à des indemnités de licenciement, à des pensions et à des possibilités de promotion.

En 1996, la Loi canadienne sur les droits de la personne a été modifiée afin d’inclure l’orientation sexuelle parmi les motifs de discrimination interdits.

Avec courage, intégrité et loyauté, Martine Roy laisse sa marque. Elle est l’une des fiers membres des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.

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