
Table des matières
Libérateurs autochtones
La professeure néerlandaise Mathilde Roza explore les contributions durables des soldats métis et des Premières Nations à la libération des Pays-Bas en 1945 dans une exposition muséologique unique.
Nimègue, aux Pays-Bas
Une connexion interculturelle
« La libération d’un pays était chargée de sens pour de nombreux Autochtones en raison de leur expérience de la perte de leurs terres. La protection de la terre et de la communauté est un élément important de leur identité culturelle », affirme Mathilde Roza, professeure agrégée de littérature nord-américaine et d’études nord-américaines au département des langues et cultures modernes de l’université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas.
Mme Roza a créé la première exposition muséologique qui raconte l’histoire des soldats métis et des Premières Nations qui ont aidé à libérer les Pays-Bas en 1945. L’exposition s’intitule « L’histoire des membres des Premières Nations et des Métis qui ont contribué à libérer les Pays-Bas pendant la Seconde Guerre mondiale » et elle ouvre ses portes le 2 mai au Freedom Museum de Groesbeek, aux Pays-Bas.
« Pour plusieurs, mais pas pour tous, servir était une occasion de revigorer la tradition guerrière et protectrice de leur culture », souligne Mme Roza.
L’inspiration
Mme Roza explique que l’inspiration pour cette exposition lui est venue lors d’une visite au cimetière de guerre canadien à Groesbeek.
« Chaque stèle funéraire a une histoire implicite, et de nombreuses histoires différentes se rassemblent dans un cimetière. Mais les histoires personnelles des soldats sont souvent perdues dans l’histoire générale. »
Jusqu’à 4 000 personnes issues de communautés autochtones de partout au Canada ont servi dans l’armée canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre février et mai 1945, la Première Armée canadienne a libéré les Pays-Bas, a fait face à une résistance allemande féroce et a subi de lourdes pertes.
Quelque 4 600 Canadiens reposent dans des cimetières militaires aux Pays-Bas. Parmi les plus de 2 300 soldats inhumés au cimetière militaire canadien de Groesbeek, plus de 120 sont d’origine autochtone ou métisse.

Cimetière de guerre canadien de Groesbeek.
Après sa visite au cimetière de guerre canadien de Groesbeek, Mme Roza a commencé à se renseigner sur le service et les antécédents des membres des Premières Nations et des Métis des forces alliées aux Pays-Bas pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans le cadre de ses recherches, elle a visité des communautés autochtones au Canada et aux États-Unis en 2022 et 2024, rencontrant les familles de ceux qui ont servi, y compris certains qui sont décédés aux Pays-Bas.
« Parfois, les gens ne peuvent rien me dire. Vous savez, parfois, les gens ne savent vraiment pas, parce qu’ils parlent de leurs pères ou de leurs grands-pères, qui n’ont même jamais parlé de la guerre, souligne Mme Roza. Mais en général, j’ai été très touchée par leur intérêt, leur soutien et leur gratitude que les membres de leur famille soient commémorés aux Pays-Bas. »
L’exposition
L’exposition du musée comprend des photographies, des biographies, des entrevues et des objets qui racontent les histoires de soldats autochtones qui ont combattu pour libérer les Pays-Bas. Des personnes comme Robert Simon Odjick, de Kitigan Zibi, au Québec, qui est décédé le 17 avril 1945.
Michael Scott, également de Kitigan Zibi, a rapporté des sabots en guise de souvenirs.
Albert Tarbell de la Première Nation Mohawk d’Akwesasne est également présenté. Mme Roza s’est entretenue avec son fils, Mike, qui est non seulement un vétéran du Vietnam mais aussi un interprète culturel au Centre culturel iroquois de Cobleskill, dans l’état de New York. Il dit que son père a servi dans l’armée américaine et était connu pour son rôle de « transmetteur en code ».

Mme Roza est assise avec Mike Tarbell et discute de l’exposition, qui présente son père, Albert Tarbell.
Un autre vétéran présenté est Patrick Eagle Child de la nation des Pieds-Noirs en Alberta. « Il a survécu à la guerre et est retourné dans sa communauté en tant que guerrier, dit Mme Roza. Un guerrier est bien plus qu’un combattant dans une situation de combat physique : il est le gardien de la culture et de la tradition, du rituel et de la cérémonie. »
Mm Roza a également inclus dans son exposition un « enfant de la libération », né d’un père des Premières Nations et d’une mère néerlandaise. Il s’agit de Wilhelmus (« Willy ») van Ee. Il est le fils de Walter Mejaki de la Première Nation Sagamok Anishnawbek en Ontario et de Hendrike van Ee, qui sont tombés amoureux pendant la guerre. Le couple n’a pas été autorisé à rester ensemble et le jeune Willy a grandi sans connaître son héritage jusqu’à l’âge adulte.
Lorsque Willy a connu l’identité de son père, celui-ci était déjà décédé. Il a visité la Première Nation de Wikwemikong et a été accueilli par la communauté. À ce jour, son fils Mike, qui vit aux Pays-Bas, lui rend toujours visite.

Robert Simon Odjick et Jeanne Odjick posent pour une photo à Ottawa le 25 juin 1944.
L’exposition du Freedom Museum aborde de nombreux thèmes, notamment les raisons pour lesquelles les peuples autochtones ont pu participer à la lutte pour libérer un pays situé de l’autre côté de l’océan. Elle aborde la façon dont les jeunes des communautés autochtones ont grandi, y compris des informations sur les pensionnats indiens et les stéréotypes associés aux soldats autochtones.
Elle met également en lumière les batailles menées, notamment l’opération Market Garden, la bataille de l’Escaut et la libération du nord-est des Pays-Bas.
L’exposition se termine par les expériences d’après-guerre de plusieurs survivants et les contributions qu’ils ont apportées à leurs communautés d’origine. Elle aborde également des sujets tels que la commémoration, la reconnaissance et la guérison.
« J’espère que les gens viendront voir cette exposition et découvriront une partie importante de la guerre qu’ils ne connaissaient pas auparavant », dit Mme Roza.
L’exposition sera présentée au public au Freedom Museum de Groesbeek, aux Pays-Bas, du 2 mai au 30 novembre 2025.
Avec courage, intégrité et loyauté, Mathilde Roza laisse sa marque. Elle contribue à attirer l’attention sur l’héritage des vétérans et vétéranes autochtones.
Le bien-être des vétérans et vétéranes est au cœur de tout ce que nous faisons. Dans cette optique, nous reconnaissons, honorons et commémorons le service de tous les vétérans et toutes les vétéranes du Canada. Apprenez-en plus sur les services et les avantages que nous offrons.
Si vous êtes un vétéran ou une vétérane, un membre de la famille ou un aidant, le soutien d’un professionnel de la santé mentale est disponible en tout temps et gratuitement. Composez le 1-800-268-7708.
- Date de modification :