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Sergent (à la retraite) Roland Armitage

Les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale de Roly Armitage restaient très concrets, même à près de 100 ans.

Ottawa (Ontario)

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Sergent (à la retraite) Roland Armitage

S'est enrôlé

1942

Expérience opérationnelle

  • Normandie, France

Un bocal de sable était fièrement exposé à l’entrée de la chambre de M. Armitage au Centre de santé Perley-Rideau pour vétérans, à Ottawa. Sur un papillon adhésif jaune, on pouvait lire : « jour J, sable de Juno Beach. »

Les grains de sable étaient un souvenir d’un récent voyage sur cette plage tristement célèbre dont le vétéran de la Seconde Guerre mondiale, âgé de 99 ans, se souvenait parfaitement.

M. Armitage avait 19 ans et venait de quitter la ferme familiale d’Ottawa lorsqu’il s’est joint aux 14 000 soldats canadiens qui ont débarqué à Bernières-sur-Mer, en France, le jour J, le 6 juin 1944. Il se rappelait qu’il avait les pieds mouillés et que son cœur battait la chamade.

« C’était tout simplement horrible, il y avait du feu partout », dit-il.

À l’âge de 99 ans, M. Armitage se déplaçait en fauteuil roulant parce que ses jambes « s’étaient endormies », mais « le haut de son corps avait seulement 78 ans ».

« Je me souviens de tout », souligne-t-il.

Il se souvenait des mots « Roly, souviens-toi de moi » que sa future femme, Amy Spearman, a écrits sur un bout de papier lorsqu’il a été mobilisé par l’armée après avoir menti sur son âge pour s’enrôler à 17 ans.

Il se souvenait de la barge qui l’a transporté, lui et sa 5e Batterie du 3e Régiment d’artillerie moyenne de l’Artillerie royale canadienne, près du rivage de la France lors de la deuxième vague de débarquements à la plage Juno, lorsque les Alliés ont envahi la Normandie.

Il n’avait pas oublié l’anglais approximatif des soldats allemands ─ capturés à titre de prisonniers de guerre ─ qui s’agitaient, riaient et criaient « Amusez-vous bien » alors que ses bottes se remplissaient de l’eau froide de la Manche.

Il se souvenait de l’explosion de l’obus allemand qui lui a perforé le tympan gauche et qui a arraché le bras droit de son commandant, le lieutenant Roy Pattinson.

Il se rappelait les dernières paroles du lieutenant Pattinson alors qu’on lui injectait de la morphine.

« Non, mettez-la dans mon autre bras, ça fait mal », a dit-il avant de mourir.

Il n’avait que 25 ans, précise M. Armitage.

Il n’avait pas oublié les flammes, le bruit, la saleté, le chaos et l’envie pressante de rentrer chez lui alors que ces horreurs se déroulaient sous ses yeux d’adolescent.

« Je me demandais pourquoi j’avais fait ça. J’aurais dû être à la maison avec ma petite amie », avoue-t-il.

Il se souvenait du jour où il a échangé de l’essence contre de la bière au futur multimilliardaire Freddie Heineken à l’extérieur d’un hôtel néerlandais situé au bord de la mer. Il pouvait encore réciter l’alphabet à l’envers, une compétence qu’il avait utilisée pour coder des messages secrets et qui était désormais imprégnée dans sa mémoire.

Il se rappelait parfaitement le jour d’hiver où il avait trouvé deux enfants néerlandais grelottants (un garçon d’environ six ans et une fille d’environ trois ans) couverts de boue dans un fossé près d’Eindhoven.

« Ils étaient faibles et effrayés », se souvenait-il. Il avait fait monter les enfants dans sa jeep et les avait ramenés au camp où ils avaient été lavés et nourris de lait à la cuillère pendant des jours dans la cuisine de campagne.

Les soldats canadiens étaient parvenus à retrouver la famille du petit garçon, mais la mère de la petite fille avait été emprisonnée pour avoir fraternisé avec l’ennemi. Sa tante, qui était sa tutrice légale, avait été tuée et la petite était complètement seule. Après qu’elle a repris des forces, des religieuses s’étaient occupées d’elle jusqu’à ce qu’elle et sa mère soient de nouveau réunies après la guerre.

À la fin de la guerre, M. Armitage est revenu au Canada, a épousé Amy, a fondé une famille de quatre enfants, est devenu vétérinaire, a élevé et entraîné des chevaux standardbred, est devenu maire de West Carleton, en Ontario, a écrit trois livres sur la guerre et a été nommé « L’homme le plus intéressant d’Ottawa » par les médias locaux en 2023.

Selon lui, il avait eu une belle vie, mais il se souvenait encore de cette petite Hollandaise dans le fossé. Lors d’un de ses nombreux voyages aux Pays-Bas, il avait raconté son histoire à un journaliste néerlandais. Sonja Jobes, une octogénaire vivant aux États‑Unis, s’est reconnue dans cet article de journal. Elle s’est rendue à Ottawa en 2023 afin de rencontrer M. Armitage et de le remercier.

Il avait également réussi à retrouver la nièce de Roy Pattinson et, au cours d’un long appel vidéo, il lui a raconté les derniers instants de son oncle. Tout ce qu’elle et sa famille avaient su, c’est qu’il avait été tué au combat.

« Je lui ai tout raconté », dit-il, la voix éteinte.

« Elle et moi sommes devenus de très bons amis par la suite. »

Roly Armitage aurait fêté ses 100 ans le 8 février 2025.

Roland Armitage and Sonja Jobes

Roland Armitage et Sonja Jobes lors de leur rencontre à Ottawa en 2023.

Avec courage, intégrité et loyauté, le sergent (à la retraite) Roland Armitage a laissé sa marque. Il était l’un de nos membres des Forces armées canadiennes.  Découvrez d’autres histoires.

Le vétéran du jour J et ancien maire Roland Armitage est décédé le 19 juin 2024, après que ce profil a été rédigé et qu’il l’a approuvé.

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