Sélection de la langue


Recherche sur veterans.gc.ca

Sharp Dopler : Vétérans arc-en-ciel du Canada

Dès son plus jeune âge, Sharp Dopler savait quel serait son destin : se joindre au personnel du Cadre des instructeurs de cadets dans les Forces armées canadiennes. Cependant, Sharp a dû faire face à une résistance continue et a subi un traumatisme en lien avec son identité sexuelle, ce qui en a fait une victime de la purge.

Ottawa (Ontario)

Partager :

Sharp Dopler en tenue traditionnelle autochtone lors d’un pow-wow du solstice d’été en 2015. Sharp porte ses médailles militaires par-dessus sa tenue traditionnelle.

Sharp Dopler lors d’un pow-wow du solstice d’été à Ottawa, en 2015.

Enrôlement

1983 – Cadre des instructeurs de cadets

Originaire d’une région rurale de Terre-Neuve, Sharp Dopler, personne autochtone bispirituelle, a un esprit curieux et un don pour l’apprentissage.

Ayant grandi dans une famille militaire d’origine irlandaise et Aniuyunwiya/Meskwakie/Ashkwakie, Sharp a fréquemment été victime de discrimination raciale.

Malgré l’acceptation et l’amour inconditionnels de sa famille, Sharp souffrait d’une faible estime de soi, ayant le sentiment de ne jamais rien faire de bien.

Mais tout a changé en 1974 lorsque, à l’âge de 11 ans, Sharp a décidé de suivre les traces de son père et de se joindre aux cadets. À cette époque, Sharp faisait partie du premier groupe de filles acceptées dans les cadets de la Marine. Son adaptation a été rapide, lui permettant de se rendre compte de ses qualités de leader et, pour la première fois, d’avoir le sentiment d’accomplir quelque chose. En enfilant son uniforme militaire, c’est comme si le doute, la honte et la confusion de son enfance s’évaporaient.

« Quand j’enfilais mon uniforme, tout le reste n’avait plus d’importance ».

Jeune militaire, Sharp Dopler sourit pour un portrait officiel en tenue militaire traditionnelle, en tenant sa casquette dans ses mains.

Photo avec l’aimable collaboration de Sharp Dopler

Son dévouement au cours de ses dix années parmi les cadets a permis à Sharp de devenir membre à part entière des Forces armées canadiennes en 1983 en se joignant aux officiers de la Marine du Cadre des instructeurs de cadets (CIC).

Et c’est là qu’on lui a posé la question au sujet de son orientation sexuelle.

« On nous a tous posé la question et nous savions tous que c’était mal d’être gai. Il ne fallait pas se faire avoir. »

À l’époque, Sharp a répondu par la négative, n’ayant jamais vraiment réfléchi à son orientation sexuelle. Et ce n’est qu’après avoir rencontré son conseiller spirituel peu après son enrôlement que Sharp a réalisé sa véritable identité.

« Ce n’est pas à moi de dire quelle est ton orientation sexuelle », lui a dit le prêtre.

« Mais peu importe celle-ci, c’est Dieu qui en a décidé ainsi, et il faut l’accepter ».

Au départ, Sharp s’épanouissait dans son rôle consistant à travailler lors des camps d’été annuels et à bâtir des relations avec les cadets. Beaucoup demandaient conseil et soutien à Sharp au lieu de faire appel à l’aumônier du camp.

« [Ces cadets] m’aidaient à grandir. Ils m’aidaient à comprendre qui je devais être, même à l’époque ».

Sans jamais avoir délibérément révélé son orientation sexuelle dans l’armée, Sharp n’a jamais menti à ce sujet non plus. Pour cette raison, certains de ceux qui connaissaient la vérité ont fait preuve d’intimidation et de harcèlement à son égard. Des rumeurs ont commencé à se répandre.

Les pires gestes d’intimidation provenaient parfois de camarades soldats queer.

« [Ils] voulaient désespérément se protéger… parce que nous savions tous ce qui allait se passer. »

Au fil des années, les abus se sont aggravés.

Durant la formation d’état-major des officiers subalternes, Sharp a subi des agressions sexuelles de la part d’un officier responsable du cours. Plus tard, cela a failli se reproduire, par un homme qui avait été son commandant (CO) dans les cadets.

Le point de rupture est survenu lors d’un programme de camp, où l’un des employés de Sharp a été sanctionné et finalement licencié par le commandant. En conséquence, l’employé et sa petite amie ont déposé des plaintes pour abus contre Sharp. Ces allégations ont déclenché une enquête de la police militaire. Les policiers ont interrogé Sharp pendant quatre heures.

« Ils semblaient incapables de comprendre que cet homme et cette femme étaient liés et qu’il pouvait y avoir un plan derrière tout ça ».

Un officier qui cachait son homosexualité a révélé à Sharp que l’affaire était poussée parce que leur commandant voulait que Sharp s’en aille.

Sharp a passé deux ans à se battre dans cette affaire, pendant lesquelles sa candidature était examinée pour le poste de commandant du corps de cadets. Sharp a finalement dû se contenter d’un poste subalterne. À ce stade, on considérait Sharp comme de la « marchandise endommagée ».

En 1997, on a finalement innocenté Sharp de ses actes répréhensibles. Son service dans les Forces a pris fin après 14 années de service. Alors que ses documents de libération indiquent que Sharp a volontairement pris sa retraite, c’est plutôt une victime de la purge.

« Ce n’était pas mon choix de quitter les Forces armées canadiennes. C’est ma vérité. »
Sharp Dopler se tient devant le Monument aux anciens combattants autochtones à Ottawa, tenant un bâton à exploits et portant un manteau marron, une écharpe verte et un béret avec un coquelicot perlé.

Sharp Dopler devant le Monument aux anciens combattants autochtones à Ottawa, tenant le bâton à exploits Manitou Ayaa.

Après avoir été victime de la purge, Sharp a eu l’impression qu’on lui enlevait son identité. Pendant les deux décennies qui ont suivi, Sharp a occupé divers emplois de proximité, cachant son traumatisme. À cette époque, les vétérans du CIC ne pouvaient pas accéder aux mêmes mesures de soutien que les vétérans de la Force régulière.

Puis, en 2017, le gouvernement du Canada a présenté des excuses officielles aux personnes 2ELGBTQI+ et a créé le Fonds Purge LGBT. Cela a permis à Sharp de faire face à son traumatisme et de recevoir un diagnostic d’ESPT. Sharp a ensuite intégré le conseil d’administration de Vétérans arc-en-ciel du Canada, qui se consacre au soutien des survivants de la Purge et des vétérans qui s’identifient comme 2ELGBTQI+.

Sharp a embrassé son identité autochtone, a fait un retour aux études pour devenir psychothérapeute, puis a décidé de se consacrer à la défense des droits et à l’éducation en matière de compétence culturelle, d’histoire autochtone, d’éducation sanitaire et de lutte contre l’oppression.

« Je me réinvente constamment. »

En 2022, Sharp a ouvert son cabinet privé à Ottawa, spécialisé dans la prestation d’un soutien tenant compte des traumatismes aux vétérans, en particulier aux vétérans queer.

Sharp considère comme un honneur de faire partie des gardiens du savoir traditionnel et des porteurs de cérémonie dans la communauté d’Ottawa. Bien qu’ayant du mal à faire la paix avec son identité en tant que personne vétérane, Sharp tire de la fierté de ses accomplissements.

« Si on me demandait de revêtir l’uniforme, je le ferais probablement. Même maintenant. »

« Il ne faut pas oublier que nous sommes des êtres humains. »

Sharp Dopler : Vétérans arc-en-ciel du Canada

Avec courage, intégrité et loyauté, Sharp Dopler laisse sa marque, faisant partie de nos membres des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.

Le bien-être des vétérans et vétéranes du Canada est au cœur de tout ce que nous faisons. Dans le cadre de cette mission, nous reconnaissons, honorons et commémorons le service de tous les vétérans et toutes les vétéranes du Canada. Apprenez-en davantage sur les services et les avantages que nous offrons.

Si vous êtes un vétéran ou une vétérane, ou encore un membre de la famille ou l’aidant d’un vétéran, vous pouvez obtenir le soutien d’un professionnel de la santé mentale à tout moment et sans frais. Composez le 1-800-268-7708.

Date de modification :