Sélection de la langue


Recherche sur veterans.gc.ca

Capitaine de vaisseau (à la retraite) William Hargen « Tug » Wilson

À bord du NCSM Ottawa, Bill Wilson a veillé à la sécurité maritime le jour J et dans les mois qui ont suivi.

Winnipeg (Manitoba)

Partager :

William Hargen « Tug » Wilson

Source de la photo : Alberta Order of Excellence (site du Web)

A servi de

1942 à 1979

Au lever du soleil, le matin du 6 juin 1944, jour J, le matelot canonnier Bill Wilson se tenait sur le pont du NCSM Ottawa. Habituellement installés dans leur hamac sous le pont, Bill et tous ceux qui le pouvaient regardaient la scène depuis le pont.

« Il faisait froid et j’ai fumé la moitié d’un paquet de cigarettes en un rien de temps », se rappelle M. Wilson alors que lui et l’équipage attendaient avec impatience. 

« Je savais qu’il se passait quelque chose, mais je ne voyais rien », se souvient M. Wilson de son début de journée. « Nous étions sur le flanc ouest de la plage d’Utah. Nous pouvions entendre les grondements. Lorsque les cuirassés tirent, ils font beaucoup de bruit. » À l’aube, la clameur se fait plus intense à mesure que l’invasion progresse. La lumière du soleil révèle une scène sans pareille. Un ciel rempli d’avions et de ballons de barrage. En dessous, des péniches de débarquement se dirigent directement vers la plage enfumée. « C’était tout un spectacle, la plus grande invasion de l’histoire », remarque M. Wilson.

William Hargen Wilson est né le 5 novembre 1924 à Winnipeg. En septembre 1939, il s’est engagé dans les cadets de la marine et, en décembre 1942, dans la Réserve de volontaires de la Marine royale du Canada. Il n’avait que 18 ans lorsqu’il est entré en service, mais ses années passées dans les cadets de la marine lui avaient donné l’avantage d’être mieux préparé que la plupart des recrues.

M. Wilson a passé ses premières années à s’entraîner et à protéger les bases des NCSM. Puis, en 1944, il escortait des convois. Le jour J a marqué un grand changement pour lui et son équipage. Il était temps de passer à l’offensive. « Je pense que nous étions tous dans le même état d’esprit : comment allions-nous réussir individuellement et collectivement? », se rappelle M. Wilson. « Et bien sûr, dans la marine, il faut travailler en équipe. Nous finissons tous par servir ensemble. Nous dépendons les uns des autres. Nous nous battons comme un seul homme. Nous dépendons de notre voisin, de notre supérieur et de notre subalterne. Vous savez que chacun va faire son travail, c’est ce à quoi nous sommes entraînés. Et ce, dès le premier jour, que vous soyez matelot ou comandant.

« Il essentiel de travailler en équipe, sinon on se retrouve tous à l’eau. »

Les mois qui ont suivi le jour J ont été mouvementés pour M. Wilson et son équipage. En fait, ils ont passé tout le mois suivant le jour J en mer. Il ne se souvient pas d’une journée sans qu’ils aient largué au moins quelques grenades sous-marines. Le NCSM Ottawa et le Groupe d’escorte 11 ont coulé trois U-boot et ont secouru les survivants allemands d’un autre U-boot coulé par un aéronef du commandement de l’aviation côtière. « C’était effrayant », confie M. Williams en racontant que son navire a failli être touché.

William Wilson

Même le voyage de retour vers le Canada a été inquiétant, lorsqu’une tempête s’est abattue sur leur navire et qu’un membre de l’équipage d’un destroyer qui les accompagnait a disparu par-dessus bord dans des eaux agitées.

De retour au Canada, M. Wilson se souvient avec plaisir d’avoir reçu de ses parents un colis contenant un gâteau et des tartes aux raisins maison. M. Wilson était particulièrement heureux de recevoir cette nourriture réconfortante, car il s’était lassé des rations, en particulier du Spam et du ketchup. « Beaucoup de Spam », se rappelle-t-il. « Nous avions du Spam bouilli, du Spam frit, du Spam haché... et beaucoup de ketchup. Je n’ai pas mangé une seule boîte de Spam depuis 1945. »

Connu pendant la guerre sous le nom de « Tug », puis de « capitaine Bill », M. Wilson a été libéré du service actif à l’automne 1945, mais il a intégré la réserve navale la même année et a gravi les échelons par la suite. Il a quitté le service actif en 1979, après avoir atteint le grade de capitaine de vaisseau dans la Marine royale canadienne. Aujourd’hui âgé de 100 ans, il vit à High River, en Alberta, et avoue ne jamais avoir de ketchup à la maison.

« Je me suis dit qu’il devait me voir comme un vieil homme du Canada qui était venu à cet endroit précis il y a 75 ans pour défendre son pays. »

Quelque 75 ans après le jour J, M. Wilson a été invité à une cérémonie commémorative en Normandie. C’est par une froide journée de juin que M. Wilson et 36 autres vétérans du jour J ont participé à l’événement. Lorsqu’il s’est mis à pleuvoir, un groupe de jeunes écoliers est venu prêter main-forte en levant des parapluies au-dessus de la tête des vétérans en visite. « Il faisait froid, je ne pouvais pas vraiment entendre ce qui se disait sur le podium, mais au moins j’étais au sec », se rappelle-t-il.

M. Wilson et le jeune garçon qui l’a protégé de la pluie ont développé un lien qui a transcendé la barrière de la langue. « Je me suis dit qu’il devait me voir comme un vieil homme du Canada qui était venu à cet endroit précis il y a 75 ans pour défendre son pays », explique-t-il. « J’ai immédiatement eu une boule dans la gorge. Ce fut, en somme, une expérience émotionnelle tout à fait inattendue. »

Après son retour au Canada, M. Wilson a tenté d’entrer en contact avec le garçon pour le remercier. Après quelques recherches, grâce à une photo de l’événement et à un peu de chance, le garçon a été identifié comme étant Florent Geffrey, âgé de 10 ans et originaire de Normandie. M. Wilson a envoyé à Geffrey une photo du navire à bord duquel il a servi, le NCSM Ottawa. La gentillesse et le respect manifestés par Geffrey ont touché M. Wilson. « J’ai perdu deux amis proches qui ont participé au débarquement en juin 1944 », se rappelle-t-il. « Joe Shack, 19 ans, qui faisait partie de ma classe de fin d’études secondaires et qui était carabinier dans le Royal Winnipeg Rifles, et Jacky Wheeler, 20 ans, qui vivait à quatre maisons de chez moi et qui était cavalier dans les chars d’assaut du Fort Garry Horse, ont perdu la vie quelques semaines après le débarquement en France. Il y a 25 ans, lorsque je me suis rendu sur leurs tombes, je me suis demandé si cela en valait vraiment la peine. Aujourd’hui, après avoir rencontré le jeune Florent Geffrey, j’ai le sentiment que leurs sacrifices n’ont finalement pas été vains. »

En juin 2024, à l’occasion du 80e anniversaire du jour J et de la bataille de Normandie, M. Wilson retournera en France avec la délégation du gouvernement canadien. Geffrey est déterminé à revoir son ami canadien. Aujourd’hui âgé de 15 ans, il a le même âge que M. Wilson lorsqu’il s’est engagé pour la première fois dans les cadets de la marine.

Le capitaine de vaisseau (à la retraite) William Hargen « Tug » Wilson a laissé sa marque par son courage, son intégrité et sa loyauté. Il est l’un de nos vétérans canadiens. Découvrez d’autres histoires.

Date de modification :