Le carabinier Vincent A. Calder, prisonnier de guerre de Hong Kong
(…) Notre repas de Noël 1943 était une vraie farce. Nous étions assis à la table avec, devant nous, du rôti de bœuf, des pommes de terre bouillies, des légumes, du pain et du beurre, des oranges, des bonbons et de la bière. Des photos ont été prises alors que nous étions souriants au moment où les gardes japonais nous servaient le repas. Dès que les photos ont été terminées, les Japonais nous ont ordonné de quitter les tables sans que nous ayons pu goûter à la nourriture. En quittant les tables, un de nos camarades a été attrapé à prendre un bonbon. Cinq gardes Japonais l’ont presque tué pour cela. Il est resté inconscient pendant deux jours et à son réveil, il a dit qu’il était celui qui avait eu le meilleur repas d’entre nous tous! Au Nouvel An, ils ont essayé faire une autre la séance de photos, mais nous les avons pris par surprise en mangeant tout ce que nous pouvions pendant qu’ils prenaient les photos. Nous n’avons eu droit qu’à 1 once de riz par jour pour les deux semaines suivantes, mais nous avons eu un repas du Nouvel An qui en valait la peine! (…)
(…) Lorsque Noël [1944] est arrivé, nous n’avions plus rien à espérer, si ce n’est que du riz vapeur et de l’eau chaude à la place du thé. L’ambiance était vraiment triste, jusqu’à environ 11 h, lorsque le sergent japonais est entré dans la salle de repas et nous a annoncé qu’il avait besoin de 50 volontaires pour transporter des paquets de la Croix-Rouge à l’intérieur du camp. Chaque homme qui pouvait marcher ou ramper s’est porté volontaire et quoique nous étions tous faibles et amaigris, nous avons marché 2 miles vers la station et sommes revenus vers 14 h. Nous ne pouvions pas y croire lorsque nous avons vu qu’il y avait un paquet pour chaque homme du camp de prisonniers. Le commandant a dit qu’il avait attendu deux semaines avant de nous les remettre pour que nous puissions les recevoir pour Noël. Notre opinion de lui s’est améliorée encore un peu lorsque nous avons offert, à son sergent et à lui, quelques-uns de nos bonbons et de nos cigarettes et qu’il a refusé, nous remerciant en disant que nous en avions besoin plus que lui. Nous avons de plus reçu quelques bonbons, 1 bouteille de bière à partager entre deux hommes et une once de saké. Il nous a aussi offert le contrôle des activités du camp de prisonniers pour cette journée, et à la condition que personne n’essaie de s’évader ou ne se saoûle, nous ne serions pas importunés. Je dois vous avouer que j’étais radieux lorsque j’ai pris ma première gorgée de boisson alcoolisée en trois ans et que j’ai vraiment célébré. J’ai payé le prix le lendemain avec une terrible gueule de bois. Nous avons eu un concert dans l’après-midi et vous seriez surpris de tout le talent dans un groupe d’homme comme le nôtre. Nous avions des instruments de musique faits à la main et je crois que nous avons chanté toutes les chansons que nous connaissions, et même des chansons qui ont été écrites au camp de prisonniers de guerre. (…)
Source : Hong Kong Veterans Commemorative Association (disponible en anglais seulement)
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