Transcription
Les chanceux : les aviateurs alliés à Buchenwald
Tom Blackham : Si je me souviens bien, c'est la voie de garage où nous sommes arrivés.
Jim Hastin : Oh oui.
Tom Blackham : À reculons, de Weimar. Nous avons été tirés jusqu'au bout de la voie, au milieu des cris des gardes SS, des grincements des roues et des aboiements des chiens. Nous avions aussi vu, si ma mémoire est bonne, des rangées de gardes tout au long de la voie. Il était environ 10 h 30 ou 11 h du matin.
Ed Carter-Edwards : C'est exact.
Jim Hastin : Au milieu de la matinée.
Tom Blackham : La locomotive s'est arrêtée là. Et toutes les portes des wagons se sont ouvertes; il y avait un chaos épouvantable... Les gens étaient tirés, traînés, foulés de coups de pied et trimbalés dans tous les sens. L'atmosphère était lourde de tension et d'appréhension, et toutes nos craintes ont atteint un point critique à ce moment-là.
Jim Hastin : Ce qui m'a fait le plus peur est, je crois, la clôture électrique. Elle était à haute tension.
Ed Carter-Edwards : ELLE était très menaçante.
Jim Hastin : De temps à autre, on pouvait l'entendre claquer, probablement en raison d'un court-circuit, et elle vibrait tout le temps.
Ed Carter-Edwards : Quand nous nous sommes approchés du camp et avons vu ce qu'il y avait à l'intérieur, nous avons été envahis par une peur atroce, épouvantable et par l'horreur. Qu'est-ce que cela? Où allons-nous? Pourquoi sommes-nous ici? Nous nous posions toutes ces questions. Une fois dans le camp, quand nous avons vu les hommes âgés, les hommes jeunes et les garçons d'une maigreur squelettique qui y déambulaient, nous nous sommes demandé ce qui allait nous arriver.
Eric Johnston : J'ai été vraiment ébranlé quand je me suis retrouvé dans la salle des douches après avoir été dévêtu. Il y avait l'homme qui déplaçait les chaises et, mon Dieu!, j'ai regardé dehors et j'ai vu tous les autres, entièrement nus. Ça m'a bouleversé. Dans quel enfer étions-nous tombés?
Tom Blackham : Nous pensions tous que nous étions destinés à la chambre à gaz. Ils avaient pris nos vêtements et nous avaient entièrement rasés, puis nous sommes restés là, nus, pendant quelque temps; ensuite, ils nous ont fait entrer.
Jim Hastin : Nous ne les avons jamais revus après la douche; c'est la vérité.
Tom Blackham : Nous étions tassés comme des sardines sous les douches. Nous pouvions à peine remuer tellement nous étions nombreux. Le peu de lumière et le peu d'eau, et tout ce qui, pensions-nous, allait se produire, c'était tout l'un ou tout l'autre, bon ou mauvais.
Jim Hastin : Ouais. Nous n'avons pas mangé ce jour-là. Et je ne crois pas avoir eu à manger le soir non plus, peut-être un morceau de pain.
Tom Blackham : (chevauchement)..... comme ceci
.Jim Hastin : Il faisait plutôt froid, et nous nous sommes serrés les uns contre les autres pour dormir sur la pierre cette nuit-là. Je crois que c'est le lendemain que les Russes nous ont donné des couvertures. Nous n'avions qu'une couverture pour cinq hommes, et c'était toujours la bousculade pour qui aurait la place du milieu.
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