Extraits tirés des procès-verbaux de la Société de la Croix-Rouge de Brackley Beach (Î.-P.-É), créée en 1940
Cet article nous a été remis par Ellen Cudmore, de l'administration centrale à Charlottetown. Les extraits sont tirés des procès-verbaux de la Société de la Croix-Rouge de Brackley Beach (Île-du-Prince-Édouard), créée en 1940 pour aider à l'effort de guerre.
« Le tricot, les aiguilles et les courtepointes ont toujours tenu une grande place dans les activités des femmes de Brackley Beach, une agglomération rurale sur la côte nord de l'Île-du-Prince-Édouard, à 16 km au nord de Charlottetown.
À titre de Société de la Croix-Rouge, nous nous sommes réunies au centre Howe's le 4 juillet 1940 pour élire notre premier conseil d'administration. Notre but était d'aider à l'effort de guerre et, pour ce faire, de tricoter et de coudre des vêtements et d'amasser des fonds pour la Croix-Rouge.
La secrétaire aux approvisionnements a réussi à obtenir de la laine - kaki, bleu marine et bleu d'aviation - et les membres ont payé leur cotisation de 25 cents. Le nombre de membres - 21 la première année - témoigne de l'importance du travail à faire et de notre engagement; le groupe, composé de grands-mères, de jeunes mères, de l'enseignante et de femmes célibataires (parfois trois générations d'une même famille) se réunissait toutes les deux semaines chez l'une ou l'autre des membres.
Les membres se rendaient aux réunions en chariot ou traîneau attelé, et les hommes se regroupaient dans la cuisine; l'hôtesse servait le déjeuner. Les réunions étaient sérieuses et comprenaient des séances d'information à l'aide d'articles de journaux sur les victimes de raids aériens, les cuisines roulantes, les plans de réorganisation d'après-guerre et les bombes téléguidées. Une séance de travail, piquage de courtepointe ou travaux à l'aiguille, terminait la soirée.
Bien sûr, nous savions toutes tricoter - les mitaines, chaussettes, tuques et écharpes portées à l'époque étaient autant de preuves de notre savoir-faire -, mais suivre un patron était une autre histoire. La brochure de la Croix-Rouge sur les articles tricotés pour la guerre a été publiée en novembre 1940 et, après avoir lu les instructions pour tricoter les chaussettes résistantes destinées aux soldats (jambe galbée, talon renforcé et bout plat), la tuque pouvant servir de bonnet de nuit ou les demi-mitaines laissant les doigts à découvert, nous avons pris conscience du temps et de l'habileté qu'exigeait chaque article... une débutante ne devait pas s'attaquer à autre chose qu'un cache-col de marin! Cependant, prières, amour et sympathie pour les personnes qui allaient porter les chaussettes ou les mitaines ou profiter de la courtepointe se glissaient entre les mailles ou les points.
Nous mettions également beaucoup d'ardeur à recueillir des fonds. Le produit de la collecte effectuée à chaque réunion s'élevait souvent entre 75 cents et 2,50 $. Désireuses d'accroître les dons à la Croix-Rouge, nous organisions divers projets, notamment des conférences, des loteries d'un peu de tout, allant de gâteaux aux fruits jusqu'à des courtepointes, des pièces de théâtre et des spectacles, ainsi que des danses et des parties de cartes.
À preuve, cette note d'une membre assidue : « Samedi matin. Chère M. Quelques mots pour vous dire que notre Société de la Croix-Rouge organise une danse payante (25 cents par personne) chez Mme John MacCallums, jeudi soir prochain, le 7 novembre. Chaque membre doit inviter quatre personnes, outre sa propre famille. J'aimerais donc vous inviter, ainsi que votre « petit ami ». Si vous ne pouvez pas venir, veuillez me le faire savoir tout de suite, pour que j'aie le temps d'inviter deux autres personnes à votre place. Un goûter sera servi. Nous voulons recueillir un peu d'argent pour les soldats et nous amuser par la même occasion... »
Argent en caisse La trésorière gardait très peu d'argent en caisse. Lors de la réunion du 28 août 1942, il restait 26,58 $ (sans compter que 10 $ avaient été versés au Queens Canadian Fund et 15 $ à la Croix-Rouge), et la trésorière a été chargée d'acheter de l'ouatine et du fil!! Le solde en caisse n'était jamais élevé, mais nos comptes n'étaient jamais déficitaires.
Cinq jeunes hommes de la collectivité servaient outre-mer; de 1940 à 1944, nous leur avons fait parvenir des vêtements, des fruits, de la nourriture et des cigarettes. »
Malgré les soucis et les nombreuses tâches à la maison, ces personnes de notre localité rurale se sont engagées à participer à l'effort de guerre; elles ont donné du temps, du travail, des objets et de l'argent. Le fait qu'elles aient consigné soigneusement leurs réunions, leurs comptes et leurs entretiens nous permet de constater à quel point ces mains habiles et généreuses se sont dévouées sans faillir.
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