Iris (Thornton) Johnstone
Le récit qui suit provient d'Iris Johnstone, de Shellbrook (Saskatchewan), par l'entremise d'Elaine Stoesz, qui est conseillère de secteur à Saskatoon.
« Je m'appelle Iris Thornton et j'ai épousé Clifford Johnstone en avril 1943. Je vivais en Alberta, j'avais 17 ans et je ne m'étais jamais éloignée de la ferme. Clifford était dans la marine et il était cantonné à la base navale de Cornwallis, en Nouvelle-Écosse. Comme sa permission était terminée, il est reparti chercher un endroit où nous pourrions vivre. En juin, j'ai pris le train pour le rejoindre.
Je ne connaissais rien des toilettes, car, chez mes parents, nous utilisions « la petite cabane en arrière de la maison ». Quand je suis allée à la toilette à bord du train, je ne pouvais pas trouver la cuvette. Il y avait une série de lavabos le long du mur et un miroir qui faisait toute la longueur, mais pas de cuvette. J'allais abandonner quand une autre femme est entrée, est allée au miroir, a tourné un mécanisme de verrouillage et a tiré pour l'ouvrir; le tour était joué.
J'ai fini par atteindre la côte est à Saint John (Nouveau-Brunswick) et il fallait traverser la baie de Fundy pour aller à Digby (Nouvelle-Écosse). Je suis sensible au mal des transports et le Princess Helene (c'était le nom du navire) ne me semblait pas trop attirant.
À bord, on nous a fait mettre en ligne et nous avons eu droit à un exposé nous rappelant que nous naviguions en situation de guerre. Nous devions porter un gilet de sauvetage et on nous a assigné un numéro pour que nous puissions au besoin trouver le bon poste d'abandon. J'avais la frousse. Peu après, nous faisions route, escortés par deux avions. Il faisait tempête, le navire roulait terriblement et les bagages allaient et venaient en glissant sur le pont. Je ne crois pas avoir jamais autant souffert du mal de mer.
Quelqu'un m'a dit plus tard que la baie de Fundy venait au deuxième rang des pires endroits au monde où l'on peut naviguer; personne n'a eu à me convaincre.
Nous habitions une pièce dans une maison à deux étages. Chacune des chambres était louée à un militaire; c'est là que nous faisions la cuisine, mangions et dormions et nous partagions avec quatre autres couples la salle de bain qui était au bout du couloir.
J'étais la plupart du temps seule, car Clifford partait en mer pour sept à dix jours à la fois et passait ensuite trois ou quatre jours à la maison. Une fois, nous avons eu un exercice d'alerte aérienne, mais, comme je n'avais pas d'expérience, j'ai cru que c'était une vraie alerte. Les sirènes hurlaient et la propriétaire a fait le tour en cognant à toutes les portes pour nous dire d'éteindre. Toute la ville était dans le noir tandis que les avions passaient dans le ciel en vrombissant. J'ai descendu l'escalier en douce jusqu'au salon, où la plupart des autres étaient réunis, et j'attendais les bombes; je tremblais des pieds à la tête. Les autres m'ont taquinée, affirmant ne pas savoir qui, de moi ou du chien, avait le plus peur. »
- Date de modification :