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Canadiens à Hong Kong

La défense de Hong Kong

C'est en défendant la colonie britannique de Hong Kong contre une attaque japonaise en décembre 1941 que les soldats canadiens s'engagèrent pour la première fois dans les combats de la Seconde Guerre mondiale. Les Canadiens à Hong Kong combattirent dans des conditions inimaginables et firent preuve d'un courage digne de vétérans chevronnés, bien que la plupart d'entre eux aient reçu une formation militaire limitée. Ils n'avaient littéralement aucune chance de remporter la victoire, mais ils refusèrent de se rendre jusqu'à ce que l'ennemi les capture. Ceux qui survécurent à la bataille furent faits prisonniers de guerre (PG) et un grand nombre d'entre eux subirent la torture et le manque de nourriture aux mains de leurs geôliers japonais.

En octobre 1941, les Royal Rifles of Canada et les Winnipeg Grenadiers reçurent l'ordre de se préparer à partir en mission dans le Pacifique. Dans une perspective nationale, c'était le choix idéal de bataillons. Les Royal Rifles étaient une unité bilingue de la région de Québec. Ce bataillon et les Winnipeg Grenadiers représentaient les régions ouest et est du Canada. Le commandement des Forces canadiennes fut confié au brigadier J.K. Lawson. Ce choix était aussi tout désigné en raison de la formation et de l'expérience de Lawson. Celui-ci était un officier de la « force permanente » et avait occupé le poste de « directeur de la formation militaire » à Ottawa. Le contingent canadien était composé de 1 975 soldats, y compris deux officiers médicaux, deux infirmières militaires, deux officiers du Corps dentaire canadien accompagnés de leurs assistants, trois aumôniers, deux officiers du Service auxiliaire et un détachement du Corps postal canadien. Il y avait aussi un passager clandestin qui fut renvoyé au Canada.

Avant leur envoi à Hong Kong, les Royal Rifles avaient servi à Terre-Neuve et à Saint John, au Nouveau-Brunswick, tandis que les Winnipeg Grenadiers avaient été en garnison en Jamaïque. Les deux bataillons n'avaient reçu qu'une formation minimale à ces endroits.

Vers la fin de l'année 1941, la guerre avec le Japon n'était pas considérée comme imminente et on croyait que les Canadiens se rendaient à Hong Kong pour y tenir garnison.Toutefois, en décembre les militaires japonais lancèrent une série d'attaques sur Pearl Harbor, en Malaisie du Nord, aux Philippines, à Guam, dans l'île de Wake et à Hong Kong. Les membres des Royal Rifles et des Winnipeg Grenadiers allaient se retrouver impliquer dans un corps à corps acharné avec la 38e Division japonaise.

La bataille de Hong Kong s'est soldée par de lourdes pertes humaines. Environ 290 soldats canadiens furent tués au combat et quelque 264 prisonniers de guerre canadiens moururent en captivité, portant le nombre total de morts à 554. En outre, près de 500 Canadiens furent blessés. Sur les 1 975 Canadiens qui se rendirent à Hong Kong, plus de 1 050 furent tués ou blessés, ce qui se traduit par un taux de pertes de plus de 50 p. cent. Il s'agit sans doute de l'un des taux de pertes les plus élevés subis par les troupes canadiennes dans un même théâtre d'opération au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Le contingent canadien à Hong Kong, 1941. <em>(Bibliothèque et Archives Canada C-49744)</em>

Le contingent canadien à Hong Kong, 1941. (Bibliothèque et Archives Canada C-49744)

Une vue de l'est de Hong Kong prise du <abbr title='Navire canadien de Sa Majesté'>NCSM</abbr> <em>Prince Robert</em>, 19 novembre 1941. <em>(Bibliothèque et Archives Canada PA-114809)</em>

Une vue de l'est de Hong Kong prise du NCSM Prince Robert, 19 novembre 1941. (Bibliothèque et Archives Canada PA-114809)

Hong Kong se prépare

La colonie britannique de Hong Kong comprend l'île de Hong Kong, la péninsule adjacente de Kowloon reliée à la terre ferme, et les « Nouveaux Territoires ». Toute la région est très montagneuse et couvre une superficie d'environ 1 060 kilomètres carrés.

Winston Churchill, premier ministre de la Grande-Bretagne, et ses chefs d'état-major reconnurent qu'il serait impossible de conserver Hong Kong au cas où une guerre éclaterait contre le Japon. Churchill et ses chefs militaires considéraient Hong Kong comme un avant-poste et décidèrent dans un premier temps de s'opposer à l'envoi de renforts dans la colonie. Ils revinrent toutefois sur leur décision en septembre 1941, alléguant que l'envoi de renforts servirait à dissuader les Japonais d'attaquer et rassurerait le dirigeant chinois Chiang Kai Shek en lui démontrant que la Grande-Bretagne avait la ferme intention de défendre la colonie. À cet effet, on demanda au Canada de fournir un ou deux bataillons.

Les Royal Rifles of Canada et les Winnipeg Grenadiers quittèrent le port de Vancouver le 27 octobre 1941 à bord de l'Awatea, accompagnée par le navire d'escorte de la Marine royale du Canada, le Prince Robert. Les Canadiens arrivèrent à Hong Kong le 16 novembre. Cependant, les 212 véhicules attribués aux troupes qui étaient transportés à bord du navire de fret Don José ne devaient jamais atteindre Hong Kong. Le navire avait à peine rejoint Manille lorsque la guerre avec le Japon commença, et l'équipement canadien, avec l'approbation du Canada, fut utilisé par les Américains pour défendre les Philippines.

Le général C.M. Maltby avait sous son commandement une force totale de quelque
14 000 soldats et une poignée de membres du personnel de la marine et de l'aviation pour défendre la colonie. Outre les Canadiens, les forces militaires comprenaient les 8e et 12e Régiments côtiers, le 5e Régiment anti-aérien de l'Artillerie royale, le 1er Régiment de Hong Kong, l'Artillerie royale de Hong Kong et de Singapour, la 965e Batterie de défense de l'Artillerie royale et les 22e et 40e Compagnies de forteresse des Royal Engineers. La plupart de ces unités étaient composées de personnel militaire provenant soit de la Chine, soit de l'Inde. Il y avait également un bataillon de l'infanterie britannique (le 2e Bataillon des Royal Scots), un bataillon de mitrailleurs britannique (le 1er Bataillon du Middlesex Regiment) et deux bataillons d'infanterie indienne (le 5e Bataillon du 7e Rajput Regiment et le 2e Bataillon du 14e Punjab Regiment). Les soldats indiens et chinois représentaient 35 p. cent de l'ensemble des effectifs.

La colonie ne possédait aucune importante défense aérienne ou navale. La base de la Royal Air Force (RAF) de Kai-Tak à Hong Kong ne possédait que cinq appareils soit deux Walrus amphibies et trois bombardiers-torpilleurs Vickers Vildebeeste, dont l'entretien et le vol étaient assurés par 7 officiers et 108 aviateurs. On avait rejeté la demande antérieure d'un escadron de chasseurs. La station entièrement opérationnelle de la RAF la plus rapprochée se trouvait à Kota Bharu en Malaisie à près de 2 250 kilomètres.

Hong Kong ne possédait pas une défense navale adéquate. Tous les navires importants avaient été retirés et il ne restait que le contre-torpilleur NSM Thracian, plusieurs canonnières et une flottille de vedettes-torpilleurs à moteur.

L'arrivée des Canadiens changea les plans de défense de la colonie. La stratégie d'origine prévoyait que la défense principale se ferait sur l'île, avec seulement un bataillon d'infanterie déployé sur le continent pour le programme de destruction et pour servir d'élément retardateur. Les deux bataillons supplémentaires permirent au général Maltby d'affecter trois bataillons sur le continent. Ces derniers fourniraient les effectifs voulus à la Ligne Gin Drinkers, ligne intérieure longue d'environ 18 kilomètres, qui traversait un relief vallonné et accidenté et comportait des retranchements, renforcés par intervalles de réduits en béton. On espérait que ces bataillons additionnels protégeraient Kowloon, le port de Victoria, le passage de Lye Mun et les régions nord de l'île de Hong Kong contre les tirs de l'artillerie lancés à partir de la terre ferme. Dans le cas ou l'ennemi engagerait une offensive de taille, les bataillons sur le continent recevraient l'ordre de compléter la démolition, transporter les approvisionnements d'importance vitale et couler les navires qui resteraient dans le port afin qu'ils ne tombent pas entre les mains de l'ennemi. Le reste des forces sur l'île de Hong Kong devait préparer la défense contre toute attaque japonaise venant de la mer.

La brigade continentale, commandée par le brigadier C. Wallis, se composait des Royal Scots et de deux bataillons de l'Armée indienne. On y affecta également le détachement canadien des transmissions. La brigade insulaire, sous la direction du brigadier Lawson, se composait des deux bataillons canadiens et du Middlesex Regiment. Les unités canadiennes, qui faisaient face à la mer, avaient comme première mission de protéger les plages tandis que l'unité du Middlesex devait défendre le réseau de réduits bétonnés autour de l'île.

Pendant les trois semaines qui s'écoulèrent avant l'ouverture des hostilités, les Canadiens cantonnés sur le continent entreprirent une période de formation intensive dans l'île afin de se familiariser avec le terrain qu'ils auraient à défendre. Bien que la préparation s'appliqua surtout à la défense des plages, les missions de reconnaissance et l'exercice permirent de mieux connaître le terrain accidenté, ce qui s'est avéré utile par la suite.

Jusqu'à tard en novembre et au début décembre, la vie dans la colonie se déroula normalement. Les rapports selon lesquels les troupes japonaises se massaient au nord de la frontière chinoise continuaient à arriver, mais il y avait eu plusieurs fausses alertes et un certain optimisme régnait. À une date aussi avancée que le 7 décembre, un rapport du service de renseignements concernant le renforcement des Japonais dans la région était considéré comme « certainement exagéré » et délibérément diffusé par les Japonais.

Le lendemain, les Japonais attaquaient Hong Kong.

L'hôtel Repulse-Bay, théâtre de la bataille où combattirent les <em><span lang='en' xml:lang='en'>Royal Rifles of</span> Canada</em> du 20 au 22 ddécembre, 1941. <em>(Bibliothèque et Archives Canada PA-114819)</em>

L'hôtel Repulse-Bay, théâtre de la bataille où combattirent les Royal Rifles of Canada du 20 au 22 décembre, 1941. (Bibliothèque et Archives Canada PA-114819)

Batterie du détroit de Lye-Mun. <em>(Musée canadien de la guerre P-149)</em>

Batterie du détroit de Lye-Mun. (Musée canadien de la guerre P-149)

Réservoir de Ty Tam Tuk. <em>(Bibliothèque et Archives Canada PA-114818)</em>

Réservoir de Ty Tam Tuk. (Bibliothèque et Archives Canada PA-114818)

La Mission salésienne, vue de la caserne de Lye-Mun; à l'arrière le mont Parker. <em>(Musée canadien de la guerre J-20553-1)</em>

La Mission salésienne, vue de la caserne de Lye-Mun; à l'arrière le mont Parker. (Musée canadien de la guerre J-20553-1)

L'invasion

L'attaque des Japonais ne prit pas la garnison complètement par surprise, car malgré l'optimisme qui régnait, rien ne fut laissé au hasard. Le matin du 7 décembre, toute la garnison reçoit l'ordre d'occuper ses postes de combat. La force canadienne revint de Kowloon dans l'île et à 17 h, elle est à son poste de combat. Le brigadier Lawson établit son quartier général à Wong-Nei-Chong Gap au milieu de l'île. Quinze heures avant l'attaque des Japonais, toutes les forces de défense de Hong Kong étaient en ligne.

Le matin du 8 décembre, à 8 h, l'aviation japonaise attaqua l'aéroport de Kai-Tak et endommagea ou détruisit facilement les quelques appareils de la Royal Air Force. Le camp presque désert de Sham-Shui-Po est la cible suivante, et l'on compte les premières pertes canadiennes à Hong Kong, deux hommes des transmissions portés blessés.

Ce même matin, les forces terrestres japonaises franchissent la frontière des Nouveaux Territoires et se heurtent à la résistance des troupes de tête de la brigade continentale. À la suite de fortes pressions de la part de l'ennemi, ces troupes se replient sur la Ligne Gin Drinkers. La défense espérait que la ligne pourrait être tenue pendant une semaine ou plus mais le 9 décembre, les Japonais capturèrent la redoute de Shing Mun, un secteur en terrain élevé qui constituait la plus importante position stratégique du côté est de la Ligne Gin Drinkers. Les Japonais avaient lancé l'assaut à la faveur de l'obscurité et remportèrent la victoire à l'issue de combats féroces. Cette victoire obtenue de nuit révéla que le général Maltby avait complètement sous-estimé l'ennemi. Dans une missive, il indiquait que « le travail de nuit des Japonais était médiocre ». Cependant, quelques heures à peine après leur première attaque, la redoute de Shing Mun était tombée aux mains de l'ennemi.

Le 10 décembre, la compagnie « D » des Winnipeg Grenadiers fut envoyée en renfort auprès des troupes de défense qui restaient sur la terre ferme. Le 11 décembre, cette compagnie échangea des tirs d'artillerie avec l'ennemi et devint une des premières unités militaires canadiennes à engager le combat lors de la Seconde Guerre mondiale.

D'autres attaques japonaises suivirent et la Ligne Gin Drinkers devint intenable. Vers midi, le 11 décembre, le général Maltby ordonnait aux troupes du continent de se replier sur l'île. Les Winnipeg Grenadiers protégèrent le repli des Royal Scots dans la péninsule de Kowloon. Le Punjab fut déplacé le soir et le Rajput, qui devait défendre la péninsule de Devil's Peak, suivit. L'évacuation fut réussie et on sauva la plus grande partie de l'équipement lourd de la brigade.

Le 13 décembre, on rejeta catégoriquement une demande des Japonais demandant la reddition de Hong Kong.

La Route menant de la Stanley Gap Road au Jardine's Lookout. (<em>Musée canadien de la guerre J-20553-4)</em>

La Route menant de la Stanley Gap Road au Jardine's Lookout. (Musée canadien de la guerre J-20553-4)

Le col de Wong-Nei-Chong, scène d'un des plus sanglants épisodes de la bataille de Hong Kong. C'est ici qu'une compagnie des <em>Winnipeg Grenadiers</em> défendit sa position pendant plusieurs jours, retardant les Japonais et leur infligeant de lourdes pertes. La  principale route nord-sud de l'île s'étend de droite à gauche sur toute la largeur de la photo. (<em>Musée canadien de la guerre J-2055312)</em>

Le col de Wong-Nei-Chong, scène d'un des plus sanglants épisodes de la bataille de Hong Kong. C'est ici qu'une compagnie des Winnipeg Grenadiers défendit sa position pendant plusieurs jours, retardant les Japonais et leur infligeant de lourdes pertes. La principale route nord-sud de l'île s'étend de droite à gauche sur toute la largeur de la photo. (Musée canadien de la guerre J-2055312)

La défense de l'île

Dans l'île, les forces de défense furent réorganisées en deux brigades, la brigade de l'Est et la brigade de l'Ouest. La brigade de l'Ouest, sous les ordres du brigadier Lawson, se composait des Royal Scots, des Winnipeg Grenadiers et de l'unité du Punjab, auxquels s'ajoutait le détachement canadien des transmissions. La brigade de l'Est, commandée par le brigadier Wallis, comprenait les Royal Rifles of Canada et l'unité du Rajput. Le bataillon du Middlesex Regiment relevait directement du commandement du général Maltby au quartier général de la forteresse.

Les bataillons canadiens furent divisés et les Royal Rifles furent soustraits au commandement du brigadier Lawson. Les deux unités canadiennes étaient toujours chargées de défendre les plages du sud où le général Maltby craignait à tort une attaque navale.

Le <abbr title='Navire canadien de Sa Majesté'>NCSM</abbr> <em>Prince Robert</em> à côté de la jetée pendant la libération de Hong Kong, août 1945. (<em>Bibliothèque et Archives Canada PA-114813)</em>

Le NCSM Prince Robert à côté de la jetée pendant la libération de Hong Kong, août 1945. (Bibliothèque et Archives Canada PA-114813)

La ligne de démarcation entre les brigades s'étendait à travers l'île, juste à l'est de la route centrale nord-sud. Le quartier général du brigadier Lawson demeurait à
Wong-Nei-Chong sur la principale route qui traversait l'île. Le brigadier Wallis établit le sien au col de Tai-Tam, position centrale du secteur est.

Afin de réduire les défenses de l'île, les Japonais dirigèrent sur l'île le feu de leur artillerie lourde, entreprirent des raids aériens destructeurs et bombardèrent systématiquement les casemates de la côte nord.

Le 17 décembre, les Japonais présentaient une nouvelle demande de reddition. Une fois de plus, la demande fut rejetée mais la situation était très précaire. Le torpillage de deux navires anglais importants au large des côtes de la Malaisie et les dégâts subis par la flotte des États-Unis à Pearl Harbor, laissaient entrevoir peu d'espoir. Les armées chinoises ne pouvaient pas apporter d'aide immédiate. Les défenseurs durent attendre l'assaut complètement isolés. Le brigadier Wallis rendit visite au quartier général du Rajput Regiment le 18 décembre et assura à tort au personnel militaire indien que les Japonais n'attaqueraient pas. À l'instar du général Maltby, il sous-estima largement les aptitudes au combat des Japonais.

L'attaque sur l'île

L'invasion se produisit à la tombée de la nuit le 18 décembre. L'ennemi lança quatre attaques amphibies sur une ligne de trois kilomètres sur les plages du Nord de l'île de Hong Kong. Ils abordèrent sous le feu des mitrailleuses des soldats de l'unité du Rajput qui occupaient les casemates.

Une fois sur le rivage, les forces japonaises se déployèrent vers l'est et vers l'ouest et remontèrent les vallées jusqu'aux hautes terres. Les Royal Rifles confrontèrent les Japonnais et tentèrent de les repousser. La compagnie « C » en réserve dans une zone proche du lieu du débarquement, contre-attaqua pendant toute la nuit et elle infligea et subit des pertes importantes. D'autres pelotons des Royal Rifles engagèrent le combat sur le flanc ouest du mont Parker et subirent de lourdes pertes du fait que l'ennemi s'était déjà retranché.

Groupe de prisonniers canadiens and britanniques attendant d'être libérés par l'equipage du <abbr title='Navire Canadien de Sa Majesté'>NCSM</abbr> <em>Prince Robert</em>. <em>(Bibliothèque et Archives Canada PA-114811)</em>

Groupe de prisonniers canadiens and britanniques attendant d'être libérés par l'equipage du NCSM Prince Robert. (Bibliothèque et Archives Canada PA-114811)

La force de l'invasion fut incroyable. Le matin du 19, les Japonais avaient déjà atteint la zone des cols de Wong-Nei-Chong et de Tai-Tam, démontrant une fois de plus leur efficacité aux combats nocturnes.

La brigade de l'Est

L'ennemi étant solidement établi sur les hauteurs, depuis le mont Parker jusqu'à Jardine's Lookout, le général Maltby ordonna à la brigade de l'Est de se replier vers le sud dans la péninsule Stanley où il espérait qu'on pourrait effectuer une contre-attaque.

À la tombée de la nuit, le 19 décembre, une nouvelle ligne défensive était établie de Palm Villa à Stanley-Mound, et un quartier général était établi à Stone Hill. Malheureusement, de l'artillerie mobile précieuse fut détruite pendant le repli. Pire encore, les communications furent rompues entre les brigades de l'Est et de l'Ouest lorsque les Japonais atteignirent la baie Repulse.

La brigade avait vu son nombre sérieusement diminué après que le bataillon Rajput eut été décimé en défendant les plages du nord. La brigade de l'Est se composait des Royal Rifles, de quelques compagnies du Corps de défense volontaire et de quelques mitrailleurs du Middlesex. Les Royal Rifles étaient épuisés. Privés de repas chauds depuis plusieurs jours, ils dormaient dans les trous de tirailleurs quand ils le pouvaient puisqu'ils devaient combattre sans relâche. Pourtant, au cours des trois jours suivants, les soldats tentèrent vaillamment d'avancer vers le nord à travers un relief rude et accidenté pour rejoindre la brigade de l'Ouest ou pour déloger les Japonais des hauteurs.

Le Mémorial de la Baie de Sai-Wan. <br /><em>(Anciens Combattants Canada)</em>

Le Mémorial de la Baie de Sai-Wan.
(Anciens Combattants Canada)

D'abord, ils tentèrent une percée le long des côtes de la baie Repulse en espérant atteindre le col Wong-Nei-Chong et la brigade de l'Ouest. Ils réussirent à déloger l'ennemi d'une zone qui s'étendait autour de l'hôtel de la baie Repulse, mais furent incapables de chasser les Japonais de leurs positions dans les collines avoisinantes et furent forcés de se replier. Une compagnie des Royal Rifles fut laissée sur place pour occuper la zone. Le 21 elle tentait à nouveau de briser la ligne. Vint ensuite une tentative pour atteindre Wong-Nei-Chong en passant plus à l'est. En dépit de l'opposition violente de l'ennemi au sud du réservoir Tai-Tam-Tuk, les Royal Rifles réussirent à déloger les Japonais de certaines de leurs positions dans les collines et à détruire un groupe tenant le carrefour de l'extrémité sud du réservoir.

Une fois de plus, malheureusement, l'attaque ne put être poursuivie. Les compagnies avaient dû se séparer et n'avaient plus de munitions pour les mortiers. Les troupes ennemies avançaient toujours et le brigadier Wallis décida de retirer ses hommes.

La bataille se poursuivait à la baie Repulse. Mais malgré les efforts déployés, la défense dut se retirer.

Après le 21 décembre, aucune tentative ne fut faite pour pousser vers le nord, car les troupes étaient décimées et épuisées, et les Japonais, qui avaient obtenu des renforts, attaquaient sans interruption.

À midi, le 22 décembre, les Japonais s'emparaient de la colline dite du Pain de Sucre, mais des volontaires de la compagnie « C » poussaient de l'avant et reprenaient la position avant la nuit. Toutefois, une autre compagnie fut délogée de la butte Stanley.

Dans la soirée du 23 décembre, on reçut des ordres pour le repli général sur la péninsule Stanley. Les Royal Rifles, épuisés, furent installés au fort Stanley, loin dans la péninsule, pour se reposer. Toutefois, on les rappela bientôt au combat puisque les Japonais exerçaient une avancée que le Corps de défense volontaire et les autres troupes disponibles ne pouvaient contenir.

Les Royal Rifles célébrèrent donc Noël 1941 en retournant au front. Le brigadier Wallis ordonna une contre-attaque pour regagner le terrain perdu le soir d'avant. La compagnie « D » réussit sa mission mais subit de lourdes pertes.

La brigade de l'Ouest

Entre-temps, les Winnipeg Grenadiers s'étaient également jetés dans la bataille avec la brigade de l'Ouest.

Le 18 décembre, la brigade se composait des Winnipeg Grenadiers, des Royal Scots en réserve dans la zone du col de Wan-Chai et du mont Parish, du Bataillon Punjab dans la ville de Victoria et d'une compagnie du Middlesex autour de la colline Leighton.

Chargés de protéger les côtes sud-ouest et ouest de l'île, les Grenadiers établissaient leur poste de commandement au col de Wan-Chai. La compagnie « D » revenait en réserve de brigade à Wong-Nei-Chong. Pour pouvoir entrer en action à tout moment, des « colonnes volantes » furent organisées à partir du poste de commandement de la compagnie et cantonnées au sud du col de Wan-Chai.

Lorsque dans la soirée du 18 décembre, l'ennemi débarqua, on ordonna aux colonnes volantes d'avancer. Deux pelotons furent envoyés, l'un sur les hauteurs connues sous le nom de Jardine's Lookout, et l'autre sur le mont Butler, où ils engagèrent une bataille acharnée contre les Japonais. Écrasés par le nombre, ils furent taillés en pièces et les deux commandants de peloton furent tués.

Le 19 décembre, tôt dans la journée, la compagnie « A » des Grenadiers reçut l'ordre de nettoyer Jardine's Lookout et de pousser jusqu'au mont Butler. Les rapports à ce sujet ne sont pas très clairs. Les victimes parmi les officiers et les hommes furent très nombreuses. Toutefois, il semble que la compagnie se soit divisée et qu'une partie, dirigée par le sergent-major de compagnie John Robert Osborn, se soit directement rendue jusqu'au mont Butler pour s'emparer de la crête de la colline. Quelques heures plus tard, une violente contre-attaque obligeait le détachement à reculer et à rejoindre le reste de la compagnie. Par la suite, en tentant de se replier, c'est toute la compagnie qui fut cernée.

Les Japonais commencèrent à lancer des grenades sur les positions de défense qu'occupait la compagnie « A » des Grenadiers, et le sergent-major de compagnie Osborn saisit plusieurs grenades et les renvoya à l'ennemi. Finalement, il en tomba une qu'il ne put attraper à temps. Criant un avertissement, Osborn se jeta sur la grenade au moment où elle explosait et donna ainsi sa vie pour ses camarades. Peu de temps après, les Japonais prenaient la position d'assaut et les survivants de la compagnie « A » étaient faits prisonniers. À la fin de la guerre, on décerna au sergent-major de compagnie John Robert Osborn la Croix de Victoria à titre posthume.

Comme les Japonais s'approchaient du quartier général de la brigade de l'Ouest, le brigadier Lawson décida de se replier sur un nouvel emplacement. Toutefois, avant qu'il ait pu exécuter ce mouvement, le quartier général était cerné. Une compagnie des Royal Scots tenta de lui venir en aide, mais moins d'une douzaine réussirent à passer. Vers 10 heures le 19 décembre, le brigadier Lawson annonça au quartier général de la forteresse qu'il sortait à l'extérieur pour affronter l'ennemi, qui faisait feu à bout portant dans l'abri. Il sortit du bunker armé d'un pistolet dans chaque main pour faire face à l'ennemi massé autour. Son effort lui coûta la vie.

Après la mort du brigadier Lawson et celle du colonel Hennessy, son second, la brigade de l'Ouest se retrouva sans commandant jusqu'à la nomination du colonel H.B. Rose du Corps de défense de Hong Kong qui fut nommé le 20 décembre.

Entre-temps la compagnie « D » des Grenadiers occupait le col de Wong-Nei-Chong et, de par sa position, commandait la seule route principale nord-sud à travers l'île. Les Grenadiers infligèrent des pertes considérables aux Japonais et retardèrent leur avance pendant trois jours. Les Canadiens tinrent le coup jusqu'au matin du 22 décembre lorsque les munitions, les vivres et l'eau furent épuisés et que les Japonais eurent fait sauter les portes d'acier et les volets des abris. Ce n'est qu'à ce moment qu'ils se rendirent; il restait à l'intérieur 37 Grenadiers blessés.

La dernière phase de la bataille dans la partie ouest de l'île consista en une tentative courageuse en vue de maintenir une ligne continue du port de Victoria jusqu'à la rive sud. Les Winnipeg Grenadiers furent détachés pour occuper le mont Cameron, hauteur très importante située sur la ligne, et ils accomplirent leur mission en dépit des intenses bombardements en piqué et des attaques au mortier. Dans la nuit du 22 décembre, les Japonais frappaient une fois de plus dans l'obscurité et les forçaient à se replier.

La ligne se composait maintenant du Middlesex Regiment et des régiments indiens sur la gauche; des Royal Scots sur les pentes ouest du mont Cameron; et des Grenadiers dans le secteur droit, jusqu'à la colline Bennet. Au cours de l'après-midi de la veille de Noël, le secteur gauche tomba et l'ennemi avança davantage sur le mont Cameron. Les Grenadiers maintinrent leurs positions en dépit d'attaques massives et, le matin de Noël, ils regagnèrent un peu du terrain perdu à la colline Bennet.

Cependant, après une trêve de trois heures, les Japonais attaquaient de nouveau. Les positions alliées furent subjuguées et les défenseurs furent forcés de se rendre.

Le jour de Noël, à 15 h 15, le général Maltby prévenait le gouverneur qu'il était inutile de poursuivre la lutte. On hissa le drapeau blanc. À l'est de l'île, une autre compagnie se préparait à une attaque lorsqu'elle eu vent de la reddition.

Après 17 jours et demi de combats, la défense de Hong Kong se termina. Les troupes japonaises, aguerries au combat, étaient soutenues par une puissante artillerie, la maîtrise totale des airs et l'assurance que des renforts étaient facilement disponibles. Les défenseurs alliés, au contraire, qui n'avaient que l'expérience de la vie de garnison, étaient épuisés par les bombardements incessants et avaient combattu sans aide ou renfort.

Le fait que les Japonais durent attendre jusqu'à Noël pour obtenir la reddition témoigne de la bravoure avec laquelle les troupes canadiennes et autres troupes de défense leur ont résisté.

Les répercussions

La bataille de Hong Kong se termina par des pertes tragiques pour le Canada : 290 morts et 493 blessés. Les décès et les épreuves ne cessèrent pas avec la reddition.

Avant même la fin officielle de la bataille, les Canadiens allaient subir de dures épreuves aux mains de leurs geôliers japonais. Le 24 décembre, les troupes japonaises envahirent un hôpital de fortune à Hong Kong, attaquant et tuant les infirmières et passant à la baïonnette les soldats canadiens blessés dans leur lit. La cruauté allait se poursuivre après la reddition de la colonie. Pendant plus de trois ans et demi, les prisonniers de guerre canadiens furent emprisonnés à Hong Kong et au Japon dans les conditions les plus abjectes, et ils durent subir des traitements cruels et le manque de nourriture. Dans les camps rudimentaires et répugnants de prisonniers de guerre du nord du Japon, ils travaillaient souvent 12 heures par jour dans le froid des mines ou sur les quais, ne recevant que des rations de 800 calories par jour pour survivre. De nombreux moururent. En tout, plus de 550 des 1 975 Canadiens qui quittèrent Vancouver en octobre 1941 ne revinrent jamais.

Nous nous souvenons

Les Canadiens qui ont pris part à la défense de Hong Kong ont beaucoup sacrifié pour rétablir la paix et pour rendre la liberté aux habitants de l'Asie et du Pacifique. Leur mission a été difficile et elle a coûté de nombreuses vies, mais leur sacrifice a fourni un exemple du genre d'effort qui serait nécessaire pour réussir à remporter la guerre. Les épreuves que subirent ensuite les survivants en tant que prisonniers de guerre ont rappelé encore une fois les coûts élevés engendrés par la guerre.

Ces combattants sont au nombre de ce million et plus d'hommes et de femmes qui ont servi dans les Forces armées canadiennes au cours de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 42 000 Canadiens ont donné leur vie dans cette guerre. Le Canada et le monde entier reconnaissent les sacrifices et les réalisations de tous les Canadiens, à l'image de ceux qui ont pris part à la défense de Hong Kong. L'héritage de paix et de liberté qu'ils nous ont laissé est inestimable.

Le Cimetière de guerre du Commonwealth britannique de Yokohama. <em>(Anciens Combattants Canada)</em>

Le Cimetière de guerre du Commonwealth britannique de Yokohama. (Anciens Combattants Canada)

Un mémorial se dresse dans le Cimetière de guerre de la baie de Sai Wan, sur l'île de Hong Kong, pour honorer ceux qui sont morts pour défendre l'île. Ce monument en granit blanc porte les noms de 2 000 soldats, dont 228 Canadiens, qui sont morts à Hong Kong et qui n'ont aucune sépulture connue. On y retrouve le nom du sergent-major de compagnie John Robert Osborn des Winnipeg Grenadiers, à qui l'on accorda à titre posthume, la Croix de Victoria.

Au pied du mémorial du Cimetière de guerre de la baie de Sai Wan, on peut voir la mer et une vue magnifique de la côte et des collines dans le lointain. C'est ici que reposent 283 soldats de l'Armée canadienne, y compris 107 hommes qui n'ont jamais été identifiés.

Le Cimetière militaire Stanley est situé derrière le petit village de pêche de Stanley, dans la partie méridionale de l'île de Hong Kong, dans la péninsule de Tai-Tam. Vingt Canadiens y sont inhumés, dont un qui n'a jamais été identifié.

Le Cimetière de guerre du Commonwealth de la baie de Sai Wan. <em>(Anciens Combattants Canada)</em>

Le Cimetière de guerre du Commonwealth de la baie de Sai Wan. (Anciens Combattants Canada)

Le Cimetière de guerre du Commonwealth britannique de Yokohama est situé à Hodogaya, près de Yokohama, où se trouve le seul cimetière du Commonwealth britannique au Japon. C'est là que reposent 137 Canadiens, la plupart morts en captivité dans les camps de détention japonais auprès de leurs camarades de la Nouvelle-Zélande, sous une croix du Sacrifice, dans une des quatre sections du cimetière.

La carte de Hong Kong

Carte montrant les combats qui ont eu lieu sur l'île de Hong Kong du 18 au 25 décembre 1941. Les Japonais ont envahi le nord de l'île depuis la partie continentale en quatre assauts amphibie. Ils ont ensuite poursuivi leur avance vers le sud et l'ouest pour renverser les défenseurs. Les forces alliées étaient organisées en deux brigades : la Brigade de l'est (incluant les Royal Rifles of Canada) et la Brigade de l'ouest (incluant les Winnipeg Grenadiers). Les Alliés ont livré bataille courageusement contre un ennemi supérieur en nombre avant d'être forcés de se rendre le jour de Noël 1941. (Direction - Histoire et patrimoine, Ministère de la Défense nationale)

La carte de Hong Kong

La carte de Hong Kong

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par la ministre des Anciens Combattants, 2005. No de catalogue V32-138/2005 ISBN 0-662-68645-4

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