Les camps de la mort

La force francophone

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Les camps de la mort

Transcription

LES CAMPS DE LA MORT Parce que quand on arrivait dans les camps, les Allemands étaient tous partis. C'était caché ça. Les Allemands, il y en avait qui le savaient, des villageois qui restaient à un mille, deux milles de là, ils sentaient la fumée puis ils se demandaient qu'est-ce que c'était, mais ils ne savaient pas quoi. Et puis ça c'est déclaré quand ils ont commencé à les vider, ces camps-là, nous autres, à s’en emparer. J'ai vu, moi, la fois que j'avais été à Auschwitz, là, ils ont été chercher le maire puis le curé de la place puis les notables de la place : Emmène dans le camp de concentration puis tu vas enterrer vos victimes. Ils les faisaient charrier par les pieds puis les mains puis ils garrochaient... J'ai vu une femme qui était mère. Elle pleurait, elle pleurait, elle pleurait. Travaille! Le gars lui donnait des coups de pied, là, puis : Envoye! Mais eux autres disaient qu'ils ne le savaient pas. C'est-tu vrai? Je ne le sais pas, tu sais. Dans des camps, là, il y avait le lit qui était fait juste avec des planches de bois, pas de matelas. D'autres qui en avaient des matelas, mais la grosse partie n'en avaient pas puis c'était sept, huit de haut dans un camp qui avait à peu près… oh, neuf pieds et demi, dix pieds. Quand ils en faisaient des plus larges, il fallait qu'il y en ait trois, quatre qui couchent ensemble, des femmes ou des hommes, ça n'a pas d'importance parce que c'était surtout des Juifs. L'ARRIVÉE DES ALLIÉS Il y en a qui ne pouvaient pas se supporter eux autres mêmes, ils sont toujours couchés et puis les Américains arrivent puis ils leur donnent des brancards, des couvertes, des oreillers pour les tenir au chaud. Il y avait la Red Cross qui était là aussi, puis il leur donnait rien de pesant pour digérer, tu sais, rien que de la soupe. Il les piquait, il donnait des vitamines, des piqûres, mais ils duraient pas, deux, trois semaines et puis ils étaient morts. C'était juste pour apaiser leurs dernières journées. Il y en a, des camps de concentration, où ce qu’il y avait des hauts-fourneaux qui brûlaient les cadavres et puis moi, ce qu'on m'a dit, c'est qu'il y avait des enfants qui étaient mourants, ils n'attendaient pas qu'ils soient morts, ils les prenaient et ils les garrochaient dans les fourneaux, les Allemands. Ils les brûlaient vifs. Ça, ça m'a dépassé pas mal, tu sais. Parce que tu viens enragé. Et moi, j'ai toujours aimé les enfants. Il y en a qui disaient aux soldats : Je n'ai plus de papa et je n'ai plus de maman. Peux-tu m'emmener avec toi? Il y a des soldats qui les emmenaient, les enfants, et ils les emmenaient jusqu'en Allemagne. Ils les cachaient pour pas que les officiers le savent. Mais lui, il avait tellement de pitié pour ces enfants-là. Tu sais, tu rentres dans un village puis, un village peut-être de 300, 400 personnes il y a des vieux, il y a des jeunes et il y a des enfants et les Allemands, ils prenaient les belles femmes, là, envoye dans un camp pour le privilège des soldats. Et puis les vieillards, s'ils étaient trop malades, ils les tuaient. Et puis les enfants, bien, ils les envoyaient dans les camps de concentration. C'est pour ça que je ne retourne pas en Allemagne. Et je n'y suis jamais retourné en Allemagne non plus. Je vais revenir fou encore.

Description

Vers la fin de la guerre, les troupes alliées ont découvert les camps de concentration. M. Charbonneau nous dresse un portrait de ce qui s’est passé à l’intérieur de ces camps.

Roger Charbonneau

Roger Charbonneau est né à Hull. Au printemps 1941, il s’enrôle dans l’Armée canadienne. Son instruction militaire a lieu à Ottawa, puis son cours de signaleur à Kingston. Il s’en ira par la suite combattre en Europe. Il participera à plusieurs missions périlleuses, notamment toute la campagne de Normandie et une mission à Nijmegen (Hollande) où quatre de ses coéquipiers perdront la vie.

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