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Vaincre sa peur et repousser la mort

La force francophone

Vaincre sa peur et repousser la mort

Vaincre sa peur et repousser la mort Y m'avait emm'né un jeune, y dit... le caporal, y dit : « Lui, icit', y vient d'arriver du Canada – y dit – C'est sa première fois au front y dit – prends-en soin... » Fait qu'j'ai dit : « OK... », j'y ai montré, « Creuse ton trou, là-bas, à peu près trente pieds des [inaudible] j'y dit – Tu t'mettras là... », une affaire de même. Tu voyais qu'y était pas mal nerveux... Tout d'un coup, y commence à avoir des shells, pis là, y v'nait assez proche, à peu près vingt, trente pieds de où c'qu'on était, pis tout d'un coup, y commence à brailler un peu. Fait qu'y dit : « J'peux-tu aller avec toi ? » Ben moi, j'aimais pas ça... T'sais moi... Ben j'y dit : « OK, d'abord... Viens. » Mais là, fallait qu'on s'place su' l'côté, fait qu'y avait pas d'place pour mettre les deux, côte à côte... s'mettre su' l'côté... Pis tout d'un coup, à peu près une demi-heure après, [inaudible], là, y commence encore... l’artillerie commence encore, c'est ben maudit, y aurait pu v'nir à notr' trou, ici. Mais où qu'y était, dans l'trou, une chose a tombé dret' dedans pis elle a explodé. Quand y a vu ça, y a parti à brailler, pis là, y a pris une crise de braillage, y arrêtait pas, pis quand le caporal est v'nu, pour savoir comment qu'on était, y dit : « Qu'est-ce qu'y a d'travers avec lui ? » J'ai dit : « T'es mieux d'le ram'ner avec toi parc'que – j'ai dit – ses nerfs sont finis... Y a p'us d'nerfs pantoute. Y fait rien qu'brailler, y est pas capabl' d'arrêter... » Y a dit : « OK... – y dit – OK, viens-t-en avec moi... » Pis le gars, j'dirais, y avait à peu près dix-neuf ans, dans c'temps-là. C'tait jeune, mais j'l'ai jamais r'vu, lui. Pour moi, y aurait jamais été capabl' de r'venir au front. Y a été shell-shocked au coton. Quand j'suis rvenu d'l'Angleterre au Canada, su' l'bateau qu'on était, y'n avait pas mal des gars qui étaient shell-shocked. Tu penses jamais d'mourir. Moi, j'pensais l'temps de vivre... C'est la dernière affaire que tu penses. Si tu penses de mourir, ben c'est ça qui va arriver, tu vas t'faire... t'sais, tu peux t'faire tuer. J'sais qu'une coupl' de gars, dans l'infant'rie, une fois, un m'donne une lettre, pis y dit : « Tu malleras ça... » J'dis : « Pour quoi faire ? » Y dit : « J'pense pas qu'j'vais passer c't étape-ci... » J'ai dit : « Ben, pour quoi faire tu dis ça ? C'est stupide... Tu peux passer n'importe quelle... » « Non, non, non... J'ai pas... » Pis comme de fait, le lend'main matin, j'me d'mande où est-ce qu'était l'gars – j'pense son nom c'est [Cowie] y dit : « Y s'est fait tuer durant... d'bonne heure, à matin, quand on a commencé l'attaque. » Si on avait dit qu'y sentait ça, pis y m'avait donné une lettre pour maller à sa femme. T'sais, c'est des affaires... Comme, moi, ça m'a pas qu'y m'donne ça parc'que moi, c'est des affaires... J'voulais pas m'bâdrer, t'sais, mais... Si tu disais non... tu disais pas non parc'que c'est des faveurs qu'y d'mandaient d'faire, pis fallait qu'tu fasses des faveurs...

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