Transcription
Anthony Wilson-Smith
Bonjour, et bienvenue tout le monde. Bon matin à tous, sauf bon après-midi aux gens des provinces de l’Atlantique et des Maritimes. Se souvenir des braves Canadiens qui ont mis leur vie en danger pour défendre la paix et la liberté est aussi important aujourd’hui, bien sûr, qu’à tout autre moment de notre histoire. Mais, comment nous honorons le service et le sacrifice de nos vétérans change très rapidement. Les monuments et les cérémonies vont toujours avoir lieu d’être, mais nous devrons vraiment faire évoluer nos activités commémoratives pour inclure davantage d’outils numériques, comme nous le savons, et des espaces numériques si nous voulons communiquer avec les Canadiens.
Bienvenue à cette rencontre virtuelle sur la commémoration à l’ère numérique. Je m’appelle Anthony Wilson Smith, président et directeur général d’Historica Canada. C’est pour moi un plaisir d’être votre animateur pour la discussion d’aujourd’hui. Je tiens à mentionner que le territoire sur lequel je me trouve à Toronto est, depuis des milliers d’années, situé sur les terres traditionnelles des Hurons Wendats, des Senecas, et plus récemment, des Mississaugas de la rivière Credit. Aujourd’hui, c’est encore l’endroit où vivent de nombreux peuples autochtones de l’île de la Tortue. Je suis très reconnaissant d’avoir l’opportunité de travailler ici. Quand nous nous rencontrons virtuellement, je souhaite également reconnaître les peuples et les terres sur lesquelles vous êtes chacun rassemblé d’un océan à l’autre. Honorable Lawrence MacAulay, Ministre des Anciens Combattants et ministre associé de la défense nationale, bienvenue et merci, monsieur le ministre.
L’honorable Lawrence MacAulay
Merci beaucoup, Anthony. Quand j’ai été secrétaire d’État il y a 25 ans, la commémoration signifiait surtout se rassembler aux monuments et aux mémoriaux ici, à la maison, et dans le monde. Cela signifiait porter des coquelicots sur votre revers et avoir les deux minutes de silence chaque jour du Souvenir. Le monde est différent maintenant. Nous pouvons le transporter dans notre poche, et cela a changé notre façon de faire les choses. Même avant cette année, nous savions que nous devions trouver de nouvelles façons d’honorer les personnes qui ont servi notre pays en uniforme. C’est encore plus important, car nous allons souligner quelques anniversaires majeurs depuis la maison, et nous continuerons de nous en inspirer dans les mois et les années à venir, que ce soit sur les réseaux sociaux ou autrement. Il y a beaucoup de travail à faire pour nous assurer d’être en mesure de faire connaître les histoires de ceux qui ont servi et donné leur vie à nos enfants et petits enfants. C’est ce dont il est question aujourd’hui, et je tiens à tous vous remercier de vous être joints à nous. J’ai hâte d’entendre ce que nos experts ont à dire, et je vous remercie beaucoup. Merci.
Anthony Wilson-Smith
Merci beaucoup, monsieur le ministre. Merci, monsieur le ministre, pour ces mots de bienvenue. Maintenant, c’est le dernier ajout dans une nouvelle série de tables rondes virtuelles sur l’avenir de la commémoration. Il s’agit de la façon de faire participer les Canadiens à l’acte du souvenir et de reconnaissance des militaires canadiens. Anciens combattants Canada et Historica cherchent des moyens numériques de communiquer de manière numérique avec les Canadiens de tous âges et de divers milieux. L’un des principaux objectifs de la nouvelle approche d’Anciens Combattants Canada en matière de commémoration est d’aider les Canadiens à mieux comprendre comment ceux qui ont servi le Canada ont contribué à promouvoir la paix et la sécurité dans le monde – si vous voulez faire part de vos idées sur la façon dont le Canada devrait rendre hommage aux nouvelles générations de militaires, nous voulons les connaître. Vous pouvez le faire en visitant parlonsveterans.ca/commemoration. C’est la clé pour trouver sur Google, parlons vétérans, parlonsveterans.ca/commemoration et vous faire entendre. Aujourd’hui, nous parlerons avec trois experts dans ce domaine. Nous discuterons de l’avenir, nous travaillons étroitement avec eux et profiterons de l’expertise qu’ils apportent à la table. Nous parlerons de l’avenir de la commémoration en rapport avec l’actualité et les initiatives numériques, et examinerons de nouvelles façons de sensibiliser et de mobiliser les publics plus jeunes dans le monde virtuel. Rencontrons nos trois experts en commençant par le capitaine Kirk Sullivan. Le capitaine Kirk Sullivan est agent des affaires publiques à l’ambassade du Canada à Washington. Le capitaine Kirk Sullivan est l’individu derrière le compte Twitter @cafinus. Le compte Twitter a plus que - il est le génie derrière le compte Twitter, un des meilleurs comptes Twitter, à mon avis, pour son intelligence, son empathie et la qualité de ses informations et fiabilité. Le compte twitter compte plus de 68 000 abonnés et est connu pour son approche unique dans la manière, que je viens de décrire, de communiquer l’information aux abonnés. Une grande partie du contenu @cafinus porte surtout sur la reconnaissance des Canadiens qui ont servi, ce qui le rend particulièrement pertinent aujourd’hui. Carolyn Patton est la prochaine à se joindre à nous d’Edmonton. Depuis plus de 25 ans, Carolyn Patton fait progresser les offres de création de nombreuses sociétés et agences de publicité au Canada et en Europe. Aujourd’hui, en plus d’être la propriétaire de Patton Communications à Edmonton, elle offre sa créativité à d’importantes initiatives, y compris les forces armées canadiennes, en tant que petite fille d’un vétéran de la Grande Guerre et qu’épouse d’un vétéran de conflits plus récents, elle est honorée de siéger au conseil d’administration de la fondation Vimy. Et, finalement, Caroline Dromaguet. Elle est la directrice générale du Musée canadien de la guerre, professionnelle chevronnée du milieu muséal, elle possède plus de 20 ans d’expérience liée entre autres à la gestion des musées, à l’élaboration et à la prestation de produits culturels, ainsi que des initiatives et des partenariats internationaux visant à positionner stratégiquement la riche et fascinante histoire du Canada sur la scène mondiale. Elle tient à favoriser la collaboration, la pensée novatrice et le leadership au sein de la communauté muséale du Canada.
Un bref aperçu des carrières de nos personnes dans le monde numérique. Je veux également entendre les réflexions de chacun d’entre vous sur l’évolution des médias sociaux et des possibilités et des initiatives commémoratives numériques. Nous ne demanderons pas à tout le monde de répondre à chaque question. Nous espérons couvrir beaucoup de terrain. Vous devrez être plus court que franchement ce que nous voudrions. En commençant avec Carolyn, avant la pandémie de COVID 19, de nombreuses activités du Musée canadien de la guerre étaient axées sur l’expérience du visiteur au sein de la structure physique du musée. Comment le musée réinvente-t-il l’expérience d’apprentissage pour l’amener aux Canadiens par l’intermédiaire de vos médias numériques et quelles occasions envisagez-vous pour promouvoir la diversité de l’histoire militaire du Canada?
Caroline Dromaguet
Merci, Anthony. Très bonne question. Une question qui est je pense dans la pensée de beaucoup d’institutions culturelles. Bien entendu, le musée de la guerre est un musée national situé à Ottawa, comme on le sait. Nous avons toujours été préoccupés par un mandat national. Alors on arrivait quand même à rejoindre un vaste public que ce soit par l’entremise de nos expositions itinérantes, nos programmes éducatifs publics et nos médias sociaux. Mais c’est sûr qu’avec la pandémie il y a eu beaucoup de contraintes. En fait, le musée a été fermé la plupart de l’année dernière. Et ça nous a vraiment servi de tremplin pour augmenter notre présence numérique il va sans dire. Donc je pense le premier test pour nous a été dans le contexte de la commémoration du 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nous avions plein de produits, des expositions prévues, toutes sortes de choses, et on a dû transférer beaucoup de ces initiatives en ligne. Mais en fait cela nous a apporté des bonnes occasions. Alors, par exemple, nous avions une exposition sur la libération des Pays-Bas, que nous avons pu adapter à un format numérique. Nous avons pu faire plein de partenariats avec des gens qui sont sur l’appel avec nous aujourd’hui pour échanger avec nos experts et tout. Et nous avons pu aussi augmenter notre présence avec beaucoup de diversité, donc l’exposition de l’artiste Molly Lamb Bobak, qui est une femme artiste très reconnue de la guerre. Donc ça nous a vraiment permis d’aller rejoindre nos publics différemment. Ça nous a aussi donné un excellent tremplin pour nos programmes scolaires. On remarquait qu’il y avait un déclin des écoles qui venaient sur place pour différentes raisons, soit qu’elles n’avaient pas accès aux ressources nécessaires pour se rendre sur place. Donc c’était quelque chose auquel on pensait beaucoup, mais la pandémie nous a vraiment lancé dans tout cela. Nous sommes en plein projet pilote où nous pouvons offrir nos programmes scolaires en temps réel où les salles de classe peuvent discuter directement avec nos experts et recevoir le programme scolaire de cette façon, partout au Canada bien entendu. C’est vraiment excellent. Nous avons également pu augmenter notre présence sur les médias sociaux. Alors on a vu une augmentation assez significative de cette façon. Et ça a permis d’engager beaucoup de dialogues à l’échelle nationale. Les gens avaient besoin et voulaient partager leur expérience personnelle, ce qui a augmenté ces échanges dynamiques et diversifiés. Et finalement la deuxième partie de votre question au terme de la diversité. La diversité est toujours présente dans nos intentions de développer nos produits. Mais encore une fois, de pouvoir les présenter en ligne, nous pouvons faire davantage. Nous pouvons aller rejoindre des publics diversifiés pour recevoir leurs histoires personnelles. Et vraiment présenter ce qui est notre force au musée ce sont ces histoires personnelles, alors que ce soit à l’échelle individuelle, nationale et internationale, cela nous permet de faire des liens un peu partout au-delà du Canada sur nos plateformes numériques et d’inviter ces dialogues très diversifiés. Je pourrais peut-être conclure en disant qu’on veut rester à l’écoute de nos publics, que ce soit les enseignants, les vétérans, monsieur madame tout-le-monde qui forment nos publics, et de présenter ce qu’on a à présenter d’après ce qu’eux recherchent et pas ce que nous nécessairement pensons qui est nécessaire mais de vraiment s’adapter aux besoins d’aujourd’hui.
Anthony Wilson-Smith
Merci, Caroline. La Fondation Vimy offre aux jeunes canadiens des possibilités d’apprentissage sur la Première Guerre mondiale. Des programmes permettent d’envoyer des jeunes visiter des champs de bataille à un mémorial national extraordinaire, si certains de vous êtes allés là, en France, ce qui est impossible en cette période. Ce qui a rendu les choses difficiles pour vous et les autres experts. Pouvez-vous parler un peu de vos initiatives novatrices? Je pense en particulier à la Première Guerre mondiale en couleur, mais d’autres aussi, où vous renouvelez l’engagement des Canadiens envers l’apprentissage d’un moment charnière de notre histoire il y a plus de 100 ans?
Carolyn Patton
Vous avez tout à fait raison, nous avons un site de renommée mondiale au mémorial de Vimy. Personne ne peut y aller. Auparavant, nous avons envoyé des jeunes au mémorial et aux sites de la Première Guerre mondiale avec le prix Vimy pèlerinage. Nous créons de nouvelles expériences en ligne pour les jeunes en particulier. Nous avons transformé le prix Vimy pèlerinage en une conférence en ligne avec des intervenants notoires. Cela a été bien reçu. Nous avons aussi créé une nouvelle série de webinaires appelée « par-delà la crête » et aussi des balados. Nous créons du contenu où les gens peuvent choisir comment ils veulent assimiler cette information. Quand nous contactons les jeunes canadiens, nous essayons surtout la mobilisation entre les airs. Il n’y a pas de meilleur messager pour les jeunes que d’autres jeunes. Nous sommes principalement sur Instagram et Twitter. Mais nous avions aussi ces belles images colorisées de la Première Guerre mondiale, et c’est un atout incroyable pour notre fondation. Mais nous avons réalisé que cette collection analogique et les histoires avaient leur valeur en ligne. Nous l’avons donc considéré comme stratégie numérique. Et les images créent également des occasions d’harmoniser avec les questions d’actualité qui sont très pertinentes aujourd’hui, vous le savez, 100 ans après, tels que la grippe espagnole, ou du corps médical. Ces histoires deviennent très significatives par rapport à ce qui arrive et nous touche chaque jour maintenant.
Anthony Wilson-Smith
Merci, Carolyn. Passons à vous, Kirk. Le compte Twitter @cafinus, bien sûr indique au public ou rappelle aux gens que le Canada et les États-Unis sont deux pays avec des intérêts communs, des histoires et des valeurs communes. En même temps, si je peux me permettre, vous avez eu à le faire à une période où pour diverses raisons on nous a davantage rappelé les choses qui nous divisent parfois que celles qui nous unissent. Je pense que nous pouvons convenir qu’il s’agit d’une période difficile à certains égards. Vous cherchez à changer cela. Vous avez aussi dit que lorsque vous envoyez un gazouillis, c’est comme d’une certaine façon marcher dans le salon d’une personne. Voulez-vous en parler un peu, comment vous maintenez l’intérêt de votre public et pourquoi il est important de publier ou de partager des gazouillis sur les histoires de jalons militaires de ceux qui ont servi au moment où ce besoin pouvait sembler moins évident?
Capitaine Kirk Sullivan
Oui, si vous me le permettez. J’aimerais souligner qu’il y a un an aujourd’hui nous avons perdu 6 de nos membres qui servaient le Canada dans la mer ionienne. Nous pensons à eux, à leurs amis et à leurs familles chaque jour. C’est un rappel à l’ère du numérique que ce n’est pas une chose de longue date. C’est quelque chose qui reste en nous chaque jour. Comment maintenons-nous l’intérêt de notre public? Eh bien, je pense que vous devez poser un certain nombre de questions. Qui est le public? Qui sommes-nous? Qui représentons-nous? Que représentons-nous? Les réponses peuvent vous sembler évidentes lorsque vous me voyez et savez que je suis ici aux États-Unis en tant que militaire diplomate. Nous représentons le Canada et nous nous présentons aux Américains. Que représentent nos forces armées? Qui voulons-nous être? Qui sont les Canadiens? Qui sont les Américains? Je me pose ces questions tous les jours. Cela peut être nuancé pour répondre à la question. Je crois qu’il est question de la façon d’échanger avec les personnes qui échangent déjà entre elles, du moment où vous êtes au courant des diverses conversations récentes qui peuvent nous diviser. Nous savons donc que ces conversations sont tenues sur les médias sociaux. C’est comme marcher dans un salon plein de gens. Et d’où je viens, et je pense que c’est le cas de la plupart des endroits, vous ne devriez pas arriver, faire une annonce dans le salon bondé et partir. Vous écoutez d’abord les conversations. Vous essayez de comprendre les individus, leurs préoccupations, leurs craintes, leurs joies, ce qui les fait rire, ce qui les fait pleurer. Donc en comprenant cela, échanger consiste nécessairement à écouter beaucoup, à soupeser, à considérer, puis après toute cette réflexion, qui me prend beaucoup plus de temps que la majorité des gens, vous essayez d’ajouter quelque chose à la conversation. Alors au lieu de planifier quelque chose, vous apporter quelque chose en lien avec les conversations quotidiennes sur les médias sociaux. Souvent, c’est quelque chose de notre passé, évidemment, comme le savent les personnes qui suivent le compte. Et qu’il s’agisse d’une mission militaire ou d’une histoire personnelle sur ceux qui ont servi, je crois que ces histoires – comme je représente les personnes qui ont vécu cette vie, ont vécu ces histoires. Cela n’inclut pas seulement les triomphes, mais aussi les parties moins reluisantes dont nous ne parlons pas assez. Je pense qu’elles contribuent à définir qui nous sommes en tant que pays et en tant que militaire.
Anthony Wilson-Smith
Merci, Kirk. La prochaine question, je serai égoïste en ce qui concerne nos propres efforts chez Historica, porte sur les différents outils. Qu’est-ce qui a un sens pour quel public, et comment les utilisons-nous? Chez nous où nous faisons, par exemple, les minutes du patrimoine et le projet mémoire permettant aux vétérans de se faire entendre dans les écoles et autres endroits publics, ainsi que l’encyclopédie canadienne, nous examinons aussi l’évolution des tendances en matière de médias numériques. L’une des questions dont nous parlerons après est comment susciter l’intérêt des jeunes en particulier. Je sais que vous comprenez le sens de mon propos. Je sais qu’il y a 6 ou 8 mois, plusieurs de nos collègues ont commencé à parler de l’idée d’utiliser Tiktok en raison de son format court et du public beaucoup plus jeune. Je dois dire qu’à ce moment j’ai dit, je ne sais pas, je ne sais pas si cela va fonctionner. Cela a très bien fonctionné. Cela semblait contre-intuitif, mais cela a augmenté notre auditoire dans les millions de plus d’un tiers et nous a apporté un nouveau public. C’est notre expérience, puis nous ciblons d’autres lieux. Je suis curieux, Carolyn Patton, la fondation Vimy crée une expérience virtuelle pour pouvoir vivre le Mémorial de Vimy ou le parc environnant à partie de chez soi ou de la salle de classe ou quand vous le voulez. Parlez-en et décrivez-la un peu.
Carolyn Patton
Pour beaucoup d’entre nous maintenant, nous sommes dans un état d’apprentissage stationnaire sans avantage de voyager. Donc, l’idée est que au lieu d’aller à Vimy, nous allons vraiment amener Vimy dans le monde à travers cette nouvelle expérience numérique. Et elle s’appelle Vimy, un mémorial vivant. Il coïncidera avec le 105e anniversaire de Vimy l’année prochaine en 2022. Il s’inspirera d’une série d’histoires et d’événements et créera un nouveau récit pour préserver l’héritage de la Première Guerre mondiale qui fait vraiment écho à nos réalités. Mais en le concevant avec nos nombreux partenaires, soit anciens combattants et l’onf, les histoires sont géolocalisées au mémorial et aux environs. Ce sera une solide expérience. Vous pouvez vraiment prendre une marche n’importe où dans le monde. Peu importe que vous soyez à Whitehorse ou à Washington. Oserais-je dire que c’est le style de jeu de la numérisation du contenu historique? Il crée ce nouvel atout d’apprentissage unique qui complètera nos programmes éducatifs. Il peut compléter l’apprentissage et la recherche sur la bataille de Vimy et la Première Guerre mondiale. Et nous pourrions offrir des histoires personnalisées et créer cette expérience vraiment unique qui sera accessible à tout le monde gratuitement. Il s’agit vraiment de numériser cette expérience vécue à Vimy.
Anthony Wilson-Smith
Alors à cet égard, je vais laisser parler chacun d’entre vous. L’apprentissage du souvenir, l’enseignement sur l’histoire militaire a changé au fil du temps. Les événements se sont produits seulement une fois, mais parfois nous les regardons souvent différemment. Beaucoup de Canadiens n’ont plus les liens directs de parenté, ce qui était le cas peut-être il y a 20 ans et plus et, bien sûr, les nouveaux Canadiens n’ont souvent aucun lien direct avec le passé du Canada. Donc, la question primordiale est de savoir comment joindre ces personnes pour les aider à établir des liens. Kirk, ce sera différent quand vous parlez surtout à un auditoire américain. C’est une question un peu différente. Le Canada en tant que nation est en pleine évolution. De nombreux nouveaux Canadiens sont originaires de régions où l’armée a déjà été déployée. Comment le musée canadien de la guerre utilise-t-il les médias numériques pour se positionner afin de demeurer pertinent pour tous les Canadiens en incitant les gens à vouloir apprendre l’histoire militaire du Canada et à reconnaître le service et les sacrifices de ceux qui ont servi?
Caroline Dromaguet
Oui, merci, Anthony, bien c’est sûr qu’avant d’arriver sur les plateformes numériques on peut aussi dire que dans le musée, dans nos murs et dans nos galeries permanentes bien entendu, c’est très important de présenter ces différents récits, ces histoires personnelles. Et souvent, on fait ces liens avec ces pays où les militaires canadiens auraient pu servir. Donc, il y avait cette opportunité d’ouvrir ces dialogues avec nos publics à l’intérieur du musée. C’est sûr que, comme tout le monde, on a dû s’adapter pour continuer à entretenir ces dialogues. Et je crois qu’on réussit quand même assez bien. Puis, je peux vous donner un exemple avec nos ressources pédagogiques. On reçoit beaucoup de feedback des enseignants, comme je le disais auparavant. Et on a vu que souvent c’est un point d’entrée. Alors les histoires personnelles, par exemple du personnel militaire canadien – leur histoire personnelle est un tremplin pour une conversation entre les jeunes peut-être qui ont eu des expériences eux-mêmes d’un pays où il y aurait eu un conflit et maintenant ils sont au Canada. Alors ça engage cette conversation, et ils peuvent faire des liens avec des expériences dont ils viennent d’apprendre dans le contexte de l’histoire militaire canadienne. Et ensuite ils sont un peu portés et incités à échanger leur propre expérience. On trouve que cela a vraiment porté fruit si on veut. Du côté commémoration, la dernière année pour nous a été une excellente occasion pour un peu adapter la façon dont on soulève et commémore le jour du Souvenir. Donc, on a développé une nouvelle ressource virtuelle justement qui offre aux écoles, aux communautés et aux autres groupes qui aimeraient organiser leurs propres commémorations. Alors c’est une très bonne ressource où ils peuvent avoir accès à du matériel bien entendu de nos collections, du matériel pédagogique et d’autres ressources pour justement eux-mêmes prendre part à ces commémorations. Je pense que plus que jamais il faut avoir ces pistes et ces occasions pour les gens d’apporter leurs points de vue de diversité et tout ça. C’est de présenter l’histoire militaire d’une façon qui résonne avec nos publics. Donc un événement qui a eu lieu il y a 100 ans, par exemple, comment est-ce que cet événement a encore une incidence ou un impact sur ce que nous vivons aujourd’hui? Et je pense que ça, ça va vraiment rejoindre tous les Canadiens aujourd’hui.
Anthony Wilson-Smith
Merci, Caroline. Kirk, comme je l’ai dit, vos moyens sont un peu différents lorsque vous parlez de joindre les Américains et d’enseigner davantage l’histoire canadienne. Si je peux me permettre à cette première partie, et vous n’êtes pas nécessairement d’accord avec moi, mais je pense que, comme Canadiens, nous disons que les Américains, quand on regarde les films d’Hollywood, pensent souvent qu’ils sont allés à la guerre seuls et qu’ils ont presque tout fait eux-mêmes. Bien sûr, on veut leur rappeler que cela n’a pas été le cas, qu’on n’a pas seulement été là, mais qu’on a joué un rôle assez important. Comment entrez-vous en contact avec des personnes en disant, vous savez, ici c’est nous et voici ce que nous avons fait à vos côtés comme alliés, amis?
Capitaine Kirk Sullivan
Je pense qu’une grande partie consiste à comprendre ce qu’ils pensent, ce qui les inquiète, ce dont ils parlent chaque jour. Comme je l’ai dit auparavant, il est important de comprendre ce qui compte pour eux. Et nous savons que les Américains accordent une grande importance au service militaire. Et nous savons qu’ils en parlent régulièrement. Si je veux intégrer nos histoires du Canada, et je pense que c’est le moyen que nous utilisons, nous comprenons nos histoires. Nous comprenons leurs histoires. Nous disons, hé, il y a chevauchement ici. Voici ce que nous avons fait. Voici ce que ces personnes ont vécu. Et pour moi personnellement, je ne suis pas un historien. Je ne connaissais pas suffisamment ces expériences avant d’occuper ce poste, l’expérience des vétérans canadiens. Donc plonger dans ces histoires personnelles individuelles, qu’il s’agisse de jalons militaires de notre passé, de grands moments historiques, je pense que raconter des histoires, les gens seront toujours intéressés par une bonne histoire. Ils souhaiteront toujours apprendre comment les gens ont surmonté des défis considérables, au pays et à l’étranger. Donc je sais que les Américains veulent ces histoires, qu’ils sont intéressés par leurs propres histoires de cette nature. Nous avons constaté qu’ils sont aussi intéressés par les histoires canadiennes semblables. Vous avez raison, la plupart du temps, quand nous plongeons et racontons ces moments vraiment puissants, c’est généralement lorsque j’évite d’intervenir et que je laisse les moments briller par eux-mêmes que cela touche les Américains. Et pour la plupart, ils ne connaissaient pas ces histoires du passé du Canada. Donc je pense que cela témoigne de certaines choses. Une partie de ce que nous faisons fonctionne, c’est-à-dire éviter d’intervenir et présenter aux Américains les vétérans canadiens et leurs expériences. Mais aussi que j’ai du travail à faire parce que nous découvrons chaque jour, chaque semaine, que des personnes ne connaissent pas certaines des parties les plus importantes de notre histoire.
Anthony Wilson-Smith
Y compris, je dirais, les Canadiens aussi qui continuent d’en apprendre sur le rôle canadien dans le passé. Vous avez participé, comme je le sais, à d’autres initiatives en plus de Vimy où les Canadiens peuvent réfléchir sur le service et le sacrifice de ceux qui ont servi, notre thème aujourd’hui, et comment honorer cela. Quels sont certains les moyens de vraiment établir un lien personnel significatif quand vous regardez les choses que vous avez accomplies? Vous en avez parlé avec Vimy, mais en général?
Carolyn Patton
Ouais, c’est cet équilibre entre la création d’un lien vraiment significatif dans le monde numérique et en ligne, mais aussi nous ne pouvons pas oublier l’événement en personne, car c’est ce qui touche notre cœur et l’expression de commémoration. Pour le centenaire de Vimy à Edmonton, nous avons fait quelque chose de totalement différent. Nous avions une vigile de 12 heures du lever au coucher du soleil pour souligner le 9 avril, le jour de la bataille de Vimy. Il y a traditionnellement quatre soldats qui veillent. Nous avons créé quatre nouvelles places pour que les citoyens veillent exactement au même temps que ces quatre soldats. Nous avons créé un site web en ligne où les gens peuvent s’inscrire et raconter leurs histoires. Plus de 200 personnes ont veillé pendant 15 minutes. Ils pouvaient s’inscrire pour 15 minutes, et c’était fini en deux heures. Ils ont veillé du matin au soir. Ce à quoi nous ne nous attendions pas du tout, c’était l’émotion. Les gens ont apporté des photos. Ils ont apporté des souvenirs. Ils ont raconté des histoires, posé des questions. Beaucoup ont pleuré, et ils ont partagé en ligne et la mobilisation était énorme. Je dois dire que ce fut probablement l’une des expériences les plus émouvantes que j’ai jamais vues où nous avons créé ces 8 personnes qui veillaient ensemble. Et les gens qui ont veillé ont obtenu un certificat qui dit que j’ai veillé. Nous savons que certaines personnes n’avaient pas de parent ayant participé à un conflit de quelque nature que ce soit ou de guerre ou ne connaissaient même pas une personne ayant servi. Il y avait un garçon qui était jeune. Ses grands-parents sont venus d’Angleterre pour le voir veiller le jour de Vimy. Je crois que c’est la première fois que c’était fait au Canada. Et j’espère que ce n’est pas la dernière. Mais l’idée est que lier cette expérience en personne significative à l’occasion de s’exprimer en ligne et cela suscite cette merveilleuse conversation. Et les gens se parlaient sans se connaître. Mais l’émotion nous a pris au dépourvu. Nous étions occupés à gérer cette expérience unique, et nous n’étions pas prêts pour l’émotion. Je pense que c’est là où vous créez cette belle expérience significative permettant aux gens de raconter leurs propres histoires. À travers ce processus, ils créent maintenant leur propre histoire à raconter à leurs petits-enfants.
Anthony Wilson-Smith
C’est une belle histoire et expérience. Elle lie quelque chose que chacun a abordé, c’est à dire que quand vous joignez quelqu’un à un niveau personnel, sans discuter des dates, des lieux, des chiffres et des choses dans l’ensemble, mais plutôt de comment les gens se sont sentis, l’effet est si grand. Et vous le faites tout si bien. Je veux passer à une sorte de problème épineux avec lequel, franchement, nous sommes aux prises à Historica Canada, très important pour chacun de vous. Je veux vous demander à chacun comment vous faites. L’histoire canadienne, comme tout autre pays, est remplie de moments de grande réussite dans le cas du service militaire, de grand héroïsme et de sacrifice. Il y a également des échecs, parfois des injustices, des choses que nous aimerons faire beaucoup différemment. Nous regarderons sans doute en arrière et penserons la même chose. Je pense au traitement des communautés autochtones et des communautés de pandc et aux problèmes survenus, aux préjugés sexistes, et à toute une liste de choses dont je pense que tout le monde est conscient. Discuter de ces choses ou les mettre en lumière, chercher des leçons ou de la reconnaissance, notre point de vue chez Historica est de faire un très bon pays ou de rendre un pays meilleur en rendant les gens fiers de ces réalisations. Mais aussi en disant aux gens voici comment on peut faire mieux, devrait faire mieux et fera mieux. Kirk, vous avez parlé de vous-même, de la nécessité d’être honnête en parlant de notre passé. Vous traitez de problèmes difficiles de façon très empathique sur le compte twitter. Si vous voulez donner vos idées sur la façon dont les médias sociaux peuvent être un moyen de tenir des conversations sur des sujets difficiles d’une manière permettant de nouvelles perspectives et de nouvelles compréhensions. Peut-être quand vous avez envisagé la modélisation de ce compte, comme vous dites l’avoir fait, qui vous a inspiré quand vous pensiez à comment adopter cette approche? C’est difficile dans votre poste, oui.
Capitaine Kirk Sullivan
Ouais, encore une fois, le fait de reconnaître que les médias sociaux constituent une discussion au sein d’un large éventail de personnes est important je crois dans toute discussion certainement lorsqu’on représente les forces armées et notre pays. Nous devons être honnêtes sur qui nous sommes. Et donc si nous sommes honnêtes, je crois qu’on doit reconnaître de qui nous parlons lorsque nous disons « notre ». On doit reconnaître qu’il est plus que certain que ce n’est pas seulement ceux qui me ressemblent qui avaient le privilège et l’éducation que j’ai eue à Terre-Neuve. Si je dois faire justice, si on doit faire justice à ceux que je tente de représenter, je dois comprendre leurs histoires, leurs expériences du Canada. J’ai déjà dit que je n’en savais pas assez avant de venir ici. Alors, comment fait-on cela? Comment puis-je faire cela? Je cherche des personnes de ces communautés, comprends leurs histoires et évidemment des experts, de véritables historiens, je n’en suis pas un, pour en savoir plus sur le grand « nous ». J’apprends sur l’expérience des vétérans noirs, par exemple, du travail des anciens qui ont écrit sur le bataillon de construction numéro 2 au cours de la Première Guerre mondiale. C’est dans les nouvelles dernièrement. J’apprends sur les expériences tragiques et terribles des femmes qui ont servi le pays à travers les mots de gens comme Kelly Thompson, Sandra perron et ceux qui continuent de parler bravement chaque jour de ce qui leur est arrivé, d’inconduite sexuelle, au sein de notre armée. Évidemment, on fait allusion au fait et on mentionne les expériences des métis, des premières nations et des Inuits au Canada. Malheureusement, encore une fois, je n’en savais pas assez à ce sujet avant de plonger dedans pour étudier comment représenter notre pays ici dans l’univers. L’horreur des pensionnats et les histoires des survivants de ces pensionnats et qui choisissent tout de même de servir le Canada en uniforme et reviennent pour faire l’objet de discrimination extrême à nouveau. Tanya, Richard Wagamees, Louis Riel, Tommy Prince, Édith Anderson, je n’en sais pas assez sur eux, je n’en sais toujours pas assez. Bien sûr, les ressources que fournit Historica Canada au Musée de la guerre et à la Fondation Vimy m’ont aidé à comprendre et à grandir en tant que canadien. Je le vois vraiment pas seulement comme une obligation dans mon rôle professionnel mais comme une obligation en tant que citoyen de notre pays. En quoi est-ce important? Pourquoi est-ce important pour les militaires tous ces problèmes? Je pense vraiment que c’est assez fondamental. On vient de ces communautés, les militaires viennent de ces communautés. Aussi, à un niveau plus large, les forces armées seraient préoccupées par les personnes qu’elles défendent. Donc, quand l’un d’eux a mal, on a mal, et on devrait montrer aux gens qu’on a mal également. Alors, on rit avec eux, on pleure avec eux et on les représente tous. Et je pense que les histoires de notre passé sont essentielles pour comprendre qui nous sommes aujourd’hui, y compris évidemment les histoires qu’on n’a pas assez entendues, les moments qu’on ne s’est peut-être pas montré à la hauteur selon la notion qu’on a tous du Canada. Qui étions-nous? Qui sommes-nous? Qui voulons-nous être? Je ne pense pas qu’on peut aller de l’avant en tant que pays, qu’on peut aspirer à mieux tant qu’on ne sera pas honnête par rapport à notre passé, et je pense que cela doit être une chose continue. J’ai donc mentionné certaines des personnes, en particulier des autochtones au Canada sont en ligne, et j’ai appris d’eux quotidiennement. Mais je pense qu’apprendre de personnes honnêtes, qui fournissent une approche honnête non pas à l’égard des communications mais de la mobilisation sont ceux de qui j’apprends le plus.
Anthony Wilson-Smith
Merci beaucoup pour cela, Kirk. Je veux dire que plusieurs noms que vous citez valent vraiment la peine d’être pris en note à titre de contributeurs importants à cet effet. Et Caroline, ce sont presque exactement les mêmes défis que le capitaine Sullivan a mentionnés à cet égard, que faites-vous comme directrice du musée?
Caroline Dromaguet
Merci, en fait, je dois vraiment être d’accord avec ce que le capitaine Sullivan mentionne. C’est extrêmement important pour nous en tant qu’institution publique d’histoire militaire de présenter l’histoire de ses bons côtés et de ses mauvais côtés. Vraiment raconter l’histoire telle qu’elle a eu lieu. Et puis cette perspective est extrêmement importante. Donc, c’est une chose de présenter l’histoire, les faits, mais c’est tellement important de devoir assurer que cette perspective vienne des gens qui ont vécu ou qui vivent ces histoires. Alors je pense qu’on le fait quand même assez bien au musée de la guerre, mais c’est quelque chose qu’on doit continuellement devoir faire. C’est aussi de donner des occasions pour cette expression, pour cet échange, pour ce débat. Donc, c’est sûr qu’on présente des expositions, mais on offre la possibilité d’avoir des dialogues, que ce soit des conférences, des panels, et heureusement avec le contexte de la pandémie, c’est très possible parce qu’on a plus les barrières géographiques ou des fois les défis financiers que cela peut engendrer. Donc, on a encore plus cette occasion d’avoir ces échanges, ces débats, des conversations très honnêtes. Et je pense qu’il va falloir continuer à le faire et vraiment de ne pas avoir peur de le faire.
Anthony Wilson-Smith
Merci, Caroline. Votre grand-père a combattu dans la Grande Guerre. Je crois que votre mari a servi dans l’armée et qu’il y a d’autres liens et, bien sûr, il y a votre propre intérêt à faire du bénévolat qui est considérable dans l’armée. Vous ciblez beaucoup ce que vous faites à la Fondation Vimy ou, comme vous devriez, surtout auprès des jeunes. Chez les jeunes, on sait qu’ils regardent des films, voient des choses qui peuvent souvent faire paraître la guerre comme une grande aventure telle qu’elle a été vendue aux jeunes gens à de nombreuses reprises dans le passé. Nous comprenons à ce niveau qu’il y a beaucoup plus que cela, il y a de l’horreur, de la peur, d’énormes pertes. Les gens ne sont plus jamais les mêmes, les communautés ne sont plus jamais les mêmes. Comment allez-vous communiquer en fonction de cela? On sait, par exemple, évidemment les pertes subies à Vimy ont permis de façonner la nation. Les pertes étaient horribles aussi. Comment gère-t-on le contre-côté de cela?
Carolyn Patton
Bien, la vérité et la transparence sont essentielles pour comprendre qui nous sommes et où nous allons. Nous ne servons personne quand nous romançons la guerre. Nous devons être capables de creuser plus profondément et de comprendre pas que les histoires d’il y a 100 ans, mais ce qui est pertinent pour les vétérans d’aujourd’hui et aussi les Canadiens qui sont originaires de pays qui ont une expérience différente des conflits et de la guerre. C’est très réel pour eux, car ils se sont échappés pour une meilleure vie. Et lorsque nous regardons ces leçons apprises il y a 100 ans, nous pouvons établir des liens avec aujourd’hui. Je pense que c’est vraiment important. Cela peut aider à orienter et à élargir notre point de vue sur la façon dont les événements et les conflits du passé et du présent nous guident comme individus aujourd’hui. Dans ma maison, c’est très réel. De mon grand-père ou de mon grand-oncle qui a combattu, à mon mari, il était le commandant de l’hôpital de l’OTAN à Kandahar en 2006, il y a des leçons tirées de toutes les situations. Pour vraiment établir des liens et le rendre réel, la vérité et la transparence doivent être au rendez-vous. Nous ne pouvons pas le cacher, surtout avec notre population autochtone et les histoires sur quand ils sont rentrés à la maison. Ils étaient complètement traités inégalement. Nous ne pouvons pas cacher cela. Nous nous améliorons seulement lorsque nous apprenons de cela. Nous avons également l’occasion que tous puissent participer et raconter leur histoire et ce qui est réel pour eux. Les films ne nous font parfois pas une faveur, n’est-ce pas?
Anthony Wilson-Smith
Non. Non, après tout, c’est un script avec un début, un milieu et une fin définie avant même qu’il commence. Voici une question à deux volets pour chacun de vous. En tant qu’homme aux cheveux gris, retournons environ dans les années 70, quand j’ai grandi, les vétérans de la Seconde Guerre mondiale étaient partout, votre coach de hockey, voisin, banquier, l’expérience était une chose vivante. Cela faisait beaucoup partie de la communauté, et c’était vrai étant donné l’ampleur de la participation du Canada. Ce n’est pas vrai aujourd’hui. Les vétérans qui nous restent sont de moins en moins nombreux et bien dans les 90 ans. La communication n’est pas aussi claire et les conflits, tels que ceux de votre mari, auxquels nos jeunes vétérans ont pris part sont loin, et l’impact est plus difficile à décrire. Comment, dans chacun de vos mandats, nous commencerons avec vous, Kirk, je sais que vous avez deux auditoires, mais comment réussissez-vous à convaincre les jeunes en particulier de l’importance de ces conflits. Et comment vous y prenez-vous pour attirer leur attention en premier lieu?
Capitaine Kirk Sullivan
Donc je crois qu’il s’agit davantage de comprendre ce à quoi ils portent déjà attention qui détermine ce à quoi je veux qu’ils portent attention. Nous insérons la chose dont nous parlons qui s’applique à leur conversation. Et je veux dire nous avons certainement entendu les nouvelles sur la réduction progressive des forces américaines en l’Afghanistan, qui s’est produite pour nous il y a de nombreuses. C’est une chose plus proche apparemment, au moins, pour notre public américain en ce qui concerne la participation à un conflit, un combat à l’étranger. Donc, je pense, ouais, à l’insérer dans la conversation. Je viens, comme je l’ai dit, d’une très petite ville de Terre-Neuve. Je me souviens être allé aux mémoriaux de guerre chez moi et c’était un moment incroyablement sombre parce que les hommes et les femmes de la génération de ma grand-mère, ils se souviennent d’avoir perdu les membres de leur famille à cause de ces guerres. Alors, comment puis-je transmettre cela à un public plus jeune? Encore une fois, je m’appuie sur ces histoires. Les gens sont attirés lorsqu’ils comprennent les difficultés auxquelles font face d’autres personnes. Et je pense que la plupart des gens ne réalisent pas quand ils pensent à la guerre d’il y a longtemps, ils ne pensent pas à l’âge des gens quand ils sont allés. Ils ne pensent pas aux jeunes à la fin de leur adolescence et au début de la vingtaine qui ont souffert d’avoir subi le plus de pertes. Il y a donc cet aspect et puis pourquoi est-ce important? Bien, je pense être honnête au sujet de la guerre et de ce à quoi elle ressemble, comme Carolyn l’a mentionné, je pense que cela est essentiel. Il est important que les citoyens dans une démocratie comprennent pas seulement ce que leur armée fait en leur nom. Mais quand nous décidons comme pays de participer à des opérations de combat, je crois qu’il est important que les gens sachent que ce n’est pas une grande aventure, comme on nous le laissait croire dans le passé. Je sais que les personnes qui se sont enrôlées dans le Royal Newfoundland Régiment, certaines d’elles pensaient partir pour une grande aventure en Europe. Ce n’était certainement pas le cas dans certains endroits. Je crois que toutes ces orientations quotidiennes contribuent à mieux faire connaître les expériences de notre passé. Je pense que si nous le faisons bien, nous pouvons les joindre. C’est possible. Les gens sont toujours intéressés par ces histoires.
Anthony Wilson-Smith
Vous faites référence, Kirk, à cet élément personnel dont vous avez tous parlez. Je mentionnais plus tôt, si je peux me permettre à Historica, je me rappelle qu’à l’anniversaire du Jour J, nous avions une personne de 47 ans ayant participé au jour J, car il voulait surveiller tous ces 19 et 20 ans partis à la guerre. Nous avons commencé à l’endroit d’où il venait, une petite ville de Fredericton. Et les élèves du secondaire de 16 et 17 ans ont regardé et l’ont vraiment pris personnel. Ils ont pensé, bien, qu’aurais-je fait si j’avais eu un an de plus? Serais-je allé là et aurais-je participé personnellement? Nous voyons encore aujourd’hui l’effet que l’histoire vit avec nous encore, que des communautés n’ont jamais été les mêmes après les pertes qu’elles ont subies, la veuve, la fille du soldat Archie Mcnaugton qui a grandi sans père. Quand nous parlons du contexte de Vimy, bien sûr, le conflit dont aucun des participants n’est vivant. Comment transmettez-vous cela par rapport à cette pertinence? Et on va poser presque la même question à vous après cela Caroline.
Carolyn Patton
Parfois nous regardons l’expérience du vétéran. L’expérience du vétéran est universelle. Du regroupement et ce qu’ils ont fait il y a 100 ans, nous mettons les soldats dans ce même scénario aujourd’hui. Cette expérience est toujours très réelle et très pertinente. Et je crois que pour sensibiliser un auditoire et un jeune public qui ne sait peut-être pas ce qu’est la bataille de Vimy ou qui ne connaît aucun site de la première guerre mondiale, nous devons faire mieux c’est-à-dire établir des partenariats très inattendus, peut-être, à la Fondation Vimy. Alors, vous pouvez presque mélanger la création de moyens de mobiliser les jeunes et l’établissement de partenariats inattendus. Que ce soit par la façon dont les jeunes s’expriment maintenant, soit l’art et la musique, et d’autres façons qui sont importantes pour eux, et j’ai aimé ce qu’a dit Kirk, vous devez aller là où ils se trouvent parce qu’ils ne vont venir à vous. Juste parce que vous avez quelque chose en ligne ne signifie pas qu’ils vont se présenter. Alors vous devez aller à eux, comprendre ce qui est important pour eux, ce qui est dans leur monde, ce qui les motive. Et puis pouvoir offrir et renforcer quelque chose qui est significatif pour eux est important. C’est difficile. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Nous cherchons ces manières pour nous de croître à la fondation Vimy, mais également de pouvoir offrir quelque chose d’unique, de différent et de moderne à cette nouvelle génération.
Anthony Wilson-Smith
Caroline, quelques mots de vous à ce sujet.
Caroline Dromaguet
Oui, merci. Je suis tout à fait d’accord avec ce que mes collèges présentent et proposent. Oui, c’est sûr que c’est une difficulté. Mais peut-être en terminant, je peux donner des exemples un peu plus concrets. Je pense l’important c’est de rendre cette histoire tangible pour cette génération, alors créer des liens qui la rendent réelle pour eux. Par exemple, nous avons le programme scolaire ligne de ravitaillement. Ce sont des boîtes d’artéfacts qui vont dans les écoles. À l’intérieur, par exemple, il y a une tunique de la Première Guerre mondiale en laine. Ça pique et c’est lourd. Quand les élèves ont la chance de la mettre et de comprendre que c’est un jeune homme près de leur âge qu’il y a 100 ans passés avait dû vivre dans les tranchées avec ce manteau plein de puces, mouillé et tout, on dirait que l’histoire commence à s’imprégner et ils commencent à comprendre. Il y a ces liens qui se font. Sur des plateformes numériques, ce sont les histoires orales qu’on est capable d’enregistrer avec nos vétérans. Et c’est de les entendre de leur voix. On entend leurs émotions et leurs expériences de leur part. Au Musée de la guerre, par exemple, on a une collection d’au-delà de 500 témoignages oraux de vétérans partant de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au conflit de l’Afghanistan. C’est une collection qu’on espère augmenter. Mais je pense que c’est une de ces façons d’aller faire cette connexion très humaine parce que c’est la voix et les émotions qu’on entend.
Anthony Wilson-Smith
Le temps pour une, possiblement deux questions. En voici une importante. Les nouveaux Canadiens, pas même les nouveaux Canadiens comme tels, mais ceux qui sont arrivés ces 25 à 40 dernières années, que dites-vous ou que montrez-vous – ceci est pour chacun de vous – pour les intéressés surtout s’ils sont jeunes. Ils disent qu’ils n’étaient pas ici. Que ce n’était pas leur guerre. Que leur famille était dans une partie différente du monde. Qu’ils n’étaient pas nés. Pourquoi ils devraient s’en soucier ? Quel est le point d’intérêt pour eux? Ceci est lié aux défis de Vimy qui est un événement de longue date. Comment répondez-vous à cela? Que faites-vous pour cela?
Carolyn Patton
Oui, pourquoi devraient-ils s’en soucier, c’est le principe fondamental que j’ai avec tout type de sensibilisation ou de communications que nous faisons. Pourquoi les gens devraient-ils s’intéresser à cette histoire et quelle a été l’expérience pour les vétérans et les soldats au fil des années? Parfois à travers des histoires, nous apprenons sur nous. Nous apprenons qui nous sommes et comment nous réagissons. Et cela aide à orienter notre point de vue sur le monde. Si nous pouvons proposer ces moyens de dialoguer par la narration et le récit, peut-être de façon très simple, nous pouvons en savoir plus sur ce que nous faisons, comment nous agissons et ce que nous pouvons offrir. Et les vétérans se sont engagés envers nos communautés et notre pays par leur service. C’est pareil pour les citoyens. Je pense qu’il y a un exemple là où nous permettons aux jeunes de contribuer à leur communauté grâce aux leçons apprises et d’être mieux que certaines des choses que nous avons faites. Je pense que cela pourrait être un moyen d’offrir un moyen de commémorer et de se souvenir en rendant cela réel pour eux et ce récit et pour nous aider juste à comprendre leur monde personnellement et le monde plus grand autour de nous.
Anthony Wilson-Smith
Et Caroline, même question dans le contexte du musée.
Caroline Dromaguet
Bien, merci. Je peux peut-être répondre de façon très personnelle parce que je tombe dans la catégorie dont vous parlez Anthony. Je suis arrivée à un jeune âge d’un autre pays. J’ai immigré avec ma famille et, pour moi, l’histoire militaire canadienne était un petit peu plus détachée parce que ce n’était pas ce que j’avais appris et ce n’était pas ce que je connaissais. Et moi ce qui a vraiment résonné, et ce que je pense qu’on fait de plus en plus et ce qu’on veut faire au musée de la guerre, c’est de créer des liens avec le Canada d’aujourd’hui. Quels sont ces événements qui ont marqué? Et ces actions de l’histoire canadienne militaire qui ont marqué et qui marquent encore le Canada d’aujourd’hui? Cela nous permettra de mieux comprendre le Canada dans lequel nous vivons. J’aimerais ajouter qu’on est en train de réaliser de plus en plus que les nouveaux arrivants au canada sont très intéressés en fait d’apprendre l’histoire du Canada par l’entremise de l’histoire militaire canadienne. Alors il y a un intérêt. Je n’ai pas vraiment la réponse à pourquoi on voit ce phénomène. Mais l’expérience de guerre et des conflits c’est une thématique universelle et c’est une façon de rejoindre les gens.
Capitaine Kirk Sullivan
Oui, alors pourquoi les gens devraient-ils s’en soucier? Je suppose que cela nous définit ou fait partie de ce qui nous définit. Par « nous », je veux dire notre pays parce que qu’est-ce que le Canada si ce n’est pas le peuple? J’ai grandi avec une carte du Canada sur mon mur. Et vous avez tendance à penser à cela ou nous avons tendance à penser à la feuille d’érable et à dire, d’accord, c’est le Canada. Mais vraiment, nous sommes toutes ces expériences de notre passé, y compris notre passé militaire, qui créent ce pays. Donc j’espère que les gens nouveaux dans notre pays, les nouveaux Canadiens, seraient intéressés par ce qui a fait ce que nous sommes maintenant. Mais cela dit, j’espère aussi que les gens ne se sentent pas obligés de faire cela parce que je pense qu’une grande partie ou je considère une grande partie de ce pourquoi une armée existe c’est une société où les gens ne doivent pas toujours parler ou s’inquiéter de l’armée. J’espère donc que nous arriverons à un point où ce ne sera pas aussi important. Je ne pense certainement pas que les nouveaux Canadiens devraient se sentir obligés d’apprendre ces choses, mais j’espère qu’ils le font. Oui, je pense vraiment que l’armée existe pour fournir cette paix où les gens sont à l’aise de choisir ce qu’ils apprennent de leur passé. Évidemment, ils le font, mais je suis d’accord si le discours social porte de moins en moins sur les conflits.
Anthony Wilson-Smith
Donc il nous reste un peu moins de trois minutes. Je vais vous poser à chacun une question personnelle et vous demander d’être bref, dans cette course contre la montre. Chacun d’entre vous a choisi de travailler dans ce domaine d’une façon ou d’une autre, Carolyn, beaucoup, beaucoup d’années de bénévolat, Kirk, vous avez quitté votre petite ville de Terre-Neuve, signé un morceau de papier et voyagé partout où on vous a dit d’aller. Et Caroline, pour vous, ce n’est pas qu’une job comme telle ça c’est clair. Qu’est-ce qui vous motive ou qu’elle est votre principale motivation?
Caroline Dromaguet
Pour moi, c’est l’expérience humaine. C’est d’entendre ces histoires très personnelles, et l’émotion. J’ai appris énormément à propos de notre pays et je continue à apprendre et c’est vraiment cette connexion très personnelle.
Carolyn Patton
Cela me donne une meilleure compréhension de ce que c’est d’être Canadien, de mon monde autour de moi. Cela m’aide à mieux comprendre ma famille à un niveau très personnel. Cela m’aide à échanger avec mes enfants et ma communauté immédiate autour de moi. C’est en réalité une chose assez personnelle, oui.
Anthony Wilson-Smith
Kirk? Assis à Washington, loin de Terre-Neuve, qu’en est-il de vous?
Capitaine Kirk Sullivan
Loin de Terre-Neuve. Je ne pensais certainement pas que je finirais ici. Quand j’étais un enfant, Montréal était comme la lune pour moi, donc Washington représente les confins de l’univers pour ce petit enfant. Je suis dans l’armée depuis des années maintenant. Heureusement, mes motivations ont changé depuis mon début vingtaine jusqu’à aujourd’hui. Et maintenant je pense qu’elles sont cette idée du Canada, mon idée du Canada. Je pense que nous avons tous nos propres idées sur qui nous sommes en tant que pays. J’aime la notion aspirationnelle de notre pays et j’aime l’idée de travailler vers cela. Si je peux apporter une petite contribution, je ne sais pas si ce sera en ligne ou là où je finirai après ceci. Telle est la notion, aussi idéale que cela puisse paraître, qui me donne le goût de faire ce que je fais. Oui, j’espère que nous continuerons à nous efforcer d’arriver à cette notion de notre pays.
Anthony Wilson-Smith
Je pense que la note personnelle est très agréable, une manière appropriée pour nous de conclure aujourd’hui alors que le temps s’écoule. Je tiens à remercier chacun d’entre vous, bien sûr, le capitaine Kirk Sullivan, Carolyn Patton et Caroline Dromaguet, d’avoir partagé votre temps, vos réflexions et vos idées. J’ai pris quelques notes de mon côté tout au long de nos discussions. Vous nous avez donné beaucoup à réfléchir sur la commémoration de manière numérique. Je remercie tous ceux qui se sont joints à nous, vous êtes des centaines, et d’avoir donné vos idées. Aussi Anciens Combattants Canada d’avoir organisé ceci, et pour l’effort continu et le plaisir que nous avons tous à travailler, et de trouver les personnes qui sont là. J’encourage finalement les spectateurs à rester à l’affût de la prochaine rencontre d’Anciens Combattants Canada afin de continuer à explorer des thèmes importants de la commémoration au Canada. Merci beaucoup pour votre présence et votre participation. Nous avons maintenant terminé. Au revoir.