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La marine marchande

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Moyen : Vidéo
Propriétaire : Anciens Combattants Canada et Témoignages d'honneur
Durée : 10:42
Droit d'auteur ou de reproduction

Sujets – en ordre d’intervention

  • Vickie LaPrairie
  • Jean-Luc Dutil
  • Eugène MacDonald
  • Aurèle Ferlatte
  • André Guindon
  • Wilson Dionne
  • Normand Silver
  • William Kane
  • Madeleine Parent

Transcription de la vidéo

l'Angleterre avait tellement été bombardée qu'il y avait beaucoup de pénuries, surtout de viandes puis d'autres choses. Alors notre gouvernement a décidé d'utiliser ou de commander des, des navires marchands pour envoyer tout ce qui manquait en Angleterre.

y faut d'la nourriture, y faut d'l'armement, y faut d'l'équipement, et cætera. C'est les marins marchands qui ont transporté ça. Les marins marchands ont commencé la guerre le 3 septembre 1939.

J'étais trop jeune pour embarquer dans les forces armées. J'avais seize ans quand j'ai embarqué sur ma première bateau. Y posaient pas d'questions pour la marine marchande, y acceptaient n'importe qui.

Peut-être que leur vue était pas assez forte pour aller dans l'armée, ou dans les services, y étaient peut-être des problèmes aux pieds, mais la marine marchande, ça allait, pis y a des gens qui aimaient ça…

Beaucoup de leurs, des capitaines sortaient des pilotes qui étaient sur la rivière St-Laurent. Ils avaient l’expérience. On avait aussi les package freighters qu’on appelait. L’équipe sur ces bateaux-là, c’était eux après qui sont rentrés dans la marine marchande.

Ils étaient des navires en convois. Puis quand je faisais… J'étais au devoir de minuit à 4h00, je voyais, des fois, 75 à 80 navires qui passaient silencieusement avant l'aube. Puis je disais une prière, parce que je savais que les sous-marins nazis les attendaient à peine à 15 milles en dehors du port.

Un convoi, ça peut, ça pouvait varier entre trente et puis deux cent soixante bateaux. Il faut se souvenir que, durant la guerre, il a été convoyé 181 643 000 livres de marchandise, d’équipement puis de marchandises. Ceci représente, écoutez bien, un train de marchandise de Halifax à Vancouver, onze fois !

Le convoi était quoi… dix miles, on va dire que c’était dix miles de large et on avait neuf, dix rangées de bateaux. Il fallait qu’on se tienne aussi proche que possible pour que les bateaux de guerre pouvaient faire le tour, tsé, pour essayer de nous protéger autant que possible, et le danger qui était là c’est que dans la brume on pouvait facilement rentrer un dans l’autre. La température elle même était la chose clé pour les marins marchands parce que on pouvait pas revirer dans la tempête, fallait qu’on aille en direct. Pis si un moment donné, une tempête, pis venir trop proche de la France… ils nous invitaient, des sous-marins qui étaient basés là, à venir nous caler. À part ça, ils nous avaient aussi, la situation, on appelait ça le « black hole » où on avait de l’escorte, un escorte pour nous rendre jusqu’à moitié chemin et pendant deux ou trois jours, sept jours des fois, fallait qu’on attende que l’escorte vienne des, des Britanniques, pour venir nous ramener le reste du chemin. Mais entre les deux, on avait pas de protection.

Pis la meute de sous-marins savait, parce qu’ils pouvaient pas rejoindre les deux parties entre l’Angleterre puis le Canada, ici. Alors il y avait une partie que les sous-marins savaient alors c’est là qu’on a été torpillés.

Et des fois, les sous-marins rentraient dans les deux puis, comment je dirais ça, ils en calaient jusqu’à temps qu’ils avaient plus de torpilles. Être torpillé, c’était la fin parce que l’eau était fret, en dedans de deux ou trois minutes, on aurait gelé, d’une façon ou d’une autre.

On a eu ben des bateaux qui se sont fait caler. On a eu vingt-quatre bateaux de guerre de la marine canadienne qui ont été calés durant la guerre. En plus de ça, il y a eu beaucoup, beaucoup de marine marchande, je sais pas le montant exact, mais beaucoup plus que nous autres.

C'est peut-être pire pour un gars d'la marine marchande que... à chaque fois qu'y traverse, y s'demande quel voyage y va faire quand y va être planté, you know… Lucky today, gone tomorrow…

Puis beaucoup, malheureusement, au début, ont été coulés. Puis d'autres revenaient. Ils avaient été… Il y avait des trous dans le côté de ces navires-là, puis il y avait des blessés à bord. Puis je connais des WREN (WRCNS) qui travaillaient dans les hôpitaux, puis ils nous ont dit que ces pauvres marins étaient brûlés ou gravement blessés.

Sans convoi, il n’y a pas de guerre. La Grande-Bretagne n’avait pas d’huile. La Grande-Bretagne était défendue par sa marine, la marine anglaise, c’était la plus grosse marine au monde. Sans huile, la marine n’existe pas. Sans marine, Monsieur Hitler traverse tout de suite. Alors, c’est pour ça que Winston Churchill, qui était le grand patron. Il a dit que la plus importante bataille de la guerre, c’était la bataille de l’Atlantique.

la guerre aurait pas été gagnée. C’est nous autres qui transportait les soldats, on transportait de la nourriture, puis le matériel de guerre pour l’invasion. Alors que voulez-vous. Ça fait qu’on a été les petits frères d’la guerre.

Il y avait un groupe de marins qui travaillaient sur ces bateaux et jusqu’à relativement récemment ils n’ont jamais été reconnus comme des vétérans de guerre et c’était une des tâches les plus dangereuses qu’il y avait.

Ils ont dit les marins marchands ils sont vétérans, mais on leur donnera pas le droit de retourner aux études comme les autres, on leur donnera pas les mêmes bénéfices parce qu’ils ont des jobs. On veut qu’ils restent sur les bateaux. Mais ce qu’ils nous ont pas dit et ce qu’ils voulaient qu’on reste sur les bateaux jusqu’à temps qu’ils avaient la chance de les privatiser et de les vendre. Ces bateaux-là qu’on était dessus, ils les ont vendu aux Grecs à des prix fous, et nous autres on s’est fait crisser dehors. On nous retournait, nous, chez nous, mais durant quand on retournait chez nous, on avait pas de job. On avait pas de préférence d’emploi par rapport à toutes les bonnes jobs avaient déjà été données aux autres vétérans. La grosse majorité, on restait avec aucune pension, et quand le temps est venu qu’ils ont pris leur retraite, ils étaient des chauffeurs de taxi, ils travaillaient dans les bars et ils, ils nettoyaient sur les grosses tank… À part de ça c’était tragique ce qui est arrivé à nos marins marchands. Le pays les a cochonné. Et pendant cinquante ans, ils ont continué à justifier, le gouvernement fédéral a continué, que ce soit conservateur, que ce soit les libéral, ont continué à justifier le fait qu’ils avaient fait du mieux qu’ils pouvaient. Finalement, en 1988, on a eu le droit de nous appeler des vétérans. On nous a donné nos médailles, et on nous a dit « vous êtes des vétérans à c’t’heure, vous devriez être heureux ». C’est tout. On a dit, mais non. Je pense qu’on nous doit plus que ça. Après avoir fait une grève de faim, on a fait honte au gouvernement fédéral, en dedans de douze mois, quatorze mois, on a pu venir à une entente.

Parce qu’on était douze mille marins de la marine marchande. Puis, au moment que on a commencé ça, il en restait douze cents, mille deux cents. Puis aujourd’hui… il en reste pas gros. Alors ça veut dire que si on avait pas pris charge de ça, en main, pour finir, faire pression auprès du gouvernement, on l’aurait pas eu.

À la fin, on en est venus à régler, j’appelais un token settlement, ça remplaçait pas le droit de pouvoir retourner aux écoles, ça… toutes les choses qu’on avait manquées, ça remplaçait pas ça, mais au moins on avait eu un token settlement et ça nous donnait une moyenne de douze mille dollars et ça a été payé à huit mille participants, incluant les veuves. The end of fifty-six years of injustice.

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