Le souvenir
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Sujets – en ordre d’intervention
- Jacques Raymond
- Edgar Doiron
- Normand Silver
- Hermel Pelletier
- Herman Croteau
- René Lanouette
- Rufin Gionet
Transcription de la vidéo
Le jour du Souvenir, là, je trouve ça regrettable que la télévision n’en parle presque pas… Les journaux, là, autrefois, je m’en rappelle, la journée du Souvenir, la journée, le Nouvelliste ou les journaux, ils avaient un beau coquelicot sur la page frontispice, puis la guerre, puis… Aujourd’hui, si nous autres on demande pas à un journaliste de nous rencontrer, il se passera rien. Ils vont aller au cénotaphe, puis ils vont poser le cénotaphe puis c’est tout.
Fallait aller en dehors, en dehors du Canada pour avoir un accueil comme qu’on a eu, qu’on a eu. Parce que ici, que ce soit chez nous, à Valleyfield, ailleurs, les cérémonies du onze novembre, il y en a pas beaucoup qui viennent.
Si on va dans des pays comme en Hollande, les enfants apprennent tout comment leur pays a été libéré puis les petits-enfants peuvent vous en conter plus que beaucoup de grand monde ici.
Mais on parle presque pas, on demande presque pas aux vétérans de se présenter. Aujourd’hui, il y en a de moins en moins, mais on reproche ça quand même. Surtout, surtout au Québec, on est des oubliés. On se promène avec ça, puis les enfants nous demandent où c’est qu’on a pris ça. Tsé, il y a pas d’histoire au Québec. On sait que c’est pas un peuple de guerriers.
Montréal, la ville de Montréal, ils ont jamais beaucoup pensé beaucoup des vétérans.
C’est surtout quand on regarde ailleurs, dans les provinces de l’ouest, dans le Nouveau-Brunswick, quand même, j’ai vu du monde, puis j’y ai été faire un tour, c’est, c’est ressenti plus, les anciens combattants qu’au Québec. Au Québec, on est isolés. On parle presque pas de nous autres.
La plupart du monde, ils savent pas grand-chose. Ils sont pas informés. Ça arrivait pendant la guerre, le, le, il y a des, des politiciens qui étaient contre ça. Ils avaient pas compris que fallait faire quelque chose. Les Allemands sont venus, comme vous devez le savoir, ils sont venus jusqu’à Gaspé avec des sous-marins. Ils débarquaient des espions. Ils ont coulé des bateaux.
Aujourd’hui, on serait quoi si on les avait laissé faire? Les jeunes, ils réalisent ça comment, quand on leur dit.
On a le meilleur pays du monde. Ils devraient apprécier ça les jeunes enfants. Mais, que c’est libre, pourquoi? Parce que dans deux guerre, aussi la première guerre, des gens ont été défendre leur patrie pour que ses petits-enfants aujourd’hui sont libres pour aller à l’école puis apprendre à la place de se chicaner puis brûler un drapeau d’ici, puis un drapeau de là, puis… s’accorder.
Moi, le temps le plus dur pour moi, c’est la parade du 11 novembre. Quand les clairons partent, c’est… pfff !
C’est pas pour moi. C’est pour les autres qui ont restés là. Parce que si c’était rien que de moi, j’irais pas. Mais j’y va tous les ans. C’est un devoir. Parce que c’est dur parce que on dirait que quand ils donnent des coups de canon, puis là, la minute de silence, tout revient. Ça déboule, puis ça va tellement vite que plus tu en as fait, plus il y en a. Parce qu’il y a une fois, une conseillère qui venait ici, une personne. C’était nouveau qu’elle devait travailler aux vétérans canadiens. Elle dit : « moi je comprends pas ça. Je suis allée au monument, là, t’avais des affaires de cadavres des gars, des six pieds, des beef, elle dit, ça braillait comme des veaux, elle dit, moi j’ai jamais rien compris. » C’est ça, t’as pas vécu ça, toi. Nous autres ça le rappelait, puis bon. Parce que c’est dur. Faut pas dire que c’est pas dur. Mais on y va pareil. Moi je suis allé, il a neigé, il a grêlé, il a mouillé, puis il y a jamais un onze que je l’ai manqué. Puis même, dans la semaine, il y en a un ici, puis j’y va la pareil, je connais pas personne, puis j’y va pareil… pour le souvenir de ceux qui y ont laissé leur vie.
« Pourquoi nous ? » J’ai aucune idée… J’m dit tout le temps, d’une année à l’autre, ça va s’passer, mais ça fait soixante ans pis c’est encore pareil. Pis là, là, ça s’en vient. Va falloir passer au travers une autre fois.
Ah, le onze novembre… moi la journée importante pour moi, c’est le cinq de mai. Quand ils m’ont dit que la guerre était finie. Le onze, c’est sûr, faut que je le fête, comme tous les soldats, mais pour moi, ma journée, c’est le cinq mai. C’est là qu’on m’a dit que la guerre était finie.
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