Capitaine (à la retraite) Arthur Lortie

Né en 1932, Arthur Lortie a grandi dans une famille de huit enfants dans la ville de Québec. Il se rappelle avoir côtoyé de nombreux militaires, durant sa jeunesse, lors de la Seconde Guerre mondiale. Il fait ses études jusqu’en 9e année à l’école Morissette. Pendant trois ans, il est apprenti pressier dans un journal. La guerre de Corée fait rage et le désir de faire sa part l’interpelle. Le 28 février 1951, à 18 ans, il s’enrôle comme soldat avec trois de ses frères. Arthur et son jeune frère font leur entraînement de recrue à Saint-Jean d’Iberville. Leur aventure militaire se poursuit à Rivers, au Manitoba, où ils sont envoyés pour un entraînement intensif de parachutisme.

« Quand tu as 18 ans et que tu viens de passer ton cours de parachutisme, tu es très fier. »

En novembre 1951, Arthur et deux de ses frères aînés sont déployés en Corée comme renforts au sein du Royal 22e Régiment, qui vient de subir de lourdes pertes au combat. Ils voyagent en avion de Vancouver vers l’Alaska, les îles Aléoutiennes, et le Japon.  Avant de se rendre en Corée, Arthur et ses compagnons d’armes reçoivent leur entraînement de combat à Haramura. Il réussit son baptême de feu, consistant à ramper sous des barbelés à travers des tirs de mitrailleuses, de grenades, de mortier, et d’artillerie. Cet exercice éprouvant et intense lui donne un avant-goût de ce qui l’attend. Il arrive en Corée par bateau à Busan, et se rend à sa position plus au nord, dans la région de Séoul, en train. Avec son peloton de la compagnie C, il occupe une position défensive, face à l’ennemi. Il doit entre autres aider à solidifier les tranchées et réparer les clôtures barbelées, le jour. La nuit, il participe à des patrouilles de contact, d’observation ou de reconnaissance. Sa section participe à des raids derrière les lignes ennemies. Les dures épreuves au front développent une grande camaraderie, un esprit d’équipe, et un esprit de corps parmi les soldats.

« Pendant six mois, à vivre dans les tranchées, dans un trou, où la seule communication c’est le gars à côté de toi […] dans ton dugout, il y a un esprit d’équipe, un esprit de corps qui existe qui devient très, très fort. Les gars serrent beaucoup les coudes—c’est ça qui fait qu’on réussit à passer au travers. »

Après la guerre de Corée, Arthur Lortie est affecté en Allemagne, où il sert avec quatre de ses frères, une occasion unique et très enrichissante pour lui. Il servira ensuite à Chypre et en Égypte, ayant alors gravi les échelons militaires et ayant à sa charge dix officiers et 39 hommes. De fantassin à capitaine, il a aura eu l’occasion de voir les deux côtés de la médaille, deux carrières comme sous-officier et officier.

En réfléchissant à son parcours, le capitaine Lortie ne changerait rien de sa carrière militaire. Pour lui, l’éducation est la voie à suivre. Il encourage les jeunes à s’enrôler, car la discipline qu’il a acquise dans les Forces a été un atout tout au long de sa vie. Il explique qu’il faut comprendre qu’une fois dans les forces, il faut savoir donner et savoir accepter.

« Le jour du Souvenir pour moi, c’est le souvenir de ce que j’ai vécu, ce que j’ai vu, les amis que j’ai perdus. C’est les jeunes aujourd’hui en mission. Aujourd’hui, les missions sont encore très dangereuses. »

En juillet 2023, Arthur Lortie a fait partie de la délégation du Gouvernement du Canada pour souligner le 70e anniversaire de l’armistice de la guerre de Corée.