Le major (à la retraite) Charles Goodman, dit Chic
Charles E. Goodman, dit Chic, est né le 5 février 1926 à Montréal, au Québec. Il s’est enrôlé comme soldat dans la Milice active non permanente en décembre 1941 et s’est porté volontaire pour le service actif un an plus tard au sein du Saint John Fusiliers (MG). Il n’avait que 18 ans lorsqu’il s’est rendu outre-mer, au début de 1944, pour venir en renfort au South Saskatchewan Regiment.
Après son service, M. Goodman est rentré chez lui accompagné d’un souvenir qui serait découvert 25 ans plus tard. Il a servi en France et en Belgique et a été blessé aux Pays-Bas durant la bataille de l’estuaire de l’Escaut. Son régiment se trouvait près d’une ferme néerlandaise lorsqu’il a été attaqué par les Allemands. Ses membres se sont alors retrouvés couverts d’éclats d’obus. M. Goodman a passé deux semaines dans un hôpital de campagne près d’Anvers. Vingt-cinq ans plus tard, un médecin britannique découvrira un morceau d’obus de la taille d’un ongle de pouce, toujours logé dans son poitrine. Son fils conserve ce morceau d’obus en souvenir du service de son père.
Après s’être rétabli de ses blessures, M. Goodman est retourné aux côtés de son régiment, qui avait été envoyé à la saillie de Nimègue. Les troupes y sont demeurées jusqu’à l’avance des Alliés en Allemagne, au début de février 1945. Ce même mois de février, M. Goodman a eu 19 ans, devenant officiellement assez âgé pour participer à des déploiements à l’étranger. Il s’était en fait engagé dans l’armée à l’âge de 15 ans et avait réussi à partir en déploiement malgré son jeune âge.
Le régiment de M. Goodman se déplaçait souvent et, après avoir traversé le Rhin, le South Saskatchewan Regiment a pris la direction du nord pour retourner aux Pays-Bas, où il a libéré le camp de concentration allemand Westerbork. Ce camp servait de camp de triage où les plus forts étaient envoyés dans des camps de travail tandis que les autres étaient envoyés à la mort.
« J’ai trouvé significatif et touchant de rencontrer en chair et en os une personne que nous avions libérée 70 ans plus tôt, d’entendre son histoire et la façon dont mon régiment a sauvé la vie de sa famille. »
La libération de ce camp a été une expérience très émouvante pour M. Goodman. Il y a cinq ans, il y est retourné pour parler de son expérience. Après son discours, un citoyen néerlandais qui, jeune garçon, avait été envoyé dans ce camp avec ses parents, s’est approché de M. Goodman, l’a embrassé sur les joues et l’a remercié d’avoir libéré sa famille. C’est un moment que M. Goodman n’oubliera jamais. « J’ai trouvé important et touchant de rencontrer en chair et en os une personne que nous avions libérée 70 ans plus tôt, d’entendre son histoire et la façon dont mon régiment a sauvé la vie de sa famille. »
Après la libération du camp, le régiment s’est dirigé plus au nord et a participé à la libération de Groningue. C’est là que M. Goodman a pu constater directement à quel point les citoyens de Groningue étaient affamés et désespérés à cause de l’occupation allemande. « J’étais avec le peloton de la chenillette porte Bren et je faisais fonctionner une radio lorsque nous nous sommes introduits à Groningue. Nous avons commencé à vider les maisons le long du canal et nous n’avons trouvé aucun Allemand. Cependant, un des résidents néerlandais nous a informés que des soldats allemands se cachaient dans des barges amarrées le long du canal. Dans l’heure qui a suivi, nous avons capturé de 20 à 30 Allemands cachés dans 10 barges différentes. »
« Quand nous sommes arrivés à la place centrale, j’ai constaté à quel point les Néerlandais étaient affamés. »
M. Goodman n’oubliera jamais la résilience des Néerlandais, ni la façon dont les citoyens ont contribué à la libération. Mais il se souvient aussi des moments difficiles. « Quand nous sommes arrivés à la place centrale, j’ai constaté à quel point les Néerlandais étaient affamés. Ils arrachaient des morceaux de viande d’un cheval mort. Le jour suivant, il ne restait que quelques os et les sabots. »
Le régiment s’est ensuite dirigé vers l’est pour rentrer en Allemagne. Une semaine avant la fin de la guerre, M. Goodman se trouvait sur un terrain d’aviation près d’Oldenberg, où les hommes de son régiment avaient reçu l’ordre de rester cachés et de ne tirer que si on leur tirait dessus. C’était leur premier signe que la guerre se terminait. Le cessez-le-feu a été déclaré une semaine plus tard, en mai 1945. M. Goodman s’est porté volontaire pour rester en Europe après la guerre et a servi dans la Force d’occupation canadienne avec The North Shore (New Brunswick) Regiment, qui s’est notamment affairé à arrêter le sabordage des navires de guerre allemands. M. Goodman est rentré au Canada à l’été 1946, enthousiaste à l’idée de poursuivre sa carrière militaire. Il a servi en Corée, dans la bande de Gaza, au Ghana, en Allemagne et à Chypre.
En reconnaissance de ses services durant la Seconde Guerre mondiale, il s’est vu remettre l’Étoile de 1939-1945, l’Étoile France-Allemagne, la Médaille canadienne du volontaire et la Médaille de la Légion d’honneur française. Après la Seconde Guerre mondiale, M. Goodman a reçu d’autres médailles militaires, notamment la Médaille de Corée, la Médaille du maintien de la paix des Nations Unies, la Médaille de Chypre des Nations Unies ainsi que la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, pour n’en nommer que quelques-unes. M. Goodman a pris sa retraite au grade de major. Il habite maintenant à Sidney, en Colombie-Britannique, avec son épouse Nancy.
En l’honneur du 75e anniversaire de la libération des Pays Bas et du jour de la Victoire en Europe, le major (à la retraite) Charles E. Goodman, dit Chic, est le Visage de la liberté de cette semaine.
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