Elsa Lessard
Elsa Lessard est née le 2 juillet 1922 à Ottawa, Ontario, où elle réside toujours. Elle s’est jointe au Service féminin de la Marine royale du Canada (SFMRC) en 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis les années 1970, elle consacre son temps à soutenir diverses initiatives visant à rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie pendant la bataille de l’Atlantique, et à sensibiliser davantage le public à la contribution des femmes et du SFMRC.
Lorsqu’elle était jeune et que son frère aîné lui a enseigné le code Morse, Elsa n’aurait jamais pu imaginer qu’elle utiliserait un jour cette habileté pour intercepter les messages radio codés provenant des sous-marins allemands pendant la bataille de l’Atlantique.
Au moment où la guerre a éclaté, Elsa avait 17 ans et fréquentait une école secondaire à Ottawa, Ontario. Après l’obtention de son diplôme, elle a contribué à l’effort de guerre en travaillant au sein du ministère fédéral Attendance, Allowance and Assigned Pay. Ce ministère était chargé d’envoyer le salaire des soldats à leur famille pendant qu’ils servaient outre-mer.
« J’ai suivi un cours spécial à propos du code Morse, mais je le connaissais déjà, parce que mon frère me l’avait enseigné alors que j’étais jeune fille. »
En 1942, la Marine a établi le Service féminin de la Marine royale du Canada (SFMRC) et a commencé à recruter des femmes. La Marine avait des airs de famille pour Elsa. Son frère aîné avait joint la Marine alors qu’elle n’avait que six ans. Reconnaissant l’importance du service militaire et ayant été inspirée depuis son tout jeune âge, elle a décidé de s’enrôler en 1943. Après avoir terminée sa formation à Galt, Ontario, ville aujourd’hui connue sous le nom de Cambridge, elle a suivi un cours spécial sur le code Morse. « J’ai suivi un cours spécial à propos du code Morse, mais je le connaissais déjà, parce que mon frère me l’avait enseigné alors que j’étais jeune fille. »
Environ 7 000 femmes ont servi au sein du SFMRC pendant la Seconde Guerre mondiale, assumant divers rôles au pays et à l’étranger. Environ 700 d’entre elles, y compris Elsa, ont été affectées à « l’écoute », passant des heures à écouter et à transcrire les messages radio secrets des Allemands.
Elsa a servi dans deux bases militaires secrètes : l’une était située au sud d’Ottawa et l’autre, sur une ferme, près d’un village appelé Gunningsville, au Nouveau Brunswick.
« La Marine avait établi cette base secrète [au Nouveau Brunswick] sur une ferme appartenant à un agriculteur local qui possédait également une colline située sur l’autre côté de la route, précise Elsa. La Marine avait érigé une tour spéciale sur la propriété à un endroit lui permettant d’écouter les communications de l’ennemi. C’est pour cette raison que nous avons été affectées à cette base; nous pouvions intercepter les messages depuis la tour. »
Pendant la bataille de l’Atlantique, Elsa était affectée à l’écoute pour intercepter les messages radio cryptés provenant des sous-marins allemands. Les messages interceptés étaient ensuite envoyés à Bletchley Park, en Angleterre, où ils étaient utilisés pour déchiffrer le code de la machine à chiffrer allemande Enigma. Une fois décodés, les messages servaient à repérer la position des sous marins allemands qui poursuivaient et coulaient les navires de ravitaillement des Alliés dans l’Atlantique. Le déchiffrage du code des Allemands a donné un avantage aux Alliés.
L’opération à Bletchley Park était « très secrète », et tous, y compris les membres du SFMRC, étaient tenus au secret. Les détails de cette opération de renseignement à Bletchley Park n’ont commencé à être révélés que de nombreuses années plus tard.
Depuis la fin de la guerre, Elsa, qui vient tout juste de célébrer son 98e anniversaire, participe activement aux activités commémoratives afin d’honorer ceux qui ont perdu la vie au cours de la bataille de l’Atlantique. « Je prends part à ces activités en souvenir des hommes qui ne sont jamais revenus de la guerre, et non pour moi-même », dit-elle. « J’y pense tout le temps. Je me rappelle de tous ces hommes qui ne sont jamais revenus ».
« J’y pense tout le temps. Je me rappelle de tous ces hommes qui ne sont jamais revenus. »
Elsa consacre également une bonne partie de son temps à sensibiliser le public au rôle joué par le SFMRC pendant la guerre. « Lorsque j’ai découvert, 25 ans après la fin de la guerre, que les hommes ignoraient que les femmes y avaient participé, je me suis fait un devoir de faire connaître aux Canadiens leur contribution avant de quitter ce monde », mentionne-t-elle.
« […] Je me suis fait un devoir de faire connaître aux Canadiens leur contribution avant de quitter ce monde. »
Depuis 1975, Elsa a fait l’objet de plusieurs reportages à l’échelle nationale et a été invitée à titre de conférencière dans des écoles, des clubs communautaires, des musées et au Service canadien du renseignement de sécurité, entre autres. En 2008, Elsa a reçu la Mention élogieuse du ministre des Anciens Combattants pour son travail.
À l’occasion du 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le récit d’Elsa Lessard a été ajouté aux Visages de la liberté. Vous pouvez aussi la laisser vous raconter son histoire en écoutant son épisode de notre balado Visages de la liberté (En anglais seulement).
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