John Shiwak
Le soldat inuit John Shiwak est devenu un tireur d’élite exceptionnel lors de la Première Guerre mondiale.
Rigolet (Terre-Neuve-et-Labrador)
Introduction
La patience et la précision sont essentielles à la chasse. C’est une précieuse leçon qu’a apprise John Shiwak en grandissant au Labrador. Là-bas, on lui a enseigné les traditions ancestrales des Inuits, ce qui a fait de lui un expert en plein air. Les munitions se faisaient souvent rares dans les régions sauvages du Nord, ce qui l’a forcé à devenir un tireur d’élite exceptionnel. Les compétences qu’il a acquises en vivant de la terre et de la mer lui ont été utiles dans l’armée.
Premières années
John Shiwak est né en 1889 à Cul-de-Sac, un petit village près de Rigolet, au Labrador. Il est le fils aîné de John et Sarah Oliver Shiwak. Leur nom de famille était à l’origine Sikoak, qui signifie « relatif à la glace mince » en langue inuktitute. Son orthographe a ensuite été changée lorsqu’un médecin local a écrit le nom.
John a eu son premier aperçu de la vie militaire en tant que jeune homme. Il a participé à des exercices organisés par la Legion of Frontiersmen, une organisation fondée après la guerre d’Afrique du Sud pour aider à défendre l’Empire britannique. Curieux et aventureux, John voulait explorer le monde. La Première Guerre mondiale lui a donné l’occasion de voyager à l’étranger.
Enrôlement
Au début des années 1900, les nouvelles circulaient lentement dans les régions éloignées. La radio et le téléphone n’étaient pas courants. Il a fallu des semaines pour que la plupart des habitants du Labrador sachent même que la Première Guerre mondiale avait éclaté. John et quelques amis ont parcouru la longue distance jusqu’à St. John’s afin de s’enrôler dans le Newfoundland Regiment en juillet 1915. Selon le dossier militaire de John, il avait 26 ans, mesurait 1,65 m, était célibataire et travaillait comme trappeur. Il a désigné sa mère Sarah comme proche parent. Son numéro matricule était 1735.
Voyage de Terre-Neuve à l’Europe
John et un groupe de nouvelles recrues ont quitté St. John’s le 27 octobre 1915. Ils ont voyagé par train et bateau jusqu’à la ville de Québec. De là, ils se sont joints à un grand groupe de soldats canadiens en attente de partir pour l’Europe. Leur convoi de navires a mis les voiles vers Devonport, en Angleterre, quelques jours plus tard. Ils ont traversé l’océan Atlantique en toute sécurité et sont arrivés au Royaume-Uni le 9 novembre.
Entraînement, déploiement au front et blessures
John s’est entraîné pendant plusieurs mois à Ayr, en Écosse. Il s’est finalement joint au Newfoundland Regiment sur les lignes de front en France le 24 juillet 1916. Sa longue expérience en chasse et en trappage a fait de lui un excellent éclaireur. Il s’est illustré très rapidement comme tireur d’élite doué. Il était le meilleur de son régiment et peut-être même de toute la 29e Division britannique. Toutefois, il était difficile de rester en santé sur le front occidental. Au début du mois d’octobre 1916, John a dû être soigné pour une infection à la tête et a eu besoin de trois semaines pour se rétablir. Il a été promu caporal suppléant en avril 1917.
Bataille de Cambrai et combats à Masnières
Les Alliés sont passés à l’offensive sur le front occidental à l’automne 1917. Ils ont ciblé Cambrai, en France, qui était un important centre d’approvisionnement allemand. La 29e Division britannique, qui comprenait des soldats du Newfoundland Regiment, a été chargée de capturer une partie du canal de Saint-Quentin, près du village de Masnières. Leur mission faisait partie d’un assaut de plus grande envergure sur la ligne ennemie Hindenburg.
L’avancée de la 29e Division a commencé le matin du 20 novembre 1917. Les Terre-Neuviens se sont heurtés à une certaine résistance, mais ont atteint leur premier objectif à 13 h 30. Au crépuscule, les Terre-Neuviens étaient arrivés en périphérie de Masnières. Les combats pour libérer le village se sont poursuivis toute la nuit.
Le lendemain matin, John et ses camarades du Newfoundland Regiment ont reçu l’ordre de prendre position de l’autre côté de Masnières. Leur objectif était de sécuriser une usine de sucre qui deviendrait le quartier général du bataillon. Malheureusement, un obus d’artillerie allemand a atteint un groupe de Terre-Neuviens tandis qu’ils se déplaçaient le long du canal. Sept d’entre eux ont été tués par l’explosion, dont John Shiwak.
Funérailles et hommage
Les camarades de John l’ont rapidement enterré dans une tombe temporaire près de l’endroit où il est mort. Cependant, les combats dans la région ont continué. Les tirs d’artillerie continus ont modifié le paysage local et effacé toute trace de sa tombe. Des efforts militaires après la guerre pour la trouver ont été en vain. Par conséquent, le nom de Shiwak est gravé sur l’une des plaques en bronze du Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel. Les noms de plus de 800 autres Terre-Neuviens qui sont morts pendant la Première Guerre mondiale et qui n’ont pas de tombe connue y sont inscrits.
Mais l’histoire de John Shiwak se poursuit. En cherchant dans les archives, des historiens ont récemment trouvé où sont inhumés John et les six autres soldats tués par un obus d’artillerie ce jour-là. Les chercheurs ont déterminé que leur lieu de dernier repos est sans doute sous une actuelle école de Masnières. En 2023, les habitants locaux ont inauguré une plaque à la mémoire de John. Par respect pour sa culture, le texte raconte son histoire et honore sa mémoire en anglais, en inuktitut et en français.
L’histoire de John Shiwak reste dans le cœur de sa famille, des habitants de sa province et des gens de Masnières. Ensemble, ils s’assurent qu’il ne sera jamais oublié.
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