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Joseph Gagnon

La Dre Lynn Gehl, arrière-petite-fille du soldat Joseph Gagnon, rend hommage à son parent.

Ottawa River Valley (Ontario)

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First World War

Une tombe sans inscription

Pendant 85 ans, quelque part dans le cimetière Saint Columba à Pembroke, en Ontario, les restes d’un vétéran algonquin de la Première Guerre mondiale ont reposé dans une tombe sans inscription.

« Il aurait dû être enterré d’une façon plus solennelle », affirme l’arrière-petite-fille du soldat Joseph Gagnon, Lynn Gehl, de la réserve de Golden Lake, aujourd’hui la Première Nation Pikwàkanagàn, en Ontario.

« C’est très triste de voir comment les vétérans algonquins ont été traités. Les gens méritent de mourir dans la dignité. »

Réparer les erreurs du passé

Afin de réparer certains des préjudices subis par son arrière-grand-père au cours de sa vie, Mme Gehl a entrepris de faire des recherches sur son histoire et son service, et de lui obtenir une pierre tombale appropriée « pour que ses descendants aient un endroit où aller pour se recueillir et lui rendre hommage ».

Selon la feuille d’engagement de Joseph Gagnon, il s’est enrôlé dans le Corps expéditionnaire canadien le 12 mai 1916, où il a servi comme soldat de deuxième classe au sein du 207e Bataillon (Ottawa-Carleton). Il a quitté le port d’Halifax le 28 mai 1917 à bord du RMS Olympic, un navire jumeau du Titanic, et est arrivé à Liverpool, en Angleterre, un mois plus tard.

Dès le mois de janvier suivant, il servait sur un champ de bataille français.

Cet automne-là, il a été blessé par balle au bras droit et à la jambe gauche. Il est rentré au Canada en décembre 1918 après avoir été inscrit sur la liste des blessés. Il a été libéré des forces armées le 24 janvier 1919.

Joseph Gagnon était marié à Ann (Annie) Jane Meness. Ils étaient tous les deux membres de la Première Nation Pikwàkanagàn. Ils ont eu cinq enfants, dont Viola, la grand-mère de Mme Gehl.

Joseph Gagnon est décédé en 1939, à l’âge de 51 ans.

Lynn Gehl sourit, les mains posées sur la pierre tombale de Joseph Gagnon. Elle sourit, vêtue d’une robe noire, d’une chemise en jean, de sandales, d’un chapeau de soleil et de lunettes de soleil.

Lynn Gehl se tient derrière la pierre tombale de son arrière-grand-père, Joseph Gagnon.

Faire face au racisme

Elle explique que son arrière-grand-père a dû faire face à plusieurs formes de racisme et de discrimination en vertu de la Loi sur les Indiens et en raison de la façon dont les vétérans autochtones étaient traités.

À l’instar de nombreux vétérans des Premières Nations, il a été privé de son statut d’Autochtone à son retour de la guerre.

Au cours de ses recherches, Mme Gehl a découvert que M. Gagnon n’a probablement pas reçu les avantages accordés aux soldats, notamment une pension d’invalidité d’ancien combattant.

« C’est une façon horrible de traiter un vétéran », a écrit Mme Gehl dans un article au sujet de son arrière-grand-père, qui n’a pas encore été publié.

« Les vétérans autochtones ont subi une double forme de racisme : d’une part, ils ont été arrachés à leurs communautés d’origine et, d’autre part, ils ont été marginalisés dans la société coloniale des Blancs. »

Rétablir l’honneur

D’après son dossier militaire, Joseph Gagnon aurait eu droit à la Médaille de guerre britannique et à la Médaille de la victoire britannique, mais le certificat d’obtention de médailles ne figure pas dans sa feuille d’engagement, ce qui signifie que les membres de sa famille ne sont pas en mesure de confirmer s’il a bien reçu ces médailles.

Mme Gehl a travaillé en collaboration avec le Fonds du Souvenir pour faire installer une pierre tombale, mais les registres paroissiaux incomplets ne permettent pas de connaître l’endroit exact où il a été enterré.

En se fondant sur les connaissances des Anishinaabe, sur la pierre tombale de Joseph Gagnon figurent un cercle encerclé, qui est le symbole autochtone de la création, et l’inscription suivante : « Enterré ailleurs dans ce cimetière se trouve Joseph Gagnon ».

Les cinq enfants de Joseph Gagnon sont debout devant une voiture sur une photo en noir et blanc datant de 1965. Les hommes portent des costumes et les femmes des robes.

Les enfants de Joseph Gagnon en 1965.
De gauche à droite : Kenneth, Viola, Gordon, Cecelia et Steve.

Liens familiaux

Mme Gehl affirme que le processus de recherche sur la vie, le service et le dernier lieu de repos de Joseph Gagnon lui a permis de développer « une relation concrète et sincère » avec un parent qu’elle n’a jamais eu l’occasion de rencontrer.

« Il est passé d’une personne que je ne connaissais pas à quelqu’un que j’ai l’impression de mieux connaître », dit-elle.

Ce processus l’a aidée dans sa quête personnelle pour aider à réparer les torts historiques dont ont été victimes les Canadiens autochtones.

Aujourd’hui, Mme Gehl est l’auteure de quatre livres et est titulaire d’un doctorat en études autochtones, d’une maîtrise en études canadiennes et en études autochtones, d’un baccalauréat en anthropologie culturelle et d’un diplôme d’études collégiales en technologie chimique. Au cours de ses études supérieures, elle a obtenu une bourse d’études supérieures de l’Ontario et une bourse du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

En 2017, Mme Gehl a finalement obtenu le statut d’Indienne inscrite et est devenue membre de la Première Nation Pikwàkanagàn.

L’histoire de Joseph Gagnon reste dans le cœur de sa famille, des habitants de sa province et des gens de la Première Nation Pikwàkanagàn. Ensemble, ils s’assurent qu’il ne sera jamais oublié.

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