Avril 1918 - Journal de guerre du soldat Charles Robert Bottomley
1er avril 1918 -- Lundi. Quelques averses. Ai travaillé à proximité du trou et tiré quelques obus afin de déterminer les corrections. Exercice de tir impromptu pendant la nuit. Me suis couché vers 22 h.
2 avril 1918 -- Branle-bas de combat. Avons tiré une quinzaine d’obus. Ai pris le petit déjeuner et travaillé le trou pour le camoufler et l’approfondir. Quelques avions allemands sont passés très bas en après-midi.
3 avril 1918 -- De garde de 3 h à 6 h. Devions tirer 30 obus mais la poulie à fouet s’est brisée. Pluie très forte. Ai travaillé à proximité du trou. N’ai rien fait de l’après-midi et de la soirée.
4 avril 1918 -- Ai travaillé à proximité du trou et me la suis coulée plutôt douce. Les Frisés ont bombardé la 1re, la 3e et la 4e batteries devant la voie ferrée. Ai brisé mes fausses dents en mangeant du pain de guerre.
5 avril 1918 -- Branle-bas de combat; avons dû tirer environ 20 obus. Les Frisés ont bombardé la position à l’aide d’obus de 8 pouces. Ai travaillé dans le trou et creusé un abri. Suis allé à une position avancée prendre des munitions qui avaient été laissées près du réseau à panneaux.
6 avril 1918 -- Ai travaillé toute la journée dans la position à faire des réparations. Avions besoin de quelque chose de plus gros; suis allé à une position avancée chercher des munitions. Ai vu sept de nos gars du 10e Bataillon morts au bord de la route. Le bataillon a été mitraillé au sol en allant aux tranchées. Nos pièces ont tiré une centaine d’obus pendant la nuit.
7 avril 1918 -- Avons passé la nuit à tirer, de 1 h à 6 h, contre des routes occupées par les Frisés. Le vieux Fritz s’est fâché et a bombardé une batterie de pièces de six pouces à l’aide d’obus à gaz. Il a aussi tiré des obus à gaz et à balles contre notre batterie à midi. Avons eu l’ordre de tirer 80 obus et avons aussi tiré 20 obus à gaz par pièce. Les Frisés ont riposté à l’aide de gaz moutarde toute la nuit. Me suis couché à 23 h 30.
8 avril 1918 -- Debout à 5 h à la suite d’un branle-bas de combat. Beaucoup de gaz moutarde autour du village. Avons tiré environ 25 obus explosifs et sommes retournés dormir. Avons reçu l’ordre de faire notre paquetage et avons été relevés par une batterie du London Imperial. Nous avons dû marcher environ 8 kilomètres pour atteindre le secteur des chevaux et avons dormi dans des baraquements occupés peu avant par un hôpital à Amzin. Plutôt vanné parce que nous n’avons pas beaucoup dormi depuis deux ou trois nuits.
9 avril 1918 -- Avons quitté Amzin pour relever une batterie impériale près de Sainte-Catherine. Les pièces sont au bord de la route près de l’hôtel de ville. La position est assez bien et nous sommes bien installés pour dormir. Notre sous-section a été de garde toute la nuit. J’avais le dernier quart. Des munitions sont arrivées pendant la soirée et je me suis couché vers minuit. Saint-Laurent.
10 avril 1918 -- Me suis levé vers 4 h 30 parce que j’étais de garde en cas d’alerte au gas et aux fins des exercices de tir jusqu’à 7 h. Les Frisés ont bombardé très fortement la position avant. Ils ont touché la cuisine et blessé un membre de la 3e Batterie. La batterie a eu une assez bonne journée.
11 avril 1918 -- Me suis occupé toute la journée de la pièce. Assez tranquille. Rien à signaler. Temps maussade.
12 avril 1918 --Me suis occupé de la pièce. Les Frisés ont bombardé la position avancée et détruit une pièce. Personne de blessé. Me suis couché tôt.
13 avril 1918 -- Avons reçu une fois de plus l’ordre de nous déplacer. Avons emballé le matériel de la pièce et la section droite est partie tout de suite relever une batterie de la RIA près de Roslincourt. Les positions de pièces sont assez bien et nous couchons dans un abri profond. De garde pendant la nuit de 1 h à 3 h. Me suis couché après. Les Frisés ont tiré pendant la nuit des obus à gaz et des obus explosifs.
14 avril 1918 -- Me suis levé vers 8 h 30. Ai mangé, me suis lavé, ai mis de l’ordre et me suis occupé ensuite de la pièce; ai installé un bivouac pendant l’après-midi et dormi au même endroit. Fort bombardement plus loin. Notre artillerie lourde est elle aussi très active.
15 avril 1918 -- Me suis occupé de la pièce; avons exécuté des tirs de détermination des corrections pendant l’après-midi. Journée très tranquille et très ennuyeuse. Me suis fait une tasse de cacao et me suis couché. Nous avons entendu tout l’après-midi et toute la nuit un fort mitraillage au sol.
16 avril 1918 -- Me suis levé à 8 h. Me suis occupé de la pièce et ai transporté des obus; avons tiré environ 80 obus. L’artilleur Wright a reçu plusieurs colis du pays et nous avons pris un bon petit dîner puis sommes allés au lit vers 21 h.
17 avril 1918 -- Me suis occupé de la pièce et ai transporté des munitions et des gargousses pendant la matinée. Suis allé prendre un bain pendant l’après-midi. Ai mangé un peu au bivouac; de garde pendant la première partie de la nuit; me suis couché vers minuit et demi.
18 avril 1918 -- Me suis levé vers 8 h. De corvée à la cuisine toute la journée. Ai fait ma part. Assez tranquille. Temps très froid, averses occasionnelles. Me suis couché à 21 h. Les Frisés ont bombardé une de nos positions de pièces avancées.
19 avril 1918 -- Me suis levé à 8 h. Ai mangé, me suis lavé et ai ensuite nettoyé la pièce et le trou. Les Frisés ont bombardé toute la journée une position avancée. Sur la crête, quelqu’un a été enterré. Nous pouvions entendre la musique jouer la marche funèbre et «Abide with Me» et le clairon jouer la dernière sonnerie. Il a neigé et plu toute la journée. Le colonel, le capitaine-adjudant et un major du 2e Bataillon ont été tués.
20 avril 1918 -- Me suis levé vers 8 h, ai fait du feu, me suis lavé et ai mangé. Suis allé au trou et ai nettoyé la pièce; l’après-midi, nous avons eu un exercice d’alerte aux gaz et sommes allés au dépôt du génie chercher des affiches. Les Frisés ont tiré des obus de gros calibre ici et là contre les positions de pièces et les routes, ils en ont tiré une centaine contre les positions. Seulement deux ou trois pertes : un mort et deux blessés. L’artillerie lourde a exécuté un tir de barrage intense toute la nuit. Me suis couché vers 22 h.
21 avril 1918 -- Me suis occupé du trou et de la pièce. Journée très tranquille. Pendant la nuit, l’artillerie lourde a exécuté un tir de barrage intense pour empêcher les Frisés de faire monter des troupes. Suis allé avec les vivres à la pièce avant. Me suis perdu mais ai trouvé la place après avoir erré ici et là pendant environ une heure.
22 avril 1918 -- De garde de 4 h à 5 h 30. Très tranquille. Ai nettoyé la pièce pendant mon tour de garde et me suis recouché jusqu’à 8 h 30. Me suis levé, ai mangé et ai flâné toute la matinée. L’après-midi, nous avons réparé un porte-voix qui reliait le trou à l’abri. Pendant la nuit, nous avons entendu un tir de barrage intense au nord. Me suis couché vers 21 h.
23 avril 1918 -- Journée assez tranquille. Me suis levé et ai mangé puis ai nettoyé la pièce. Ai réparé le porte-voix pendant la matinée. Les Frisés ont tiré des obus de gros calibre contre les positions avancées pendant la nuit. Ils ont aussi bombardé la route juste au-delà de l’endroit où nous dormons.
24 avril 1918 -- Me suis levé vers 7 h 30. Ai allumé le feu, me suis lavé et ai pris mon petit déjeuner : un morceau de bacon et une tranche de pain blanc trempé dans le jus du bacon. Le matin, me suis occupé de la pièce. De corvée à la cuisine dans l’après-midi. Pendant la nuit, il y a eu un bombardement intense sur notre droite. Une partie de notre bataillon impérial a exécuté un raid. L’artillerie a tiré toute la nuit. Il y a aussi eu un orage en soirée.
25 avril 1918 -- Autre journée tranquille. Me suis levé vers 8 h 30. Me suis lavé, ai mangé et ai nettoyé la pièce; ai passé la majeure partie de la matinée à flâner. Dans l’après-midi, nous avons tiré une dizaine d’obus contre notre objectif. Pendant la nuit, les pièces de 60 livres ont beaucoup tiré. Les Frisés ont répliqué, mais ils ont tiré seulement quelques obus contre notre position. Notre sous-section était de garde pendant la nuit. Plusieurs chars sont devant notre position.
26 avril 1918 -- Me suis levé à 5 h pour prendre mon tour de garde. Ai mangé, me suis lavé et rasé et ai passé la majeure partie de la matinée à flâner. En après-midi, ai marché jusqu’à la cantine du Y.M.C.A. à Acurie. Nuit plutôt tranquille. Me suis couché à 23 h.
27 avril 1918 -- Me suis levé vers 8 h. Ai mangé, nettoyé la pièce et me suis occupé du trou; journée vraiment pas fatigante. Les Frisés ont aussi été très tranquilles. Avons transporté des obus pendant la nuit en prévision d’un tir. Temps très maussade toute la journée.
28 avril 1918 -- Avons tiré 85 obus à partir d’une heure du matin environ. Un des bataillons est monté à l’assaut, couvert depuis l’arrière par des chars et un barrage d’artillerie. Les Frisés ont riposté à l’aide de mortiers de tranchée disposés sur la ligne de front. Ai pris mon petit déjeuner, suis allé au trou, ai nettoyé la pièce et ai passé la majeure partie de la journée à flâner. Suis allé à pied à la cantine dans l’après-midi. Notre artillerie lourde a exécuté pendant toute la nuit un tir de barrage intense.
29 avril 1918 -- Me suis levé à 7 h 30. Ai allumé le feu et fait un peu de gruau; ai passé la majorité de la journée à aider le cuisinier. Ai entendu dire en après-midi que nous allions au nord. Notre sous-section était de garde pendant la nuit. Ai mangé des pêches en conserve et me suis couché vers 22 h. Il pleuvait.
30 avril 1918 -- Me suis levé vers 3 h 30 pour prendre mon tour de garde et suis retourné au lit jusqu’à 8 h 30. Me suis levé et ai fait du gruau. Ai été de garde dans le trou du canon presque toute la matinée aux fins d’un exercice de tir. N’ai rien fait pendant l’après-midi et me suis couché vers 22 h.
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