Journal de guerre de 1918 du soldat Charles Robert Bottomley
1er août 1918 -- Avons été avertis d’emballer le matériel et de faire sortir les pièces de batterie. Avons été relevés par une batterie impériale à 21 h et pendant la nuit. Sommes arrivés au secteur des chevaux à Burnville vers minuit. Avons aussitôt pris le chemin de Sammiens. Sommes arrivés à Magnicourt vers 6 h.
2 août 1918 -- Arrivés à Magnicourt à 6 h. Avons détaché les pièces et mangé et nous sommes ensuite couchés jusqu’à midi. Il a plu toute la journée. Avons dormi encore un peu en après-midi. Avons dîné et nous sommes ensuite couchés jusqu’à 1 h la nuit suivante.
3 août 1918 -- Sommes partis prendre le train. Avons quitté le secteur des chevaux de Magnicourt à 3 h 30 et sommes montés dans le train à Benin Sef-O'Shell; les chevaux et les pièces étaient installés dans les wagons. Sommes arrivés de l’autre côté d’Amiens vers 21 h le même soir. Avons marché de nuit et sommes arrivés dans un grand fourré où nous avons établi le secteur des chevaux vers 6 h le dimanche matin.
4 août 1918 -- Tout le Corps canadien s’est installé dans la grande forêt et dans les fourrés. Me suis couché et me suis levé vers 16 h. Les conducteurs ont commencé à charger des munitions pendant la nuit. Beaucoup de circulation sur la route pendant la nuit.
5 août 1918 -- Me suis levé à 6 h. Ai travaillé dans le secteur des chevaux et ai préparé la pièce pour monter en ligne pendant la nuit. Beaucoup de chars sont montés en ligne, du plus gros au plus petit. Nos conducteurs ont recommencé à transporter des munitions et ils ont circulé toute la nuit ou presque.
6 août 1918 -- Me suis levé à 6 h; ai travaillé dans le secteur de l’unité. Ai rencontré Young, Judd et Jarvis en matinée. Suis monté à la position de la pièce avec le caporal Thackery. Des canons, des chars, tout ce qui est relié à la guerre montait en une chaîne sans fin. Ai aidé à décharger les chevaux de somme. Pendant la nuit, les Frisés ont pilonné les routes. Jack et moi avons passé la nuit sous un char.
7 août 1918 -- Ai fait toute la journée l’entretien de la pièce. Pendant la nuit, le reste de l’équipe de pièce est venu. Cinq d’entre nous avons dormi toute la nuit à découvert sous un char. Vers minuit, les Frisés ont commencé un bombardement plutôt intense; un obus est tombé près de l’endroit où nous dormions et nous avons tous été touchés. Foley, Ailes Johnson et Wright sont allés à l’arrière. Comme mes blessures étaient légères, je suis resté.
8 août 1918 -- Un tir de barrage a commencé vers 4 h 20; il s’est terminé à 6 h. Nos gars sont passés à l’assaut et ont fait fuir les Frisés. Nous les avons suivis en traversant le no man’s land. Ai vu les morts et les blessés. Nous devons avoir parcouru 8 milles avant de nous installer pour la nuit. Je suis plutôt vanné. Cashy.
9 août 1918 -- Me suis levé à 7 h, me suis lavé et rasé. Après le petit déjeuner, notre infanterie a attaqué une autre fois mais elle a été retenue dans un village et aux environs d’un verger. Les chars ont attaqué et délogé encore une fois les Boches. Nous nous sommes installés dans le verger et avons tiré quelques obus, avons avancé encore et nous sommes mis en batterie derrière un grand buisson. Nous avons tiré quelques obus puis avons arrêté. C’était très bien de voir la cavalerie et l’artillerie montée filer ça et là.
10 août 1918 -- Me suis levé à 6 h 30 à cause d’un branle-bas de combat pour tirer quelques obus et quelques salves. Aidée par les chars, l’infanterie a encore obligé les Boches à se déplacer. Le contingent canadien a été relevé par la 26e Division B & F, qui n’a pas laissé les Frisés s’arrêter. Nous avons reçu l’ordre de nous reposer quelques heures. La circulation a continué toute la journée vers l’avant. Pendant la nuit, les Frisés ont bombardé le secteur des véhicules et des chevaux.
11 août 1918 -- Ai dormi sous les avant-trains. Me suis levé à 7 h et ai flâné toute la journée. Les Frisés ont encore reculé pendant la journée. Pendant la nuit, ils ont repris le bombardement. Je me suis creusé un trou pour dormir à l’abri des éclats. J’ai passé une bonne nuit.
12 août 1918 -- Ai dormi dans un trou que je me suis creusé pour me protéger des bombardements allemands. L’artillerie et l’infanterie de la 12e Division ont encore passé la journée en réserve. Les Frisés ont encore bombardé notre position pendant la nuit.
13 août 1918 -- Me suis levé à 7 h. Ai flâné la majeure partie de la journée. Ai vu cinq avions boches descendre un des nôtres pendant l’après-midi; l’un des leurs a été descendu. Pendant la nuit, plusieurs gars sont montés avec des munitions. Percy Hinds, qui fait partie de notre équipe de pièce, y est allé aussi et il a été blessé. Encore un bombardement allemand.
14 août 1918 -- Ai flâné presque toute la journée. L’intensité de l’attaque a beaucoup diminué. Quelques duels d’artillerie occasionnels. Pendant la nuit, les obus allemands sont venus très près et la vie est devenue beaucoup moins agréable. Les Frisés ont dans la journée descendu un de nos avions.
15 août 1918 -- Me suis levé à 7 h. Les Frisés ont commencé à tirer ici et là avec une pièce navale très rapide. Ils ont tué ou blessé beaucoup de fantassins pendant la journée, de même que certains de nos mulets. Nous avons eu la frousse presque toute la journée. Pendant la nuit, l’ennemi a bombardé l’avant. Pendant le bombardement, le 10e Bataillon, directement devant nous, a subi 100 pertes.
16 août 1918 -- Me suis levé à 7 h. Ai flâné la majeure partie de la matinée. Avons quitté la position devant Foley et nous sommes déplacés sur notre droite. Sommes restés là environ une heure et avons eu l’ordre d’avancer encore une fois d’environ deux milles jusqu’aux anciennes lignes allemandes de 1915. L’odeur n’était pas très bonne avec tous les hommes et les chevaux morts aux environs de Parveillers.
17 août 1918 -- Me suis levé vers 4 h 30; avons tiré quelques obus. Les Frisés ont riposté avec leurs petites armes et des pièces navales de 4,2. Personne n’a été touché. Avons tiré quelques obus contre l’ennemi pendant la journée et pendant la nuit. Parveillers.
18 août 1918 -- Nous sommes encore une fois déplacés à 4 h 30 seulement quelques verges derrière les pièces avant. Nous sommes installés dans un abri allemand et avons trouvé un puits. Avons flâné et avons tiré quelques obus pour malmener les Frisés. Pendant la nuit, les pièces de 18 livres ont exécuté un tir de barrage incroyable.
19 août 1918 -- Me suis levé à 7 h. Ai dormi toute la nuit dans un trou. Avons tiré quelques obus pendant la journée; nous avons aussi approfondi le trou de notre pièce pour l’abaisser. L’artillerie lourde et les pièces de 18 livres ont toute la journée infligé toute une raclée aux Frisés. Pendant la nuit, l’ennemi a tiré des obus de gros calibre un peu partout. Je pense que personne n’a été touché.
20 août 1918 -- Me suis levé vers 7 h. Pendant la journée, nous avons tiré environ 200 obus par pièce. Pendant la nuit, des soldats français ont relevé l’infanterie. Les Frisés ont aussi bombardé l’arrière. Ai assez bien dormi dans ma planque. Nous sommes déplacés à Cayuix.
21 août 1918 -- L’artillerie française s’était avancée pendant la nuit et nous avions l’ordre de partir. Nous sommes partis vers 21 h 30 et les Frisés ont salué notre départ de quelques obus. Nous avons été sur la route jusqu’à 2 h, après quoi nous nous sommes installés dans des buissons qui étaient proches et nous sommes reposés jusqu’au lendemain. Bois Boyette.
22 août 1918 -- Me suis levé à 8 h. Ai mangé, me suis lavé et ai mis de l’ordre. Avons eu en gros une journée assez facile. Le soir, nous sommes partis à 21 h et nous avons circulé sur les routes jusque vers 10 h. Nous nous sommes installés près d’une ville appelée Domart. Tous les villages où nous sommes passés étaient totalement en ruines.
23 août 1918 -- Avons flâné toute la journée à Domart. Sommes partis en soirée et avons passé la nuit dans le bois Boyette.
24 août 1918 -- Avons passé la journée dans le bois Boyette. Journée assez facile. Avons dormi toute la nuit à la belle étoile. Avons beaucoup de mal à obtenir de l’eau par ici.
25 août 1918 -- Avons passé la journée dans le bois. Sommes partis en soirée et la brigade a marché jusqu’au point d’embarquement, proche de la voie principale d’Amiens. Pendant la marche, nous avons eu un orage et une assez forte pluie. Avons dormi toute la nuit sous la tente. Entrée de Prouzel.
26 août 1918 -- Me suis levé à 8 h et ai flâné jusqu’en après-midi. Nous avons commencé à charger les pièces, les avant-trains et les chevaux à 7 h sur la voie de garage. Sommes partis vers 22 h. Les Frisés ont bombardé la voie ferrée; ils n’ont absolument rien touché, mais leurs obus tombaient tout près. Tout semblait sauter dans les airs.
27 août 1918 -- Après avoir voyagé toute la nuit, nous sommes arrivés à Tincques et sommes restés environ deux heures dans un champ pour faire manger les chevaux et les troupes. Avons repris la route pour Dainville. Sommes arrivés là vers 17 h. Avons monté les tentes et avons passé une assez bonne nuit.
28 août 1918 -- Sommes partis de Dainville et la 1re Division est encore une fois entrée en action à droite d’Arras. Avons mis nos pièces en batterie et avons franchi le terrain que la 2e Division a pris aux Allemands. Ai creusé un trou dans le sol; ai assez bien dormi. Neville St Vaast.
29 août 1918 -- Me suis levé à 8 h. Ai mangé, me suis occupé de la pièce et ai préparé le matériel destiné à la ferraille. Des munitions sont arrivées pendant la nuit et les Frisés ont tiré près de l’endroit où nous dormions. Un obus est tombé près du bivouac et la secousse a éteint la bougie. Cherisy.
30 août 1918 -- Me suis levé à 4 h et le tir de barrage a commencé vers 4 h 30. Avons tiré un certain nombre d’obus fumigènes pour protéger les chars et l’infanterie. Notre infanterie a avancé de 1600 verges et a fait plusieurs prisonniers. Avons tiré plusieurs obus pendant la journée. Les Frisés ont riposté en tirant quelques obus et ont blessé quatre des membres de la 2e Division qui est devant nous. M Wancourt.
31 août 1918 -- Me suis levé en vue d’un exercice de tir vers 4 h 30. Les Frisés ont contre-attaqué, mais ils ont été repoussés. Avons fait quelques prisonniers. Tirs occasionnels pendant la journée. Nos conducteurs apportent des munitions à l’avant en vue d’une autre grande bagarre.
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