Les retours à la maison

Des héros se racontent

Les retours à la maison

Transcription

On a parlé du départ, est-ce qu’on peut parler du retour; vous avez vécu plusieurs fois le retour à la maison, comment ça se passe le retour à la maison? Le retour à la maison, ne sont pas toujours drôles. J’en ai eu des retours bons. J’ai eu un retour mauvais, une séparation. Une séparation que j’ai dû vivre là-bas. Je suis parti, j’avais une conjointe à ma deuxième mission, j’avais mon bébé et quand je suis parti, c’était clair que je devais me séparer. À mon retour, c’est un retour très difficile, parce que je me suis séparé la même soirée que je suis retourné. Au lieu d’arriver chez nous, je suis arrivé chez mes parents. C’est mes parents qui sont allés me recevoir. C’est ma famille qui sont allés me chercher à l’autobus. Parce qu’on est arrivés à Trenton et de Trenton à Montréal. Ils m’ont reçu avec des ballons, comme des vrais Latins, alors que les Canadiens ne sont pas comme ça. Tous mes compagnons étaient comme wow, c’est impressionnant comment ta famille te reçoit. Alors ça m’a appris beaucoup aussi sur ma famille, à quel point ils nous aiment. Je remercie l’Armée canadienne, parce qu’il y a du mauvais, mais il y a beaucoup de positif parce qu’on apprend à rencontrer aussi notre famille. Certains retours sont bons, agréables parce qu’on est en vie. Quand on met notre pied à terre, on respire, on dit merci. Dans mon cas à moi, je suis catholique, croyant, alors j’ai regardé au ciel et j’ai dit merci Seigneur d’être ici, en vie, sauf que deux semaines après, les difficultés commencent. On pense, on entend, on dort pas bien, on est agressif, on se pense invincible. On dirait que c’est un peu le sens contraire de l’histoire. On veut retourner à la maison, mais une fois qu’on est à la maison, on veut retourner en Afghanistan. Parce qu’on est quasiment plus bien là-bas, parce qu’on a moins de problèmes qu’à la maison. Quand on quitte le Canada, on se débarrasse de tous les problèmes : on ne paye plus de dettes, dans mon cas à moi, la conjointe payait les dettes, s’occupait de tous les problèmes. On revient et c’est les problèmes, plus tout ce qu’on a vécu. Nous, ce qu’on a besoin, c’est se faire écouter. Mais c’est pas tous les gens qui sont prêts à nous écouter. Il y a des gens qui réussissent, l’Armée nous donne le soutient mais ça dépend la personne. Moi, je suis une personne ouverte, mais je sais qu’il y a des compagnons à moi, ils sont pas tous extravertis, ils étaient introvertis et gardaient les émotions, mais ça, c’est pas la faute à l’Armée, c’est une question de personnalité. Dans mon cas à moi, une chance que je suis une personne extravertie.

Description

Monsieur Ibaceta-Carter explique comment le retour à la maison peut être bon mais aussi comment la réalité des tâches quotidiennes donne parfois le goût de retourner en mission.

Pedro Ibaceta-Carter

Monsieur Ibaceta-Carter est né à Santiago au Chili et sa famille a émigré au Canada. Il s’est enrôlé dans la réserve des Forces armées canadiennes comme cuisinier au milieu de la vingtaine. Il est ensuite devenu technicien en approvisionnement avec la force régulière. Porter l’uniforme a toujours été une grande source de fierté. Il a servi 13 ans avec les Forces armées canadiennes et a été déployé entre autres quatre fois en Afghanistan.

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