La guerre me touche pour la première fois

Des héros se racontent

La guerre me touche pour la première fois

Transcription

Au printemps '44, ils nous préparaient en fonction de vols au ras le sol pour aider les troupes, les soldats. Ça fait qu'ils ont extensionné notre cours d'un mois, deux semaines à Borden avec l'armée et puis deux semaines à Greenwood. Avec les types de l'armée, on a eu beaucoup de plaisir, puis ils nous ont donné des tours dans des blindés, puis faire tirer du canon; c'était bien le fun. Puis c'était amusant, ils nous montraient leur camouflage pour ne pas que les aviateurs les voient. Puis la dernière journée, on montait avec eux, puis fallait trouver les choses. Puis les remarques qu'on entendait des gars de l'armée : « Maudit que je ne ferais pas la guerre dans une affaire de même. » (rire) Bien, j'ai dit, moi, « Je la ferais pas avec ce beau blindé en bas, là. » En tous les cas, ça a fini encore en ricanant. Et puis un type qui avait gradué avec moi, qui avait eu ses ailes avec moi - puis avec qui, on s'était enrôlés, on avait fait tous le même trajet ensemble - il était devenu instructeur, lui, il était pas mal plus âgé que moi, lui était devenu instructeur puis il enseignait à Borden. Ça fait qu'une après-midi, je demande congé des gars de l'armée et je m'en vais au hangar de mon chum. Le flight commander dit : « Bien, il vient de partir avec un élève, si tu veux attendre à une heure, il va être ici. » Il me fait venir dans son bureau, une demi-heure après, il dit : « Ton chum vient de se tuer avec son élève. » Ça fait que, c'est la première fois là que réellement la guerre m'a touché de proche.

Description

M. Lord n'avait pas encore approché le front européen qu'un de ses amis mourait déjà.

André Lord

M. Lord est né à Richmond (Québec) le 14 septembre 1924. C'est là qu'il a grandi et étudié jusqu'à ce qu'il s'enrôle le jour de ses 18 ans en 1942. Il avait voulu s'enrôler avant, mais son âge l'en avait empêché. Il fit son instruction militaire de base à Lachine. On l'envoya ensuite au Tarmac Duty de Trenton puis à l'école préparatoire d'aviation numéro 1 de Toronto (Ontario). Il pilote son premier avion (un Fleet Finch) à Saint-Eugène (Ontario). Il reçoit son brevet de pilote (wings) à Moncton et devient immédiatement sous-lieutenant d'aviation. On l'entraîne ensuite sur des avions Hurricanes à Bagotville (Québec) avant de l'envoyer se préparer au vol à basse altitude à Greenwood (Nouvelle-Écosse) et à Borden (Ontario). C'est en formation à Greenwood qu'il s'écrasera pour la première fois. Il est envoyé outre-mer en avril 1944 à l'escadrille 438 de l'escadre canadienne de Typhoons sur le continent européen à Eindhoven (Hollande). Il a été en service de guerre pendant 7 mois avant de revenir au pays. De retour, il étudie un certain temps en ingénierie aéronautique à l'Université de Montréal avant de s'arrêter par manque de discipline. Il ouvre une bijouterie à Rouyn mais le projet échoue à cause de conditions économiques rendues difficiles par une grève de la mine Noranda. Il retourna ensuite à l'escadrille 438 en tant que pilote de fin de semaine.

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