Je me suis dit, tant qu'à être ici, je vais m'occuper pour que ça
passe plus vite. Ça fait que c'est ça que j'ai fait.
C'est que je m'occupais des scouts le dimanche,
je coupais les cheveux, je faisais ma job de supply.
En plus, j'étais coordonnatrice des centres d'hébergement pour
2500 enfants orphelins. Il y avait cinq centres,
des petits villages là, (Potleck - orthographe) - je ne me
souviens pas de tous les noms des villages.
Nous, qu'est-ce qu'on faisait, c'est qu'on allait dans chaque
village, puis il y avait comme des garderies avec des enfants.
On allait les visiter puis on leur apportait du soutien parce
qu'ils n'avaient rien. Il y en avait beaucoup là-dedans qui
étaient rendus orphelins, qui n'avaient plus de père,
plus de mère, ils n'avaient plus de frères et ils n'avaient plus
de soeurs. Les scouts étaient à peu près une vingtaine.
Puis à l'extérieur du camp, il y avait cinq endroits qu'on
faisait, puis il y en avait à peu près 2500 en tout.
Sur le camp avec les scouts, ils étaient de 10 ans à aller
jusqu'à 14 ans, puis en dehors du camp c'était à peu près de
2 ans et demi à aller jusqu'a 18 ans.
Puis c'était touchant parce que...
il y avait un gars qui travaillait avec moi, c'était un pilote,
puis il y avait une petite fille de 2 ans et demi qui était dans
un camp, puis elle parlait de Barney... Barney... le Barney là.
Puis là, tu sais, "I love you, you love me,
we are in the same family," tu sais.
En tout cas, elle chantait la chanson puis c'était tellement
beau de la voir. Elle était belle parce qu'eux autres ils avaient
du linge qui avait été donné par des Canadiens puis tout ça,
puis elle avait un beau petit manteau, c'était assez beau là.
Puis là, lui ce pilote-là, il avait des enfants,
puis un de ses enfants avait un Barney, puis il avait réussi à
convaincre son petit gars de l'envoyer pour lui donner,
puis on lui avait donné, c'était tellement beau là.
Tu sais, tu te disais, c'est rien que ça qu'elle avait là,
tu sais... elle n'avait plus de mère, elle n'avait plus de père;
c'était du monde qui s'occupait d'elle puis c'est ça qui m'avait
touché beaucoup là, tu sais, c'était touchant.
Ça fait que c'est tous des petits événements de même qui ont
fait que... ça n'a rien changé.
Puis, la journée que je suis partie, les petits enfants que
je m'occupais sont venus me porter des fleurs... puis là bien,
c'est ça. Je suis partie en hélicoptère puis je les voyais.
Je ne sais pas aujourd'hui ce qu'ils sont devenus.
Ça c'est, j'y pense quasiment à tous les jours.
Moi, il a fallu que je trouve des bénévoles pour venir m'aider
pour rencontrer les jeunes. Puis, je me souviens qu'il y avait
une de mes amies qui travaillait avec moi qui était venue une
fois, puis elle n'a jamais voulu revenir.
Puis il y a du monde qui ne voulait pas venir.
Ça fait que, tu sais, moi je suis allé,
mais je ne me doutais pas des conséquences que j'allais...
parce que moi je ne faisais pas ça pour les conséquences
qu'aujourd'hui que je vis avec là. Mais ces personnes-là,
moi j'en connais des personnes qui ont resté...
à tous les soirs ils ne sortaient pas du camp,
ils ne voulaient pas sortir du camp. Ils écrivaient des lettres,
ils faisaient leurs affaires puis ils ne parlaient pas à
personne, ils faisaient leurs petites jobs. Mais moi, c'est ça...
c'était ça une erreur. C'est une erreur que j'ai faite de...
mais c'est pas une erreur que j'ai faite - je ne sais pas si
vous comprenez ce que je veux dire - c'est que je me suis
donnée beaucoup... tu sais, j'ai été jugée par ma propre unité
parce que, tu sais, elle est tout le temps partie,
elle fait tout le temps ci, elle fait tout le temps ça.
J'ai été jugée face aux autres. Puis aujourd'hui,
j'en suis blessée de ça là. J'ai pas été appréciée pour ce que
j'ai fait là-bas. Ça là, ça m'a blessée plus que n'importe quoi.
Quand ton propre pays et ta propre unité n'apprécient pas ce
que tu fais. Tu sais j'ai été appréciée pour le travail
que je faisais, sauf que, quand est venu le temps de demander
des choses puis d'avoir une lettre de remerciement ou des
choses comme ça, ça m'a été refusé.
Tu sais, quand tu dis que ton propre pays...
tu es plus reconnue par des gens que tu aides là-bas,
que par ton propre pays, il y a un problème là;
il y a vraiment un problème là. Ça, ça m'a touchée ça aussi,
parce que tu dis... j'ai fait ça pour aider, pour l'image aussi,
tu sais, c'est pour m'aider moi, puis aussi pour dire, regarde,
au Canada, on est capable d'aider les enfants.
On est là puis on n'est pas juste là pour maintenir la paix,
on est là aussi pour aider les enfants qui ont de la misère et
on construit et tout ça, pour l'image du Canada,
sauf que c'est pas tout le monde qui pense ça.