Vous savez, quand vous êtes sur le front,
ça se passe tellement vite.
Moi je parle de moi-même là.
C'est que ça se passe tellement vite que toi tu vois quelque chose,
le copain à côté de toi il voit d'autre chose,
l'autre à ta droite il voit d'autre chose…
Tu peux pas toute voir ce qui ce passe.
Naturellement que les Allemands tiraient…
ils tiraient épouvantable...
Quand j'ai débarqué, j'ai vu un officier écossais
puis lui il fumait une cigarette, après un autre puis il fumait ça
avec un porte-cigarette.
Puis il se promenait sur la plage.
Moi, je me demande comment ça se fait que ce gars-là,
les Allemands l'ont pas descendu parce qu'il se promenait debout.
Là, l'officier écossais, il y avait un bateau de tanks
qui était échoué sur le bord de la plage.
Puis, dans le bateau, il y avait des hoses de pompiers,
ça c'était tout imbibé de dynamite,
c'était un genre de gélatine qu'ils appelait.
Puis l'officier a demandé des volontaires de sortir ces hoses-là,
parce que si l'artillerie, une bombe d'artillerie tombe là-dessus,
ça aurait faite un dégât épouvantable
parce qu'il y avait beaucoup de blessés dans ce bateau-là.
On a sorti ça, puis on a jeté ça à l'eau.
À 11 heures, le raid finissait à 11 heures.
Alors il y a un destroyer qui s'est en venu.
Je l'ai vu de mes yeux.
Ils ont descendu le drapeau Anglais du bateau, à moitié mât.
Tout le monde sur le bateau nous ont toutes faite salut.
Ils ont levé le drapeau,
puis tous les canons du destroyer a tiré dans Dieppe.
Puis le bateau s'est reculé et puis s'est en allé,
puis le raid venait de finir là.
Nous autres on était tout seul.
Alors l'officier écossais, à trois heures moins quart, il a dit…
Ah oui, lui il avait donné l'ordre aussi de "Loose Fire".
"Loose Fire" ça veut dire tu fais qu'est-ce que tu veux.
Puis plus tard, il avait dit, à trois heures moins quart : « Cease fire. »
Là les gars ont tous arrêté de tirer, même les Allemands.
Puis là, il dit : « Je veux avoir un volontaire. »
Puis il y a un volontaire qui est venu avec une carabine,
il a mis un mouchoir blanc après,
il a monté sur le bateau de tanks qui était ancré…
puis quand il es tarrivé en haut, les Allemands l'ont tiré.
Là il a demandé : «Est-ce qu'on a des prisonniers ? »
Fait que il ya un gars qui dit : « Oui, on a deux Allemands ici. »
Il dit : « Envoye-moi les…»
Il a envoyé les deux Allemands, il a donné la carabine, a monté en haut.
Puis là les Allemands ont arrêté tirer.
Là ils se sont envenus sur le bord de la plage, ils nous ont
fait signe d'enlever nos casques de fer, puis les mettre à terre.
Puis là on a pris nos prisonniers qui étaient blessés dans des couvertes,
ou pas de couvertes, pour les emmener avec nous autres.
On savait pas où on s'en allait là.
On a emporté ces couvertes-là avec des blessés.
Puis justement, on s'en allait en direction de l'hôpital de Dieppe.
Fait que, en arrivant dans l'hôpital de Dieppe,
il y avait une grand cour.
Dans la cour, il y avait les blessés, nous autres.
Là, il y a un docteur Allemand qui est sorti, puis il dit :
« Je veux avoir tel et tel grade de sang. »
Il y avait un de nos officiers qui était là, il dit :
« Nous autres on a pas ça dans l'Armée.
L'officier il dit :
J'ai pas le temps de prendre des prises de sang. »
Puis il est retourné, dans l'hôpital.
Je suis sûr et certain qu'il y a beaucoup de nos hommes,
dans la cour, même dans l'hôpital,
qui sont morts peut-être à cause du manque de sang.