« Épouvantable ! »

Des héros se racontent

« Épouvantable ! »

Transcription

Ç'a été épouvantable. Nous autres, on est arrivé là une nuit. On était supposé encore une fois avoir un, un groupe en avant, à la rivière. On est arrivé, y'avait personne. Mais nous autres, la maison… pas la maison, le terrain, c'était un terrain del abours, fait que y'a rien dessus. On était couché, pis dans maison y'avait, à notre droite y'avait une maison. Nous autres on savait que la maison était pleine d'Allemands. Ce qu'on savait pas par exemple, c'est qu'y'avaient rentré un tank dans'maison. Parce que en Italie y'a pas de plancher. Pis ils canardaient par le… par les châssis, par les châssis. Pis y'a un lieutenant qui décide de… un lieutenant de… décide d'aller en patrouille. Fait qu'on lui dit : « Lieutenant, faite attention, la maison est pleine d'Allemands. » Ouen. Y'est parti, mais ce qui est arrivé quand que les… quand, quand… (inaudible)… quand il s'est en allé vers la maison, la, la gang d'Allemands qu'y'avait en arrière là, on les voyait passer à la course par en… Cinq, six qui descendaient dans… y'avait des arbres pis un fossé là. Ils courraient là-dedans pis ils s'en allaient vers la maison. Là, moi je calcule qu'y'ont été pris entre ces deux groupes-là.Ils les ont retrouvés après. Y'étaient toutes couchés pis y'avaient toutes une balle dans'tête. Nous autres… c'est vrai qu'on a eu de la misère. Une place qu'on arrivait là, on a dit : « On est chanceux, y'a des tanks. » Y'avait onze tanks, t'étaient toutes détruits. Fait que… ça avait cogné pas mal.On a eu, nous autres, trente-quatre morts… pis soixante-quatre blessés dans, dans journée. Ça… c'était épouvantable.

Description

Après la Ligne gothique, un peu plus au nord, les Alliés durent déloger les Allemands de leurs positions le long de la rivière Marano. Le Royal 22e Régiment perdit plusieurs hommes lors de ce combat.

André Paul Mimeault

Originaire de la Gaspésie, André Paul Mimeault est né d’une famille modeste. Pour joindre les deux bouts, ses parents sont à la fois cultivateurs, bûcherons et pêcheurs. Il est le seul de sa famille et de son entourage à s’enrôler. Peu de temps après son enrôlement, il traverse l’Atlantique à bord de l’Île de France et passe quelques mois en Angleterre avant d’être envoyé au combat. Un convoi l’amène vers le camp de renfort d’Avellino, dans le sud de l’Italie. Il traverse toute l’Italie et prend part, entre autres, à la bataille de la Ligne gothique. Il traverse ensuite la France pour aller libérer les Pays-Bas. C’est là qu’il se trouve lors de la capitulation des Allemands. Il se porte volontaire pour servir dans le Pacifique, mais les Japonais capitulent avant qu’il puisse s’y rendre. À son retour au pays, il quitte l’armée pour des raisons salariales et devient bûcheron, mais il regrette sa décision et s’enrôle à nouveau sept ans plus tard. Il se porte volontaire pour la guerre de Corée qui se termine avant qu’il puisse y aller. À sa sortie des Forces, en 1974, il est adjudant.

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