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Le Canada se souvient - Édition 2011 - Page 3

Des nouvelles du front

Nous avons tous vu les correspondants de guerre à la télévision, effectuant la couverture des conflits armés partout dans le monde. Pendant la Première Guerre mondiale, les nouvelles arrivaient principalement par les journaux. Durant la Seconde Guerre mondiale, cependant, les nouvelles nous parvenaient régulièrement par la radio et les films d’actualité. Les nouvelles technologies d’aujourd’hui permettent la couverture en temps réel par satellite d’événements se produisant dans les zones de guerre.

Depuis que les journalistes ont couvert les zones de guerre, armés de leurs crayons, ils se sont placés en position de danger. Parfois, dans le feu de l’action, les journalistes deviennent aussi des victimes de guerre.

La voix des ténèbres

Lorne Greene en 1942.
Bibliothèque et Archives Canada PA-116178

Lorne Greene est né à Ottawa en 1915 de parents immigrants juifs russes. Il se joint à la Canadian Broadcasting Corporation en 1939 en tant qu’annonceur à la radio. Les auditeurs apprécient sa voix profonde, il devient donc rapidement leur principal lecteur de nouvelles, et on lui donne le surnom de « Voice of Canada » [la voix du Canada]. Peu après le début de la Seconde Guerre mondiale, on lui confère un nouveau surnom : « Voice of Doom » [la voix des ténèbres], car il doit lire les tristes nouvelles sur la guerre.

En 1942, pour remonter le moral des troupes qui partent outre-mer, le gouvernement met sur pied des unités de diffusion sur les bases canadiennes, et l’aide de Greene est sollicitée. Il s’enrôle dans le Corps royal canadien des magasins militaires en juin 1943 et demeure en service jusqu’en janvier 1944.

Après la guerre, il connaît une carrière florissante au cinéma, à la télévision et en musique. En 1969, il est fait Officier de l’Ordre du Canada. Il est décédé en 1987 puis honoré sur un timbre-poste canadien en 2006.

Le sacrifice ultime

Michelle Lang et le Général Walt Natynczyk en Afghanistan le jour de Noël 2009.
Photo gracieuseté de l’Honorable Gary Lunn

Michelle Lang avait été assignée à la couverture des efforts militaires canadiens en Afghanistan, au nom du Calgary Herald et du CanWest News Service. Le 30 décembre 2009, voulant obtenir des renseignements sur la reconstruction civile, elle est sortie du périmètre de sécurité avec une équipe de soldats et de travailleurs sociaux qui aidaient les Afghans à réparer les dommages causés par la guerre. Malheureusement, Michelle et quatre soldats ont été tués par une bombe en bordure de route au sud de la ville de Kandahar. Le décès de Lang à 34 ans, la première journaliste canadienne à perdre la vie en Afghanistan, a été ressenti fortement au pays et dans toutes les salles de nouvelles du monde entier.

Les corps de Lang et des quatre soldats ont été rapatriés au Canada et ont emprunté l'Autoroute des héros en l'honneur de leur sacrifice ultime.

Les journalistes qui risquent leur vie aux côtés des hommes et des femmes des Forces canadiennes ne doivent pas être oubliés.

Le correspondant de guerre qui devint premier ministre

René Lévesque en Corée, 1951.
Bibliothèque et Archives Canada C-077793

René Lévesque est né à Campbellton, au Nouveau-Brunswick, en 1922, puis a grandi à New Carlisle, au Québec. Il a étudié à l’Université Laval avant de devenir officier de liaison et correspondant de guerre en Europe pour l’armée américaine, au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Lévesque se joint à Radio-Canada International en 1946, puis il sert à nouveau comme correspondant de guerre durant la guerre de Corée.

Il refuse le poste de journaliste qu’on lui offre aux États-Unis et décide de rester au Québec où il anime une émission de télévision très populaire. Lévesque fait son entrée en politique plus tard et il devient le 23e premier ministre du Québec en 1976.

L’agent 50 en Chine

Bill Chong.
Photo gracieuseté du Chinese Canadian Military Museum

William « Bill » Chong est né à Vancouver en 1911. Lors d’une visite chez sa sœur à Hong Kong, il est fait prisonnier pendant l’offensive japonaise déclenchée en décembre 1941. Toutefois, il s’évade en Chine et se joint à l’organisme numéro 9 de renseignements militaires (MI9) de l’armée britannique. Connu sous le nom de code d’agent 50, il sert dans une unité du renseignement, dans des conditions extrêmement dangereuses et hostiles.

De 1942 à 1945, Chong parcourt la Chine seul, vêtu comme un paysan, échappant aux bandits et aux ennemis. Sa mission est de conduire les fugitifs des territoires occupés et de livrer des fournitures médicales. Son courage lui a valu la Médaille de l’Empire britannique.

Pour voir son entrevue et lire d’autres récits semblables

Finalement honoré

Le Soldat Jeremiah « Jerry » Jones
Domaine public

Pendant la Première Guerre mondiale, la plupart des Canadiens de race noire qui servaient dans l’armée étaient affectés à des rôles de soutien derrière les lignes de front. Un de ceux à avoir participé au combat était Jeremiah Jones de Truro, en Nouvelle-Écosse. Il s’est enrôlé en juin 1916. Âgé de plus de 50 ans, il avait dû mentir à propos de son âge pour pouvoir joindre l’armée.

Au cours de la célèbre bataille de la crête de Vimy, Jones a attaqué une position de mitrailleuse allemande à lui seul. Il a escorté les soldats survivants en leur faisant transporter leur lourde mitrailleuse jusqu’aux lignes alliées. Impressionné par son courage, son commandant a affirmé alors qu’il le recommanderait pour la Médaille de conduite distinguée, la deuxième plus importante reconnaissance pour bravoure militaire après la Croix de Victoria. Blessé à Vimy puis à Passchendaele, Jones a été libéré du service à Halifax, en 1918.

Décédé en 1950, Jones n’a jamais reçu la médaille. Après des années de pression du public, Jones s’est vu décerner à titre posthume le « Médaillon des Forces canadiennes pour service distingué » lors d’une grande cérémonie en 2010. Jeremiah Jones a finalement obtenu la reconnaissance officielle qu’il méritait à juste titre.

Pour en apprendre davantage sur les réalisations des Canadiens de race noire en temps de guerre

Une contribution majeure

Léo Major (à droite) en Corée.
Photo gracieuseté de Jocelyn Major

Léo Major, originaire de Montréal, s’enrôle en 1940, à l’âge de 19 ans. Il prend d’abord part au combat en France, lors du jour J, avec le Régiment de la Chaudière. Le jour même, il aide à capturer un blindé allemand. Quelques jours plus tard, Major perd son œil gauche au cours d’un affrontement, mais il refuse de retourner au Canada.

Pendant la bataille de l’Escaut à l’automne 1944, il capture 93 prisonniers, mais décline une décoration pour bravoure qu’on veut lui remettre. Les 13 et 14 avril 1945, Léo Major libère à lui seul la ville de Zwolle, aux Pays-Bas, de l’occupation allemande. Il réussit à berner les Allemands en lançant des grenades et en tirant avec sa mitrailleuse pour leur faire croire qu’une attaque importante vient d’être déclenchée. Cette action lui vaut sa première Médaille de conduite distinguée (D.C.M.).

Major se porte à nouveau volontaire durant la guerre de Corée. En novembre 1951, il dirige un peloton qui réussit à repousser une attaque ennemie massive sur la cote 355, ce qui lui a valu sa deuxième D.C.M. Léo Major est le seul soldat à avoir reçu une D.C.M. au cours de deux guerres différentes.

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