Le Canada se souvient - Édition 2019 - Page 3
Trois visages de liberté
Les Canadiens ont servi avec beaucoup de courage pendant la Seconde Guerre mondiale. Voici trois de ces braves ayant reçu la Croix de Victoria (VC) : la plus haute distinction pour bravoure militaire.
Le sous-lieutenant d’aviation Andrew Mynarski du Manitoba faisait partie de l’équipage d’un bombardier Lancaster qui a été attaqué au-dessus de la France occupée dans la nuit du 12 au 13 juin 1944. Le pilote a ordonné à son équipage de sauter en parachute pour évacuer l’avion en flammes, mais Andrew Mynarski a vu que le mitrailleur de queue Pat Brophy était coincé. Il a essayé de l’aider à se dégager, sans pouvoir y parvenir. Brophy lui a donc ordonné de se sauver lui-même. À regret, Mynarski a fait le salut militaire à son ami et a sauté de l’appareil, ses vêtements en feu. Miraculeusement, Brophy a survécu à l’écrasement, mais en raison de ses brûlures sévères, Mynarski succomba à ses blessures. Il a donné sa vie pour porter secours à son ami et a reçu la Croix de Victoria à titre posthume.
Des dizaines de milliers de Canadiens ont combattu en Normandie, en France, à l’été 1944. Ils ont tous été courageux, mais le major David Currie, de la Saskatchewan, s’est démarqué. Le 18 août 1944, il a mené une attaque contre un village dans la poche de Falaise, face à la résistance acharnée des chars, des canons et des soldats ennemis. La conduite du major Currie et sa bravoure au combat ont donné un excellent exemple à ceux qui étaient sous son commandement alors qu’il encourageait ses hommes. Pour son grand leadership dans le feu de l’action, il a reçu la Croix de Victoria.
Apparemment, le sergent Ernest « Smokey » Smith de la Colombie- Britannique était audacieux. Il a eu l’occasion de le démontrer en Italie occupée par les Allemands les 21 et 22 octobre 1944, lorsque sa position a essuyé un feu nourri pendant une attaque ennemie. Utilisant toutes les armes sur lesquelles il a pu mettre la main au coeur de la bataille, Ernest Smith a détruit à lui seul un char allemand, tué des soldats qui attaquaient, aidé un ami blessé à se mettre à l’abri, puis est revenu pour garder la route jusqu’à ce que les renforts arrivent. Sa persévérance et son dévouement au devoir lui ont valu la Croix de Victoria.
Câlins de guérison
Cette année marque le 25e anniversaire du génocide rwandais de 1994, l’un des événements les plus horribles du 20e siècle. Jusqu’à un million de personnes ont été massacrées dans ce pays africain en seulement 100 jours.
Des membres des Forces armées canadiennes ont servi au Rwanda et le fait d’avoir été témoins d’une telle brutalité a eu un impact profond et durable. Sammy Sampson a été l’un des premiers soldats à arriver dans la région après le génocide. Voyant tant d’enfants affamés et souffrants, M. Sampson et ses camarades soldats voulaient plus que tout les soutenir, et ils ont aidé à établir un orphelinat local.
Passer du temps avec ces enfants a donné à ces Canadiens un peu de réconfort au milieu du chaos. Un enfant, dont personne ne connaissait le nom, a été attiré par Sammy Sampson, serrant la jambe du soldat la première fois qu’il l’a rencontré. M. Sampson et le garçon ont établi un lien si profond que l’orphelinat Câlins de guérison l’a appelé Sammy. La mission de Sammy Sampson a pris fin, mais le Rwanda est resté un endroit troublé.
Des années plus tard, les souvenirs du Rwanda continuaient de hanter Sammy Sampson, et il craignait que les enfants de l’orphelinat n’aient pas survécu. Imaginez son soulagement d’apprendre que le petit Sammy était vivant et en bonne santé! Aujourd’hui adulte, Sammy Tuyishime vit toujours au Rwanda et a pu communiquer avec Sammy Sampson grâce aux médias sociaux. Les deux étaient déterminés à se rencontrer en personne, et ils l’ont fait à Ottawa en juin 2018.
La reine du Hurricane
Des dizaines de milliers de Canadiennes ont répondu à l’appel pour travailler dans les usines pendant la Seconde Guerre mondiale, à une époque où les femmes n’étaient pas encore autorisées à servir au combat. Elles ont contribué à l’effort de guerre en faisant croître la production industrielle de notre pays, permettant ainsi à plus d’hommes de combattre outre-mer. Cependant, peu de femmes ont participé comme Elsie MacGill l’a fait!
Elsie MacGill est née à Vancouver, en Colombie-Britannique, en 1905. Elle a été remarquable à bien des égards, devenant la première femme à obtenir un diplôme en génie électrique au Canada et, plus tard, la première femme conceptrice d’aéronefs au monde. Elle est surtout connue pour son travail pendant la Seconde Guerre mondiale en tant qu’ingénieure en chef de l’aéronautique qui supervisait la production des avions de chasse Hawker Hurricane dans une usine à Fort William, en Ontario. Ses efforts ont valu à MacGill le surnom de « Reine du Hurricane ».
Elsie MacGill a reçu de nombreuses récompenses, dont l’Ordre du Canada, et elle a été déclarée Personne d’importance historique nationale en 2007. Elle a ouvert la voie à de nombreuses femmes, en les inspirant et en leur montrant que tout objectif peut être atteint grâce au travail acharné et à la détermination.
Donner au suivant
Shangary Satgunanathan est née au Sri Lanka. Une guerre civile a ravagé son pays pendant son enfance et sa famille a subi des bombardements réguliers qui l’ont forcée à fuir les attaques. Finalement, une partie de la famille de Shangary a immigré au Canada lorsqu’elle était adolescente. La famille s’est installée à Toronto pour un nouveau départ.
Le sens de l’aventure de Shangary l’a amenée à se joindre à la Réserve de l’Armée canadienne. Des années plus tard, elle a servi dans un hôpital militaire en Afghanistan avec les Forces armées canadiennes. Elle a été témoin de nombreuses blessures de guerre et a connu la dure réalité que certains individus ne survivent pas.
Shangary a pris sa retraite de l’armée, mais son service en uniforme a été gratifiant parce qu’elle a acquis de nouvelles connaissances sur l’histoire de notre pays et les sacrifices qui ont été faits pour garantir la liberté du Canada. En s’enrôlant dans les Forces armées canadiennes, Shangary a également eu l’occasion de redonner à sa nation adoptive et de remercier ceux et celles qui ont servi avant elle.
Le navire « le plus belliqueux » du Canada
Le NCSM Haida était un destroyer de la Marine royale du Canada qui a servi de façon impressionnante entre 1943 et 1963. Baptisé de la sorte en l’honneur de la Première Nation Haïda, ce puissant navire de guerre protégeait les convois de ravitaillement des attaques ennemies dans l’Atlantique Nord pendant la Seconde Guerre mondiale. En prévision du jour J, le NCSM Haida a patrouillé la Manche pour aider à dégager les navires ennemis afin que les troupes alliées puissent effectuer le débarquement du 6 juin 1944. Pendant la guerre de Corée, le destroyer a joué un rôle important dans la protection de la flotte des Nations Unies, bloquant les lignes de ravitaillement ennemies et détruisant même les trains ennemis sur les voies longeant la côte. Le NCSM Haida, qui a coulé plus de navires que tout autre vaisseau de la Marine royale du Canada, a gagné le surnom de navire « le plus belliqueux » du Canada.
Cette pièce importante de l’histoire militaire de notre pays aurait pu être transformée en ferraille si un petit groupe de Toronto n’avait pas acheté le navire désaffecté pour 20 000 $. Les Canadiens peuvent maintenant visiter les ponts, le carré des officiers, la salle des machines et le mess du dernier destroyer de classe Tribal dans le monde, au lieu historique national du Canada du NCSM Haida à Hamilton, en Ontario.
Le saviez-vous?
La Première Guerre mondiale a éclaté il y a 105 ans, le 4 août 1914. Plus de 650 000 Canadiens ont servi dans ce conflit sanglant qui s’est finalement terminé par une victoire à la signature d’un armistice le 11 novembre 1918.
Les réalisations impressionnantes du Canada ont aidé notre pays à gagner un nouveau respect sur la scène internationale, mais le prix à payer a été élevé, plus de 66 000 de nos hommes et femmes en uniforme ayant perdu la vie.
- Date de modification :